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Pape François, le véritable pouvoir

Redigé par Le Point
Le 28 septembre 2015 à 03:56

Quatre hommes sont sur le devant de la scène ces jours-ci : Obama, Xi Jinping, Poutine et le pape François. Le plus puissant n’est pas celui qu’on croit.
C’est David Ignatius, l’un des éditeurs les plus suivis du Washington Post, qui l’écrit dans son journal : "Le pape François et le président chinois Xi Jinping sont arrivés cette semaine de la même manière aux États-Unis en descendant à pas comptés la passerelle de leur avion. Mais en les regardant, l’un et l’autre dans une attitude comparable, je n’ai pu (...)

Quatre hommes sont sur le devant de la scène ces jours-ci : Obama, Xi Jinping, Poutine et le pape François. Le plus puissant n’est pas celui qu’on croit.

C’est David Ignatius, l’un des éditeurs les plus suivis du Washington Post, qui l’écrit dans son journal : "Le pape François et le président chinois Xi Jinping sont arrivés cette semaine de la même manière aux États-Unis en descendant à pas comptés la passerelle de leur avion. Mais en les regardant, l’un et l’autre dans une attitude comparable, je n’ai pu m’empêcher, écrit-il, de me demander : lequel des deux est le plus puissant dans le monde d’aujourd’hui ?"

La visite du pape François aux États-Unis, son discours au Congrès, puis à la tribune des Nations unies, ses bains de foule dans les rues de Manhattan, la messe qu’il a dite dans cette immense nef du sport et du divertissement qu’est le Madison Square Garden, ses paroles de tolérance, son prêche pour sauver la planète des désastres écologiques, son appel à la communauté internationale pour "un examen de conscience au Proche-Orient" semblent avoir touché l’Amérique au cœur, comme elle ne s’y attendait sans doute pas. Même les plus sceptiques des journalistes américains ont rentré ou modéré leurs critiques.

Pourtant, lorsqu’il s’est adressé aux parlementaires, François n’a pas hésité à porter le fer là où il pouvait hérisser certains de ses auditeurs. Les démocrates lorsqu’il a rappelé sa "défense de la vie", autrement dit son refus d’accepter l’avortement. Les républicains lorsqu’il a appelé l’Amérique à "traiter les autres avec la même passion et compassion que celle avec laquelle nous voulons être traités". Une allusion évidente aux restrictions sur l’immigration prônées par le parti dont Donald Trump est l’actuel porte-drapeau. Avant de demander instamment de faire taire par-dessus tout leurs divisions aux 435 élus, qui lui ont réservé du coup une standing ovation.
Habileté et force

Toute l’habileté et la force du pape sont là : il peut dire ce qu’il pense, ce qu’il croit, il n’a pas à ménager des électeurs, à calculer des combinaisons partisanes, à espérer une reconnaissance médiatique ou à préparer une élection. S’il n’a pas de divisions, comme se moquait jadis Staline à propos de l’un de ses prédécesseurs, il a une armée de 1,2 milliard de fidèles.

Contrairement aux autres chefs d’État, qu’il s’agisse d’Obama, de Xi Jinping ou de Poutine, le pape François a pour lui ce que le professeur de Harvard Joseph Nye avait baptisé le "soft power", le pouvoir de conviction et de concertation, opposé au "hard power", le pouvoir de coercition ou de contrainte. Celui dont Xi Jinping menace tous les jours ses voisins du Pacifique, celui que les Américains ont exercé en Irak, celui que Poutine a démontré en Ukraine. Tous avec le succès que l’on sait. La force de persuasion, la simplicité, l’humilité, la recherche de ce qu’il y a de mieux pour tous valent peut-être aujourd’hui plus que le nombre de divisions que l’on peut aligner. C’est du moins le message que le pape François a voulu laisser à l’Amérique.


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