Le coup d’envoi du Mondial 2014 a été donné jeudi soir. Or les cinq sélections africaines en lice étaient déjà présentes il y a quatre ans en Afrique du Sud. Toutes espèrent faire mieux au Brésil... Zoom sur leurs petites faiblesses et leurs grands atouts.
Depuis 1986, c’est une constante : pas une seule Coupe du monde sans ses représentants africains au second tour - le Cameroun en 1990, le Nigeria en 1994 et 1998, le Sénégal en 2002, puis le Ghana en 2006 et 2010. Trois de ces sélections ont même rejoint les quarts de finale - le Cameroun en 1990, le Sénégal en 2002 et le Ghana en 2010 -, laissant parfois un goût d’inachevé à ceux qui les croyaient capables de se hisser dans un dernier carré presque exclusivement réservé aux Européens et aux Sud-Américains.

L’espoir repose surtout sur la Côte d’Ivoire (ici Didier Drogba et Yaya Touré). © Ben Stansall/AFP
Hormis l’Afrique du Sud, qualifiée d’office en 2010 en tant que nation organisatrice, cette édition brésilienne retrouve les mêmes équipes africaines qu’il y a quatre ans : la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Nigeria, le Ghana et l’Algérie.
La première est celle qui a le plus de chances de prolonger son séjour brésilien. Lors des précédentes compétitions, les Éléphants avaient hérité de tirages au sort épouvantables. En 2006, ils ont ainsi affronté dès le premier tour les Pays-Bas, l’Argentine et la Serbie-et-Monténégro, quand l’édition 2010 les a propulsés face au Brésil, au Portugal et à la Corée du Nord... Cette année, ils se retrouvent dans le groupe a priori le plus homogène, puisque la Grèce, la Colombie et le Japon ont un niveau à peu près équivalent au leur.
"L’objectif est de nous qualifier pour le second tour. Le groupe est serré, mais il est possible d’en sortir", estime Sabri Lamouchi, le sélectionneur ivoirien. Une hypothèse plausible, à en juger par la forme affichée par certains cadres de l’équipe. à Manchester City, Yaya Touré a sans doute réalisé sa meilleure saison depuis le début de sa carrière. Didier Drogba, du haut de ses 36 ans, s’est montré convaincant au Galatasaray. Quant à Gervinho, il a clairement contribué à la qualification de l’AS Roma pour la Ligue des champions.
Le cas du Cameroun, toujours hanté par le désastre de sa Coupe du monde 2010, au cours de laquelle il fut éliminé sans pitié dès le premier tour, est sensiblement différent. Ivoiriens et Camerounais ne se rejoignent que sur un point : la contestation quasi permanente de leurs sélectionneurs respectifs, le Français Sabri Lamouchi et l’Allemand Volker Finke.
L’ancien président de la fédération camerounaise de football en prison
Grands absents des deux dernières éditions de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), les Lions indomptables du Cameroun ont longtemps vécu au rythme des conflits entre joueurs influents. Depuis, Samuel Eto’o et Alex Song ont appris à se supporter, mais Mohammed Iya, l’ancien président de la fédération camerounaise de football, est en prison, et certains glorieux anciens, tel Roger Milla, ne manquent pas une occasion d’alimenter la polémique.
Malgré ces quatre dernières années principalement passées à courir après ses souvenirs heureux, le Cameroun a de solides arguments... et même du talent dans toutes ses lignes : Itandje, Nkoulou, Chedjou, Song, Makoun, Eto’o, Aboubakar. Les Lions peuvent aussi se féliciter d’être tombés dans un groupe pas forcément inaccessible, composé du pays hôte, du Mexique et de la Croatie - même si la première place semble promise à la Seleção brésilienne.
Comme son voisin, le Nigeria est en droit de s’imaginer un destin de huitième de finaliste. Vainqueurs en titre de la CAN, les Super Eagles ont un coup à jouer dans un groupe où l’Argentine, l’ogre sud-américain numéro deux, semble imbattable : leurs deux autres adversaires, la Bosnie-Herzégovine et l’Iran, sont loin d’être aussi menaçants.
Reste que les sélections africaines ont souvent le chic pour se saborder avant, et même pendant, les grandes compétitions. L’équipe nigériane continue ainsi de pâtir des relations tendues que Stephen Keshi, son sélectionneur, fatigué d’être payé une fois tous les huit mois, entretient avec sa fédération. Elle peut toutefois se targuer de la présence d’une star (Obi Mikel) et de plusieurs joueurs de niveau international (Enyeama, Ambrose, Obinna, Emenike), soit suffisamment d’atouts pour franchir le premier tour.
Le Ghana face à l’Allemagne et au Portugal
Qu’en est-il du Ghana ? Autant être franc, pas grand monde, à part les Ghanéens eux-mêmes, n’imagine les Black Stars sortir du pire groupe de ce premier tour, dans lequel cohabitent le Portugal et l’Allemagne (un gros outsider et un candidat au titre mondial), mais aussi les États-Unis. Si le Ghana a éjecté de façon spectaculaire l’Égypte au dernier tour des qualifications (6-1, 1-2) et présente un collectif plutôt bien rodé, il risque de ne pas faire le poids face aux deux sélections européennes.
Quant à l’Algérie, où Vahid Halilhodzic a fait le ménage, elle est à peine mieux lotie que le Ghana. La Belgique fait partie des meilleures équipes européennes du moment. La Russie, entraînée par l’Italien Fabio Capello, est sortie première d’un groupe où figurait notamment le Portugal. Enfin, la Corée du Sud, explosive, n’a plus manqué une phase finale depuis 1986, ce qui en dit long sur son expérience.
Voilà ce qui, justement, risque de manquer aux Fennecs, dont la plupart des joueurs disputeront leur premier Mondial. Et comme beaucoup d’Algériens ont passé une partie de la saison sur le banc des remplaçants de leurs clubs respectifs, le manque de rythme pourrait être rédhibitoire.
Loi de poisson et statistiques
En s’attardant sur l’étude menée par le fournisseur de statistiques sportives Opta, on pourrait presque conseiller à certaines sélections d’éviter de se rendre au Brésil... tant leurs chances de remporter le titre convoité sont inexistantes. Selon la loi de Poisson (une loi de probabilité appliquée à partir de leurs résultats internationaux depuis le Mondial 2010), Opta a pronostiqué le parcours des 32 équipes sélectionnées au Brésil. Sans surprise, le pays hôte est le grand favori, avec 23,5 % de chances d’être sacré le 13 juillet à Rio, devant l’Allemagne (16,3 %) et l’Espagne, tenante du titre (13,8 %). Pour l’Algérie, le Cameroun et le Ghana, c’est un zéro absolu... La Côte d’Ivoire et le Nigeria font à peine mieux, avec 0,5 % et 0,3 %. Et, toujours selon les simulations d’Opta, aucun Africain n’aurait la moindre chance d’être désigné meilleur buteur. De quoi plomber le moral d’un Samuel Eto’o !
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