Obama a gagné... et alors ?

Redigé par IGIHE
Le 7 novembre 2012 à 01:24

Barack Obama a donc remporté l’élection présidentielle américaine en devançant son challenger républicain Mitt Romney. Pour moi, ce n’est ni une surprise ni un soulagement.
Non seulement il n’y pas lieu de s’étonner de la réélection d’Obama, mais il faut même s’étonner qu’on s’en étonne. La prétendue incertitude sur le résultat du vote n’était rien d’autre qu’un faux suspense : pour les grands médias US, la présidentielle est un spectacle comme un autre – elle doit tenir le spectateur en haleine pour garantir (...)

Barack Obama a donc remporté l’élection présidentielle américaine en devançant son challenger républicain Mitt Romney. Pour moi, ce n’est ni une surprise ni un soulagement.

Non seulement il n’y pas lieu de s’étonner de la réélection d’Obama, mais il faut même s’étonner qu’on s’en étonne. La prétendue incertitude sur le résultat du vote n’était rien d’autre qu’un faux suspense : pour les grands médias US, la présidentielle est un spectacle comme un autre – elle doit tenir le spectateur en haleine pour garantir l’audience. En réalité, Obama avait l’avantage dans 8 des 9 états où l’élection se joue ; tous les experts le savaient ; on a fait semblant de croire qu’il pouvait être battu pour donner à une campagne sans vrai relief l’apparence d’un thriller politique. C’était de la mise en scène.

Si le résultat était si évident, qu’est-ce qui explique que le monde entier ait marché ?

Le système US a sa contradiction. C’est dans ce pays que sont nés les sondages et les techniques du marketing politique, qui analysent les ressorts d’un vote avant qu’il ait eu lieu. Mais on y garde aussi une révérence pour la démocratie : le pouvoir du citoyen de choisir son président est relève du sacré. Pour le reste, c’est une industrie comparable à celle d’Hollywood qui vend à toute la planète le duel Obama-Romney comme les héros de Star Wars et de Disney. Obama nous avait déçus : sans oser le dire, nous avions envie qu’une nouvelle épreuve le grandisse. Donc ce n’est pas tant qu’Obama a eu chaud, c’est que son élection a été… un show.

Mais la fascination pour le modèle américain est-elle encore justifiée aujourd’hui ? La crise n’a-t-elle pas affaibli la puissance américaine ?

La crise, bien sûr : les USA y ont entraîné le monde bien plus facilement qu’ils ne peuvent aujourd’hui l’aider à en sortir. Mais avant cela, le 11 septembre et les errements de George Bush Jr. L’Amérique a été fragilisée par l’attaque de Ben Laden, puis discréditée par les errements de sa politique étrangère. De ce point de vue, la présidence d’Obama a été réparatrice : même s’il n’a pas fermé Guantanamo, il a retiré les troupes d’Irak, éliminé Ben Laden, redonné des raisons d’aimer l’Amérique. Mais il est clair qu’à l’aune de leurs influences respectives sur l’ordre du monde, on devrait sans doute plus parler du congrès du PC chinois et moins de l’élection américaine…

Peut-on aller jusqu’à dire que la réélection d’Obama, finalement, ne change pas grand-chose ?

L’élection d’Obama était préférable pour la politique sociale, pour l’image des USA, pour la situation au Proche-Orient. Pour la politique économique, il n’y a pas grande différence en réalité. Cela dit, l’hyper-puissance américaine est limitée à l’extérieur par l’influence de la Chine, de la Russie et des pays émergents. Et à l’intérieur par un congrès divisé, qui impose d’emblée à Obama une situation de cohabitation. Le président américain n’a plus grand-chose d’un super-héros. Elu, Obama avait reçu le prix Nobel sans avoir rien fait. Réélu, il ne peut plus guère espérer qu’un oscar – peut-être celui du meilleur second rôle.

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