Les Fdlr désarment : pragmatisme économique et réalisme politique dans la région

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 25 novembre 2014 à 03:00

Les combattants Fdlr viennent de déclarer qu’ils vont adhérer au projet de désarmement volontaire et de rejoindre le camp de regroupement de Kisangani prévu à cet effet. Cependant cela n’est pas sans poser des conditions d’un dialogue préalable avec le gouvernement rwandais.
Apparemment, le Porte parole de ces Fdlr, Fils Bazeye Laforge semble le dire avec une certaine timidité comme si lui non plus ne croit pas en la possibilité de cette option.
« Ce qui nous préoccupe, (ce n’est pas de nous (...)

Les combattants Fdlr viennent de déclarer qu’ils vont adhérer au projet de désarmement volontaire et de rejoindre le camp de regroupement de Kisangani prévu à cet effet. Cependant cela n’est pas sans poser des conditions d’un dialogue préalable avec le gouvernement rwandais.

Apparemment, le Porte parole de ces Fdlr, Fils Bazeye Laforge semble le dire avec une certaine timidité comme si lui non plus ne croit pas en la possibilité de cette option.

« Ce qui nous préoccupe, (ce n’est pas de nous conformer à la date butoire de désarmement du 2 janvier 2015), c’est l’ouverture politique à Kigali afin que nous puissions rentrer chez nous. C’est tout, et c’est ce qui est fondamental », a-t-il confié au correspondant de la RFI dans l’Est de la RDC sans toutefois préciser ce qu’il entendait par ’ouverture politique’.

La même radio internationale RFI doit avoir ratissé tous les patelins de l’Est de la RDC, de Kanyabayonga au Nord Kivu à Walungu au Sud où les FDLR opèrent et ont leurs Quartiers Généraux.

Une Communauté internationale décidée à faire taire les armes en Afrique des Grands Lacs ?

« A partir du 26 [novembre], le mouvement va commencer vers Kisangani. Donc les effectifs qui sont déjà à Walungu et Kanyabayonga vont être tous acheminés vers Kisangani. Après, comme il est mentionné dans la lettre lue par notre président, après le mouvement vers Kisangani, on va acheminer les autres combattants [restants] vers les deux centres [de transit] de Walungu et Kanyabayonga. », a ajouté ce porte-parole qui semble douter de la capacité d’accueil du Camp de Kisangani devant accueillir tous les combattants des Fdlr et leurs familles.

Pression sur les protecteurs occidentaux ?

Des observateurs politiques apprécient cette soudaine disposition des Fdlr à déposer les armes par le fait que la Communauté internationale tient à visiter ses stratégies en Afrique des Grands Lacs. La tendance est plus focalisée sur des éclaircies rétablissant la paix, la stabilité sécuritaire et un développement de la région nécessaires à la coopération inégale Nord-Sud, aux juteuses affaires commerciales et de développement autrement plus profitables à cet Occident.

Est-il question de renverser les tendances ?

Non ! Plutôt un réaménagement de géostratégies pour un environnement propice aux affaires lucratives. Parlant de l’évolution des relations franco rwandaises ui ont longtemps évolué en dents de scie dans les années écoulées de par les faits parfaitement documentés (appui militaire à la Garde présidentielle et aux jeunesses Interahamwe, exfiltration des organisateurs et aux cerveaux du génocide des Tutsi...) montrant un rôle particulièrement actif dans la préparation et commission de ce génocide, un observateur attentif de la géopolitique de la région, Gasana Ndoba, ancien Président de la Commission Rwandaise des Droits de l’Homme, trouve que les choses évoluent positivement.

"La France officielle d’aujourd’hui est multiple contrairement à celle de Mitterrand qui mettait dans la même complicité les hommes politiques de droite et celles de gauche. Tout est clair. La France actuelle veut une sortie ou un retour honorable sur la scène internationale. Elle ne veut plus être fichée comme protégeant les héritiers de l’ancien régime", a déclaré Gasana Ndoba montrant qu’en quelque sorte, la carte Fdlr peut ne pas bien servir les intérêts français actuels dans cette Afrique-ci qui bouge politiquement avec possibilités de respect des constitutions nationales des pays.

Tendances au pragmatisme économique et réalisme politique

"Les tendances du monde actuel affichent des défis économiques et de modernisation qui doivent être solutionnés très rapidement afin de maximiser des profits immédiats", a indiqué l’intellectuel rappelant que pour les puissances économiques ou pays en développement, les vertus de tolérance et de dialogue doivent prévaloir à la violence.

Les Fdlr qui se résolvent au désarmement ne peuvent qu’entrer dans cette logique. Gasana recommande néanmoins qu’il faudra nécessairement dépasser les divisionnismes tribaux et encourager la classe politique rwandaise à tirer les leçons du passé et être responsable des actes qu’elle pose.

"Il faudra approfondir les apprentissages de la démocratie et accroître la capacité d’écoute des uns et des autres", a-t-il ajouté comme une invite aux tenants du régime actuel et à leurs opposants politiques, chaque partie de son côté, à créer un climat propice au retour d’un climat viable de libre et responsable compétition politique qui passe par "le retour des dissidents politiques dans le pays, ceux-ci devant être armés d’une vertu principale, celle de la flexibilité".


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