Les transes de la Démocratie au Burundi, impact sur arènes politiques de la région

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 24 mars 2014 à 04:35

Au Burundi les partis de l’opposition craignent voir l’irréparable ; voir l’actuel Président Pierre Nkurunziza et son parti CNDD-FDD réviser certains articles des Accords d’Arusha qui gouvernement ce pays, cette coalition donne des coups de pieds ici et là pour prévenir cette catastrophe dictatoriale.
Les manifestations qu’elle organise sont dispersées à coup de gaz lacrymogènes et quelque fois de coups de feu à balles réelles. Des cas récents de manifestations du Parti UPRONA en guise de protestation (...)

Au Burundi les partis de l’opposition craignent voir l’irréparable ; voir l’actuel Président Pierre Nkurunziza et son parti CNDD-FDD réviser certains articles des Accords d’Arusha qui gouvernement ce pays, cette coalition donne des coups de pieds ici et là pour prévenir cette catastrophe dictatoriale.

Les manifestations qu’elle organise sont dispersées à coup de gaz lacrymogènes et quelque fois de coups de feu à balles réelles. Des cas récents de manifestations du Parti UPRONA en guise de protestation de l’imposition par le pouvoir d’une aile pro FDD, suivi de celles de l’UFB (Union des Femmes Burundaises) proche de l’UPRONA le 8 mars dernier et surtout, le même jour, les manif des jeunes du MSD (Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie) d’Alexis Sinduhije dispersées avec l’usage de force excessive de la part des forces de l’ordre ont jeté l’émoi parmi les observateurs politiques de la région qui commençaient à louer le modèle démocratique burundais.

Pourtant plus tard, on verra que même dans le parti présidentiel, certaines voix parlementaires s’opposeront au chambardement de la Constitution pour permettre un troisième mandat à l’actuel Président Pierre Nkurunziza et pour que le vote des lois soit fait à la majorité simple. Le camouflet montre que la culture démocratique burundaise suit une bonne trajectoire.

Emblème du CNDD-FDD
Le Burundi ne se presse pas de prendre de fortes allures de développement économique quand la classe politique burundaise n’est pas encore tassée. Il entend mouler les acteurs politiques burundais dans des repères de gouvernance clairs de la société avant d’attaquer les chantiers économiques où une société civile consciente des destinées du pays continueront leurs prestations de garde-fou des institutions publiques traçant ainsi une ligne à ne pas dépasser et prête à sonner l’alarme quand un acteur politique de l’opposition ou du gouvernement tenter de dépasser la ligne.

Au moment où l’intolérance règne en maître incontesté au Rwanda entre une opposition politique essentiellement de la diaspora qui ne trouve pas impossible, en cas d’épuisement d’autres avenues de dialogue interrwandais inclusif, un recours à la force pour peser dans la balance politique avec un Gouvernement actuel qui n’est pas du tout content de voir que ce sont les personnalités de cette opposition sur qui pèsent de lourds soupçons de crimes de génocide qui tempêtent le plus dans cette cacophonie commanditée par de forts lobbies occidentaux ; les Barundi, eux, ne font jamais de l’opposition politique à l’étranger. Ils sont conscients qu’ils doivent financer eux-mêmes leurs partis politiques pour ne pas tomber dans la dépendance idéologique étrangère.

On comprend dès lors deux démarches politiques différentes dans les deux pays frères siamois avec un nationalisme farouche alimenté par un capitalisme à visage humain et une tolérance politique d’autrui là-bas et une option de développement économique fulgurant qui se prolonge d’une volonté politique obsessionnelle faisant en sorte que les changements sociaux profonds entraînent le citoyen rwandais fusse-t-il le plus pauvre à adopter une nouvelle mentalité dans la productivité sociale, quitte à comprendre plus tard le fait politique et la prise en main responsable de ses libertés politiques et son droit d’expression ou d’association.
Un politicien burundais facilement conciliant

Le programme IMVO N’IMVANO de ce 15 mars 14 réunit dans un débat Hon. Léonce Ngendakumana, Président de l’ADC Ikibiri (Alliance des Démocrates pour le Changement), Onésime Nduwimana, Porte parole du CNDD-FDD (Congrès National pour la Défense de la Démocratie) et Abbé Désiré Yamuremye, un analyste politique burundais. Le débat en question se penche sur les ratés dans la démocratie burundaise. Le journaliste de la BBC part d’une lettre écrite par l’ADC Ikibiri au Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki Moon qui lance une alerte qu’ un génocide est vite arrivé au Burundi où, d’après la lettre, il règne une animosité hors normes entre familles politiques locales.

« Ce n’est pas la première que nous venons d’écrire, celle-là du 6 février 2014. Nous en avons écrit d’autres à tous les dirigeants des hautes institutions nationales pour leur montrer que les principes démocratiques signés à Arusha qui doivent nous conduire à la stabilité… les partis brandissant leurs programmes et idées politiques pour se faire apprécier par les électeurs…

Nous avons écrit au Président du Pays lui montrant que la situation sécuritaire précaire faite corruption vorace généralisée, une justice partiale, certains dirigeants qui s’enrichissent de façon fulgurante de biens mal acquis, les Accords d’Arusha violés, violences physiques sur des opposants politiques, des corps jetés dans des rivières…nous lui mettions en garde contre les signes avant-coureurs qui montrent l’imminence d’un génocide au Burundi autant qu’il est survenu au Rwanda.

En effet, au Rwanda, tout, en 1993-1994, se faisait pour que les Accords d’Arusha ne soient pas mis en application. Un député CDR avancé délibérément par Juvénal Habyarimana, le président d’alors, pour créer un blocage institutionnel, une radio incendiaire RTLM autant qu’il en existe ici, les Interahamwe au Rwanda et ici, actuellement les Imbonerakure. Ce que font les Imbonerakure c’est exactement ce qui se faisait avec les Interahamwe », a dit Léonce dont la parole venait par à-coup comme si elle l’étranglait, histoire de montrer qu’il contenait difficilement sa colère pour se forcer à la courtoisie nécessaire dans un débat difficile entre hommes civilisés.

Après plusieurs flèches piquant son adversaire, Onésime Nduwimana va concéder avec une force de caractère rare que certains Imbonérakure, jeunesses du parti au Pouvoir à Bujumbura.

« Si quelqu’un est coupable de tels débordements, moi, en tant que porte-parole du parti, je lui recommanderais dorénavant des sanctions exemplaires », a dit Onésime Nduwimana après que l’Abbé Yamuremye ait, lui aussi, exprimé ses inquiétudes sur le comportement plus que belliqueux de cette Jeunesse IMBONERAKURE du FDD, des disparitions inexpliquées et des assassinats ciblés pour lesquels la justice burundaise reste inactive au point que ces exactions sont qualifiées d’atteintes et graves violations des droits humains.

Emblème du parti UPRONA qui s’est scindé en deux factions, la main du parti au pouvoir y est-elle pour quelque chose ?

Profil bas mais serein conseillé à l’opposition

Mais l’abbé Yamuremye, analyste doublé d’éducateur politique, donne à l’opposition une recette qui fait mouche à tous les coups et qui lui permet d’arriver à ses fins :

« Je crois qu’il ne sied pas à l’opposition africaine de tomber dans le piège du parti au pouvoir qui épie ses activités politiques pour, à la moindre incartade, les casser. L’opposition a tout intérêt à être sereine, à ne pas céder à l’usage de la violence toutes les fois qu’elle est acculée par le pouvoir à le faire.

Génocide possible au Burundi ? Non ! Par contre dans cette lettre de ADC Ikibiri, il transparaît une colère mal maîtrisée de la part de l’opposition politique burundaise. (...)

Cette lettre est une invitation aux acteurs burundais à tempérer les élans de certains politiciens dont les intérêts égocentriques priment à ceux de la Nation…",

a dit Yamuremye tentant de décrisper les deux tendances en présence au point que le Porte-parole des FDD Bagumyabanga a décidé et recommandé solennellement des sanctions sévères aux Imbonerakure qui s’adonneront à des initiatives non concertées menant à la violence.

Au Rwanda voisin, le discours est rarement conciliant

Si le Rwanda sert de modèle de gestion stricte de la chose sociale, de lutte contre la corruption et contre les injustices ; si le Rwanda fait des pas de géant dans le changement des conditions de vie et de mentalités et mœurs sociales de ses citoyens, il tente d’enrayer toutes les poches d’économie de subsistance et d’introduire la culture populaire de l’impôt pour une large assiette fiscale, le Burundi y va lentement, très lentement même.

Il veut d’abord baliser la question du respect de la libre expression démocratique. Il éprouvera nécessairement de sérieux handicaps insurmontables car il y aura toujours des classes d’analphabètes qui confondront toujours, comme en Afrique du Sud de l‘après Apartheid, la vraie nature idéologique de la démocratie qu’il est entrain de vivre. Pour cette catégorie nombreuse de Barundi, l’exercice du pouvoir est sentimentalement ethnique avant de voir la qualité intrinsèque du leader intègre et progressiste.

Le Parti RDI (Rwanda Dream Initiative) de l’ancien Premier ministre rwandais Faustin Twagiramungu. Tourné vers l’Occident dispensateur de soutien idéologique et de financement.

Dans tous les cas, le pacifisme des Barundi favorable à la tolérance d’autrui fait la cohésion des institutions sociales du pays. L’opposition sait tempérer ses sentiments de révolte pour ne pas perdre la petite parcelle de pouvoir qu’elle détient. Pourront-ils ces acteurs burundais servir d’exemple aux Twagiramungu qui acceptent les financements de leurs partis généreusement offerts par des puissances et lobbies occidentaux, créant ainsi un rejet des gouvernementaux en place à Kigali pour avoir violé l’article du code d’éthique du politicien qui veut que tout financement de parti soit interne ?

Le Camouflet du FDD

Dans tous les cas les Barundi montrent qu’ils tiennent à leur culture démocratique. Ainsi dans sa quête pour la révision de la Constitution burundaise, force est de constater que le projet y relatif soumis à l’Assemblée Nationale Burundaise forte de 81 députés FDD contre 5 du FRODEBU, 17 de l’UPRONA et 3 Batwa, les 4 cinquièmes des votants ne sont pas atteints pour permettre au Président de se reconduire au Pouvoir pour l’année prochaine. Il lui a manqué une voix en ce 22 mars 2014, donnant ainsi au Parlement burundais une aura qui fera date dans les annales des Parlements de cette Afrique Centrale et de l’Est au point qu’il pourra influencer des décisions similaires passées aux Parlements de la région.


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