Mali : l’UMP prise entre deux feux

Redigé par Nicolas Chapuis (avec AFP)
Le 22 janvier 2013 à 06:16

La droite serait-elle en train de s’embourber dans le conflit malien ? Dix jours après le début de l’intervention de l’armée française, l’UMP n’arrive pas à fixer la ligne du parti, et deux camps s’opposent dans les médias. Jean-François Copé a résumé le dilemme qui traverse les rangs de l’opposition, lundi 21 janvier, sur BFM TV :"Union nationale mais questionnement légitime ; unité, mais vigilance." En réalité, la droite a bien du mal à jouer les deux partitions en même temps. "LAISSER DE CÔTÉ LES (...)

La droite serait-elle en train de s’embourber dans le conflit malien ? Dix jours après le début de l’intervention de l’armée française, l’UMP n’arrive pas à fixer la ligne du parti, et deux camps s’opposent dans les médias.

Jean-François Copé a résumé le dilemme qui traverse les rangs de l’opposition, lundi 21 janvier, sur BFM TV  :"Union nationale mais questionnement légitime ; unité, mais vigilance." En réalité, la droite a bien du mal à jouer les deux partitions en même temps.

"LAISSER DE CÔTÉ LES JOUTES POLITIQUES"

Certains ont choisi clairement d’incarner le registre de l’union nationale, comme François Fillon. L’ancien premier ministre a publié lundi une note sur son blog dans laquelle il appelle la droite à faire preuve de retenue : "L’heure où la France est engagée militairement, j’estime pour ma part nécessaire de laisser de côté, pour quelque temps, les joutes politiques."

L’union sacrée n’empêche tout de même pas les critiques : "Afghanistan, Côte d’Ivoire, Libye... je me souviens de l’attitude ambiguë et critique des socialistes lorsqu’ils étaient dans l’opposition. J’invite l’opposition d’aujourd’hui à ne pas adopter la même posture. La lutte contre le terrorisme dépasse les clivages politiques et l’appui que nous devons à nos militaires exige unité et sang-froid."

Autre ancien premier ministre, même discours. Jean-Pierre Raffarin demande à ses camarades de respecter une trêve : "Nous sommes en guerre, je suis derrière les autorités de mon pays." Il tance au passage son ami le député UMP Axel Poniatowski, qui avait émis des critiques sur l’opération de l’armée algérienne pour mettre fin à la prise d’otages.

Pour Michèle Alliot-Marie, ancienne ministre de la défense, interrogée sur Europe 1, l’heure n’est pas non plus à la critique : "Il y a une règle qui est indispensable et que je rappelle à tout le monde. Quand nous avons des hommes sur le terrain, nos militaires ont besoin de savoir que l’opération a le soutien de la nation tout entière. Nous devons tous être derrière eux. C’est important pour leur moral."

Henri Guaino, l’ancienne plume de Nicolas Sarkozy, avait défendu la même ligne jeudi, sur RTL : "Quand la France est en guerre – et c’est une guerre, pas une petite opération de police – nous devons tous être unis derrière nos soldats qui risquent leur vie." Avant de changer de discours le lendemain sur Radio Classique, déplorant le manque de visibilité dans le conflit : "On ne sait pas où on va..."

"QUELS SONT LES OBJECTIFS ?"

Plus les jours passent, plus les questions de l’opposition se font pressantes. Alain Juppé, qui était ministre des affaires étrangères lors de la guerre en Libye, est sorti de sa réserve pour faire part de ses interrogations, lundi matin sur Europe 1 : "J’aimerais que la position française soit clarifiée. (...) Il s’agissait de stopper la percée des djihadistes et terroristes en direction du sud et de Bamako. (...) J’ai l’impression qu’aujourd’hui, on est engagés dans une reconquête générale du territoire malien, qui est immense."

Ils sont nombreux à demander au chef de l’Etat d’exposer, à défaut de son plan de bataille, au moins les desseins poursuivis dans ce conflit. M. Copé s’en est fait le porte-parole lundi matin : "Quels sont les objectifs ? Il faut que le président de la République dise à partir de quels critères il considérera que les objectifs ont été atteints. Est-ce que c’est la lutte contre le terrorisme international ? Contre le terrorisme dans cette région ? Est-ce permettre la réunification du Mali ? Il faut que le président de la République soit dans une logique de bien dire aux Français ce qu’il en est."

D’autres sont revenus à la charge avec le leitmotiv de l’isolement de la France dans ce dossier : "Ce qui me tracasse, dans cette intervention, c’est de voir par exemple l’isolement de la France. Je pense que dans d’autres circonstances, si ça avait été Nicolas Sarkozy, nous serions partis à la bataille avec certainement beaucoup plus de soutiens, soit allemand, soit britannique, soit américain", a estimé Valérie Pécresse, la députée des Yvelines.

Les députés UMP, en visite à Berlin, pourront en toucher un mot à leurs collègues allemands. C’est en tout cas ce que Jean-François Copé a l’intention de faire. "Je vais leur dire qu’aujourd’hui sur ce sujet, l’Allemagne nous manque", a-t-il promis.


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