Aujourd’hui c’est sûrement pour certains d’entre nous le jour le plus long et le plus noir. Certains seront même étonnés et d’autres énervés par mes propos.

Un rêve vient de se briser !

Pendant que nous disposions d’une armée dont la réputation s’était confirmée sur le front et d’une direction politique déterminée à rationaliser la dictature de la majorité en défendant la vérité contre tous, les forces du mal, celles qui ont jadis joué au sort notre destinée à la conférence de Berlin et nous ont soumis à la plus monstrueuse colonisation, celles qui ont tué dans l’oeuf notre élan démocratique au lendemain de l’accession de notre pays à l’indépendance par l’assassinat de Lumumba, celles qui ont fabriqué Mobutu et l’ont aidé à nous maintenir sous une dictature avillissante pendant trente années, ces forces là se sont de nouveau coalisées pour une fois de plus nous renier le droit à une gouvernance digne comme il y en a sous d’autres cieux.

Sous le prétexte de protection des populations civiles, les Nations Unies sont revenues au Congo faire la guerre et se rendre complices des massacres des congolais par un pouvoir qui, malgré une parodie d’élections,marche inéluctablement sur les traces de Mobutu.

Au lieu de protéger les congolais,les Nations unies ont résolu de venir à la rescousse d’un régime. Comme en ce jour de 1961 où Lumumba a été arrêté et ensuite assassiné sous la barbe des troupes des Nations unies, aujourd’hui encore, une autre page noire de l’histoire de la RD Congo vient de s’ouvrir.

Il faudra attendre la fin du régime Kabila pour faire le compte et établir les responsabilités.
Pendant que certains compatriotes inconscients de ce qui leur arrive applaudissent « la montée en puissance des fardc », soyons fiers d’avoir, pour notre part, décidé de conjurer la fatalité en essayant de nous approprier de notre destin et à affirmer notre droit inaliénable à une bonne gouvernance.

Honte à ceux qui, hier, soutenaient à chaque tribune que nous étions au service du Rwanda. Parcequ’ils ne se sont pas génés de demander au même Rwanda de ne pas intervenir alors que de leur avis,ce pays est à nos côté depuis le début de la guerre et son armée présente sur tous les fronts.

Honte à ceux qui s’attribuent une victoire militaire leur offerte non par la puissance de feu mais par notre refus de combattre parce que nous étions et sommes résolument engagés dans la recherche d’une solution pacifique et durable par le dialogue.

Hommes de parole, notre leadership avait opté pour la force des arguments pour faire entendre notre cause plutôt que sur l’argument de la force. En plus, la dignité du congolais et l’image de notre pays nous interdisaient de tirer et de tuer les soldats des nations unies même détournés de leur mission.

Le choix a été difficile à faire et surtout à assumer. Mais grâce à un leadership clairvoyant, le choix a été fait et collectivement nous devons l’assumer. Ce que nous perdons individuellement, nous le gagnons collectivement en sacrifiant nos propres intérêts pour le bien de tous. Parce que l’objectif de notre lutte est et reste la restauration de la dignité de la RD Congo et du congolais.

Si par malheur on ne parvient pas à conclure ces négociations par la signature d’un accord de paix, ceux qui ont conçu et soutenu ce choix de la solution militaire devront en assumer les conséquences.

Quand on dénombrera les victimes colaterales de ce qu’on appelle la victoire militaire des fardc, on reconnaîtra que nous avons été des héros et plus personne n’imposera sa volonté au Congo et à ses filles et fils. En attendant,reconnaissons qu’au moment où la majorité de nos compatriotes acceptent de vivre à genoux et tête baissée, nous avons été une infime minorité a relever la tête et à dénoncer l’égarement du régime Kabila. Nous avons fait notre devoir et soyons-en fiers.