Deux heures trente rien que pour lui. L’émission "Des paroles et des actes", jeudi 25 avril sur France 2, est tombée à pic pour Jean-Luc Mélenchon. Alternant cabotinage et coups de gueule, le coprésident du Parti de gauche ne pouvait rêver meilleure tribune à dix jours de sa marche – son "coup de balai" – du dimanche 5 mai. Son dernier passage dans "DPDA" en tant qu’invité principal, en janvier 2012, avait été regardé par 3,2 millions de téléspectateurs et avait constitué un tournant dans sa campagne.

Jean-Luc Mélenchon lors d’un meeting à Montpellier, le 11 avril. Photo Pascal Guyot/AFP
Opération également réussie jeudi soir avec 3 millions de téléspectateurs, soit 14% de part d’audience. De quoi réaliser le record d’audience de la saison, selon France Télévisions. Parmi les proches de M. Mélenchon, on se frotte les mains. "C’est réussi et en plus c’est utile, se félicite Martine Billard, la coprésidente du PG. Cela permet de porter des explications et des propositions auprès de gens qu’on ne toucherait pas en distribuant des tracts." "Tout ce qu’on voulait dire sur la loi d’amnistie, sur le 5 mai, sur Jean-Luc premier ministre, ou sur la stratégie pour les européennes a été dit, abonde Eric Coquerel, secrétaire national du PG. A partir de là, c’est réussi."
"Duplicité" de François Hollande
L’émission a été l’occasion pour M. Mélenchon de réagir après l’opposition du gouvernement à l’amnistie syndicale, lui qui sur ce dossier avait laissé ses lieutenants et les communistes en première ligne mercredi. "Je suis consterné et, comme beaucoup, blessé", a-t-il lâché face à David Pujadas. L’ancien socialiste a répété que le chef de l’Etat lui avait fait cette promesse lors de leur première rencontre après l’élection présidentielle. "Quelle duplicité ! Parce qu’il m’a promis les yeux dans les yeux qu’il ferait l’amnistie", a-t-il accusé avant de lancer un appel aux parlementaires de gauche : "Ne trahissez pas votre famille, rompez les rangs, votez avec nous !"
Ces attaques ne l’ont pas empêché de répéter qu’il se verrait bien à Matignon, premier ministre d’un président de la République qu’il vilipende à la moindre occasion. "Je n’ai jamais dit ’Matignon, pourquoi pas ?’ Je suis candidat à Matignon", a expliqué celui qui promet aussi de devancer le PS aux élections européennes. Et de dénoncer le cap choisi par le gouvernement. "Cette majorité a été élue sur un programme et François Hollande a déplacé le curseur vers la droite, vers les ’solfériniens’, a poursuivi l’ancien candidat à la présidentielle. Je veux qu’on change le centre de gravité, qu’on applique une autre politique."
Séquence sociale délicate pour le gouvernement
"Hier, c’était le lancement du sprint pour le 5 mai avec la concrétisation d’une idée : ne pas laisser le Medef et la droite faire leur loi", juge M. Coquerel. Les quinze prochains jours seront l’occasion pour le Front de gauche de maintenir la pression sur le gouvernement. Le 1er-Mai d’abord où PCF et PG, qui auront leur point fixe au bord du défilé, espèrent bien voir fleurir des slogans en faveur de l’amnistie sociale et contre le texte sur l’accord national interprofessionnel (ANI). Cinq jours plus tard, ils se retrouveront place de la Bastille pour la marche pour la VIe République. Pour François Delapierre, secrétaire national du PG, cela ne fait pas de doutes, l’attitude "méprisante" du gouvernement sur l’amnistie va permettre de grossir les rangs de la manifestation. "Cela crée de la colère", juge-t-il.
Le 14 mai, le projet de loi sur l’ANI sera voté au Sénat. Face à la fronde des sénateurs communistes et malgré le recours au vote bloqué, le gouvernement n’a pas réussi à faire définitivement adopter ce texte avant le 1er mai. Deux jours plus tard, enfin, le 16 mai, la proposition de loi sur l’amnistie sera débattue à l’Assemblée nationale. Même si l’issue ne fait guère de doute, le Front de gauche a déjà reçu le soutien d’Europe Ecologie-Les Verts sur le sujet et le patron des écologistes au Sénat, Jean-Vincent Placé, a appelé, vendredi, les députés PS à la fronde. Une séquence sociale qui s’annonce délicate pour le gouvernement qui s’en serait bien passé. "On est décidé à ne rien laisser passer", confirme Mme Billard.
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