Kabila sourd aux critiques de Mary Robinson comme de Martin Kobler
Le regain d’agressivité contre les Rwandophones de l’Est de la RDC dévoile la mauvaise volonté du président Kabila d’inscrire son action dans le processus de paix. Et les critiques à Kinshasa, y compris lorsqu’elles viennent de l’appareil onusien, ne semblent pas changer la situation.

Les tensions demeurent vives au Nord-Kivu, où les violences visant la communauté rwandophone ne cessent pas. Ceux-ci font de plus en plus l’objet d’intimidations de la part des autorités qui agissent aux ordres de Julien Paluku Kahongya, gouverneur de la province et pièce maîtresse du dispositif de pouvoir du président Kabila à l’Est.
Les agressions se sont multipliées après le jour de l’an, et la dernière en date a impliqué des membres de la famille du général Bisengimana, un tutsi munyamulenge patron de la Police Nationale, qui ont été copieusement tabassés près de leur domicile à Goma.
Les appels à la haine fusent dans les radios locales, comme Mutaani et Kivu 1, et les bandes de motards mobilisés par la cellule gomatracienne T2 de l’Agence nationale de renseignements (ANR) sèment l’insécurité. La peur s’installe durablement et, il y a quelques jours, les policiers tutsi n’ont pas obtempéré à l’ordre de la hiérarchie de se rendre dans les villes de Kitchanga, Rutshuru et Bunia dans les cadre des opérations de distributions des cartes électorales. Bien que n’ayant pas participé à l’insurrection du M23, ils n’ont pas voulu se déplacer de la capitale provinciale par crainte de représailles.
Dans le territoire de Masisi, des chefs coutumiers font état d’un processus intensif de recrutement de paysans hutu et hunde de la part des deux groupes armés, les Nyatura et l’Alliance populaire pour un Congo libre et souverain (APCLS), qui ont en programme l’épuration ethnique des Tutsi dans la commune de Kitchanga.
Est-il possible que, presque trois mois après la cessation des hostilités avec le M23, le pouvoir n’ait pas pris aucune initiative pour l’assainissement du climat politique dans le Nord-Kivu, alors que la réconciliation nationale était l’une des clauses des accords de Nairobi signés le 12 décembre ?

Mary Robinson, l’envoyée spéciale pour les Grands Lacs de Ban Ki-Moon, le secrétaire général des Nations Unies, s’est posée la question depuis Addis-Abeba, où elle s’était rendue au siège de l’Union Africaine :
« Je suis préoccupée pour la question des problèmes contre les Tutsi en ce moment. C’est l’un des engagements de la RDC de promouvoir la réconciliation. Le gouvernement et toutes les autorités nationales doivent comprendre la nécessité de changer l’environnement pour créer les conditions de la réconciliation entre les communautés appelées à vivre ensemble. Nous attendons que le président Kabila mette en place un nouveau gouvernement afin que le mécanisme de paix soit renforcé. »
On ne peut que relever à cet égard que les initiatives de Kinshasa ne vont pas dans le bon sens. Le plan de démobilisation (DDR) proposé prévoit l’éloignement des militaires du M23 de leurs communautés d’origine dans un contexte où le retour des réfugiés et la traque des FDLR (les rebelles hutu rwandais dont les officiers supérieurs comptent parmi les exécuteurs du génocide de 1994 au Rwanda) – objectifs prioritaires des protocoles de Nairobi – semblent renvoyés aux calendes grecques.
Les FDLR notamment, persistent dans leurs exactions dans les territoires de Walikale et de Lubero et la Monusco n’intervient pas à protection des civils.

Selon l’une de nos sources, son chef, l’allemand Martin Kobler, aurait voulu communiquer son désaccord sur le DDR au président Kabila, mais ce dernier a refusé de le recevoir.
Quant à la Brigade, qui était censée combattre tous les autres groupes armés après la fin de la guerre, les faits commencent à démontrer ce que moult soupçonnaient lors de son déploiement : la première force offensive dans l’histoire des Nations unies n’a pas été mobilisée pour éradiquer les groupes armés au Kivu, mais pour faire la guerre au seul M23 parmi eux. Car ce dernier menaçait le pouvoir du président Kabila, tout en assurant une certaine sécurité en particulier pour les Tutsi du Kivu aujourd’hui menacés.
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