Au nord du Burundi, les agriculteurs se désintéressent de plus en plus du café pourtant première exportation du pays au profit des plantations d’arbres. Ceux-ci sont beaucoup plus rentables que les caféiers à la production irrégulière, pénibles et coûteux à entretenir selon syfia-grands-lacs .
"Mieux vaut avoir des arbres que du café", déclare Nsengiyumva de la colline Kinyana en commune de Ngozi au nord du Burundi. En effet, depuis une dizaine d’années production de café a considérablement chuté et est très irrégulière. Souvent, il ne donne qu’une récolte tous les deux ou trois ans.
Durant le conflit, cette culture n’a pas été bien suivie et les plants sont âgés, beaucoup datent de la colonisation. Alors les agriculteurs n’ont plus le courage d’entretenir cette culture autrefois étroitement suivie par le gouvernement.
En dix ans les exportations de café du Burundi, qui ont représenté, en 2011, 70% de celles du pays ont été divisées par deux.
La production est en dents de scie selon cinq chefs d’usine de déparchage du café. Par exemple, à l’usine de Nkaka, plus de 5 tonnes de cerises ont déjà été récoltées cette année contre une seule l’an passé.
En 2011, effectivement, la production n’a été que de 15 000 t, cette année s’annonce exceptionnelle avec près de 29 000 t attendues alors que le potentiel du pays est évalué à 60 000 t.
Face à cette culture insuffisante à les faire vivre, les agriculteurs préfèrent planter des arbres dont l’entretien est très réduit et ne coûte rien. Alors que le café, il faut y travailler sans cesse pour arracher les mauvaises herbes, le pailler et aussi acheter des engrais chimiques.
Souvent le champ de caféiers coûte ainsi plus qu’il ne rapporte. "Je dois chaque année, dépenser plus de 100$ pour entretenir mon champ de 200 pieds de caféiers même quand ils n’ont pas produit. C’est devenu insupportable !", se plaint Nyandwi Christian de la commune Mwumba. De nombreux propriétaires de caféiers, qui les avaient plantés lorsque les terres étaient encore abondantes, sont âgés et incapables de les entretenir.
L’arbre désormais mieux que le café
"Chaque année, je gagne environ 200$ dans mon boisement. C’est plus que je trouve dans mes 600 caféiers qui occupent plus d’un demi-ha de ma propriété fertile", déclare Claver Gahungu de la colline Kinyana. En effet, ces derniers temps, l’arbre rapporte plus que le café : les agriculteurs en vendent surtout aux fabricants des briques de plus en plus nombreux car les constructions se multiplient.
Ils coupent seulement les arbres les plus gros gardant les autres pour l’année suivante. Un arbre d’à peu près 20 cm de diamètre et environ 10 m de hauteur, âgé de 5 ans se vend autour 5$. Si les agriculteurs attendent 10 ans, ce qui est rare, ils en tireraient 40 $.
En outre, les arbres peuvent pousser sur des terrains peu fertiles, ce qui n’est pas le cas du café toujours planté là où les terres auraient bien convenu aux cultures vivrières. Les agriculteurs attendent simplement que les arbres grossissent pendant quelques années sans avoir à s’en occuper. Comme les terres sont rares au nord du Burundi, les éleveurs associent des herbes qui servent de fourrages pour nourrir les bêtes.
Reboisement productif
C’est ainsi qu’on remarque dans les collines de plus en plus de jeunes boisements. Dans les plus anciens, certains essayent d’y insérer de jeunes plants. Les habitants la région n’ont plus besoin d’être encadrés pour reboiser.
"Si on pouvait m’offrir une partie de la plaine de Vyerwa, je planterais les arbres, j’enterrerais la pauvreté toute la vie", déclare ainsi Servillien de la commune Gashikanwa regardant cette plaine de la province de Ngozi appartenant à l’Etat et’ en grande partie inexploitée.
Plus question de rajeunir les caféiers devenus chétifs. Au contraire, sur la colline de Gakeceri, les producteurs y associent les arbres, principalement des eucalyptus qui finissent par évincer le café. "Mes arbres poussent mieux, si j’avais su j’aurais depuis longtemps remplacé ces pieds de caféiers, j’aurais déjà eu de l’argent tout en ayant du bois pour le chauffage à la maison. Mais voilà que j’ai attendu après le café qui ne me rapportait rien", déclare une femme de cette colline.
Ailleurs, on note que les gens associent certaines variétés d’arbres aux caféiers. Par exemple, en commune de Gitobe de la province de Kirundo, sur nombreux champs de caféiers, on trouve également du grevillea, cet arbre dont les planches servent à fabriquer des meubles. L’arbre le plus planté est l’eucalyptus car il tient bien à la combustion, mais il exige beaucoup d’eau et cohabite difficilement avec d’autres plantes. En commune de Ngozi, les gens laissent aussi pousser les arbres sauvages au milieu de leurs caféiers.
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