Les cadres du Front national ont beau le répéter lors de chaque coup d’éclat électoral, une analyse raisonnée de la réalité montre bien que le parti de Marine Le Pen, en dépit de ses 25% de voix aux Européennes, n’est pas "le premier parti de France".
Combien de fois faudra-t-il le répéter ?
Dès l’annonce des résultats aux élections européennes, des responsables du FN ont proclamé que le FN devenait ainsi le "premier parti de France". Le FN arrive certes à cette occasion en tête des suffrages exprimés, avec selon les données à notre disposition 26% des suffrages exprimés.
Il est en tête aussi bien au niveau national que dans la plupart des circonscriptions interrégionales métropolitaines utilisées pour ces élections-là (à l’exception de l’ouest et de l’Ile de France). Le FN progresse par ailleurs très fortement par rapport à son score de 2009, et passe devant l’UMP à cette occasion.
Mais cet excellent résultat ne signifie pas que le FN quitte d’un coup son statut de parti marginal dans le système politique français. En effet, les élections municipales de mars 2014 viennent juste de montrer que ce parti commence à peine à se construire de nouveau (après l’échec des années 1990) une implantation locale sérieuse au niveau des pouvoirs municipaux.
Le FN peut alors se féliciter du gain d’une dizaine de mairies, mais cela n’est toutefois encore pas grand-chose par rapport au nombre d’élus et surtout de maires des grandes forces territorialement implantées depuis des décennies que sont l’UMP, le PS et le PRG, l’UDI-Modem.
Ces gains bien réels mais au total limitées aux municipales sont dus à un autre fait essentiel : le FN, pour l’instant, n’a aucun allié d’importance, le "Rassemblement Bleu Marine" (RBM) n’est pour l’heure que celui du FN avec quelques forces marginales d’extrême droite.
Pour les présentes européennes, le "Bloc identitaire" a appelé à un vote FN par exemple sans d’ailleurs se rallier complètement au RBM à ce jour. Le FN reste donc isolé, contrairement aux autres partis historiques (UMP, PS, UDI-Modem) qui sont capables de se situer dans un réseau d’alliances victorieuses dans un système politique dominé par le scrutin majoritaire à deux tours.
Enfin, il n’est pas sûr du tout que le FN soit le premier parti en nombre de militants : par leur implantation dans les pouvoirs locaux, l’UMP et le PS sont bien plus importants de ce point de vue. Rappelons qu’en mars dernier, le FN avait encore des difficultés à présenter des listes partout aux municipales.
Il faudrait donc plutôt dire que, non pas que le FN est le premier parti de France, mais celui qui reçoit le plus d’attention de la part des médias. Les présentes Européennes ne font que confirmer à mon sens cette sur-attention à son égard. On oublie du coup le niveau de l’abstention, et les 75% d’électeurs qui sont allés voter et qui n’ont pas exprimé un vote pour le FN.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Ne vous eloignez pas du sujet de discussion; Les insultes,difamations,publicité et ségregations de tous genres ne sont pas tolerées Si vous souhaitez suivre le cours des discussions en cours fournissez une addresse email valide.
Votre commentaire apparaitra apre`s moderation par l'équipe d' IGIHE.com En cas de non respect d'une ou plusieurs des regles d'utilisation si dessus, le commentaire sera supprimer. Merci!