Opposition de la diaspora : un débat désaxé des réalités rwandaises actuelles

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 14 novembre 2014 à 10:30

La plupart de l’opposition politique rwandaise opère dans la diaspora. Quand on lit ses activités et débats sur le forum DHR d’un certain Docteur Innocent Twagiramungu, on ne sait quoi penser tellement des idées sont contradictoires.
Les unes dénotent une volonté de vouloir construire autrement les infrastructures politiques du Rwanda, d’autres suggèrent plutôt un jusqu’auboutisme ethnocentriste parfaitement destructeur des institutions levain de la démocratie rwandaise.
Au-delà de tout ceci, le (...)

La plupart de l’opposition politique rwandaise opère dans la diaspora. Quand on lit ses activités et débats sur le forum DHR d’un certain Docteur Innocent Twagiramungu, on ne sait quoi penser tellement des idées sont contradictoires.

Les unes dénotent une volonté de vouloir construire autrement les infrastructures politiques du Rwanda, d’autres suggèrent plutôt un jusqu’auboutisme ethnocentriste parfaitement destructeur des institutions levain de la démocratie rwandaise.

Au-delà de tout ceci, le débat de cette opposition rwandaise a une autre dimension négative, celle qui veut que le jeu politique reste un apanage de la seule élite rwandaise. Rien, que ce soit les idées avancées, que ce soit les intentions cachées, rien ne montre que cette opposition entend vulgariser l’activité de débat citoyen exempt de tout stéréotype ethnique à la base communautaire.

Autrement dit, pour elle, l’apprentissage de la démocratie à la base communautaire n’est pas une priorité.

Quand le régime actuel de Kigali qu’elle pourfend à tort et à travers multiplie des infrastructures socio économique comme l’habitat regroupé, la régionalisation des cultures, l’électrification rurale, la promotion de petites entreprises, les activités d’assistance de ménages pour qu’ils entrent dans l’économie de marché avec l’introduction d’une Vache- une Famille… eh bien l’opposition ne voit pas que le régime tente de construire un fondement pour une société moyennement capable de se soutenir pécuniairement pour être intellectuellement disposé à réceptionner un discours politique qui doit sonner dans le sens de protection de ses intérêts matériels.
Hélas cette opposition tient un autre langage trop étroit et éculé.

Deux formations politiques attirent l’attention de l’analyste de la scène politique rwandaise. Le PRM/MRP-ABASANGIZI (Parti Rwandais des Modérés) du Docteur Gasana Anastase et une autre formation dénommée The National Democratic Congress. L’une et l’autre ne satisfont quant à la façon de montrer leurs projets de société.

Elles sont minées par les schémas de pensée traditionnellement ethnocentristes avec en soubassement les stéréotypes d’une majorité ethnique-majorité démocratique qui doit régner. Tout le discours idéologique est basé sur ce substrat
Démocratie consensuelle- un trompe-l’œil du Congrès National pour la Démocratie.

Le Congrès National pour la Démocratie prône un régime parlementaire avec une ligne idéologique qui recommande « la reconnaissance mutuelle des groupes ethniques et régionaux qui composent la nation rwandaise ».

Selon cette formation qui se veut démocratique et qui pourtant est en partenariat direct avec deux mouvements armés dont on ne parle guère, le RUD-Urunana (Ralliement pour l’Unité et le Développement) et le RPR-Inkeragutabara (Rassemblement du Peuple Rwandais), l’accent ethnocentriste de sa ligne politique est très prononcé.

« Le Président de la République sera élu par les deux chambres du Parlement. Le Sénat sera composé par une parité ethnique tout en prenant compte également de la dimension régionaliste et autres sensibilités au sein de ces groupes ethniques… », lit-on dans la Charte de cette formation politique construite en copie conforme de la politique de l’équilibre des quotas régionaux et ethniques de Feu le général Président Juvénal Habyarimana (5 juillet 1973-7 avril 1994).

General Musare commandant de RUD Urunana opérant dans l’Est RDC avec Gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku : complicité et soutien des autorités congolaises aux mouvements armés rwandais hypothéquant dangereusement la faible lueur de la démocratie en Afrique des Grands Lacs

PRM abasangizi prone une revolution ethnocentriste hutu

Le fameux docteur Gasana longtemps ministre et ambassadeur sous le régime actuel avant de décider qu’il doit divorcer d’avec lui pour se constituer réfugié, ne veut rien comprendre à la philosophie de reconstruction du pays déchiré par les mêmes profondes querelles ethniques qu’il entend promouvoir.

Le docteur confond la logique intrinsèque au régime capitaliste à l’accaparement des richesses par une seule ethnie, la tutsi.

Veut-il être atteint de cécité pour ne rien voir des transformations économiques actuelles, les seules qui permettent l’évolution des mentalités populaires et la longue marche à pas pesant de la culture démocratique parmi les citoyens rwandais ?

« Quand on lit le document (Manifeste des Bahutu) de 1957 de Grégoire Kayibanda (Président 1962-1973) et ses camarades qui demandait le partage du pouvoir, la promotion aux postes de responsabilité nationale, libre accès à l’éducation et autres, on constate que ce sont les mêmes doléances actuellement des partis de l’opposition en cette année 2014. Le partage du pouvoir est accaparé par le précarré du Président Paul Kagame et de son FPR (Front Patriotique rwandais) d’une part et de l’autre, par des Bahutu félons qui sont assis à la table du festin pour prendre des miettes », lit-on dans un document montrant que cet ex-ministre des Affaires Etrangères du Président Kagame puis Ambassadeur à l’ONU n’a rien perdu des enseignements rétrogrades selon lesquels qui que l’on soit, quelle que soit sa capacité, la majorité pour gouverner dont a besoin le Rwanda doit être ethnique.

En corollaire de ceci, la formation politique de ce docteur qui, autant que ses compatriotes rwandais acariâtres vivant eux-aussi aux USA, ne veut pas scruter le modus opérandi de la démocratie américaine. Avec une idéologie pareille, le message anti éducatif qu’il lance à l’arène politique rwandaise revient à décourager les jeunes rwandais à accéder à l’enseignement secondaire général et technique gratuit, à ne pas toucher aux ménages rwandais qui doivent continuer à vivre une économie de subsistance et donc à rester incultes et non associés à la gestion, au débat démocratique, à la transformation de leur vie sociale.

L’observateur politique attentif de l’arène politique rwandaise sera désagréablement surpris de constater et comprendre les piètres manœuvres idéologiques d’une opposition rwandaise qui fait tout pour ne pas aider les citoyens rwandais à dépasser le cadre idéologique rétrograde de l’ethnocentrisme et l’accompagner dans les idéologies rationnelles et porteuses de changements sociaux positifs ; lesquelles idéologies seraient versées comme alternatives à celle portée par le parti actuel au pouvoir, le FPR, qui avance résolument vers l’ultracapitalisme.

Ce FPR et ses partis coalisés avancent lentement sur ce terrain des libertés démocratiques. Leur démarche méthodologique dénote une maturité politique qui veut renforcer la capacité matérielle du citoyen, mettre à sa portée les infrastructures nécessaires de production (route, énergie, école, santé, encadrement, cadastrage de sa terre, banque…).

En deuxième étape, le suivi et l’évaluation qui seront faits décideront de l’implantation des infrastructures culturelles et de loisirs diversifiées qui accroîtront la capacité de jugeote du citoyen.

Ici, les idéologies éculées portées par une certaine élite intellectuelle vieillissante essentiellement celle de la diaspora politique rwandaise de l’Occident fera vite de s’auto éradiquer.


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