Hélicoptères et avions américains ont décollé en continu vendredi pour apporter de l’aide humanitaire aux sinistrés désespérés du typhon Haiyan qui a fait des milliers de morts aux Philippines, donnant un coup de fouet à des opérations de secours critiquées pour leur lenteur.
Sur le porte-avions George Washington, des hélicoptères décollaient et atterrissaient à un rythme effréné pour faire la navette avec Tacloban, une des villes les plus ravagées, et des villages isolés toujours impossibles à atteindre en camion.
Dans le bruit des moteurs, les marins chargeaient cartons de nourriture et autres produits de première nécessité dans les appareils, pendant des volumes d’eau énormes étaient désalinisés avant d’être envoyés aux survivants assoiffés et affamés.
Le porte-avions, qui est accompagné de plusieurs autres navires, "livre eau, matériel médical et d’hygiène" aux villes les plus touchées par l’un des typhons les plus puissant à avoir jamais touché terre, a indiqué dans un communiqué le lieutenant David Levy, porte-parole de la Septième Flotte.
Certains des vingt hélicoptères de la Marine, en "opération continue", ont également évacué des blessés et des survivants sans ressource bloqués dans des zones isolées.
Une semaine après le passage de la tempête, accompagnée de vents à plus de 300 km/heure et de vagues de 5 mètres, l’ONU a annoncé vendredi un bilan de près de 4.500 morts. Un chiffre non confirmé par le gouvernement qui a malgré tout revu son bilan à la hausse, à 3.621 morts et 1.140 disparus.
Les humanitaires ont décrit leur travail comme un enfer logistique mais les opérations américaines doivent permettre d’accélérer l’arrivée de l’aide que l’ONU a reconnue trop lente, et ainsi soulager un peu les habitants dont la vie de certains ne tient qu’à un fil.
Comme le mari de cette femme en pleurs dans un hôpital de Tacloban sans toit, ni eau, ni électricité. Elle presse sans relâche le respirateur manuel qui maintient en vie son mari victime d’une septicémie.
Manger deux fois en cinq jours
A quelques kilomètres de là, à l’aéroport où les Américains déchargent leur aide, des centaines de survivants privés de tout se pressent comme chaque jour à l’aéroport, espérant obtenir une place sur un vol en partance. Et d’autres habitants espèrent faire de même.
"J’ai entendu qu’il y avait des avions américains maintenant, je vais essayer d’aller à l’aéroport", a indiqué Merly Araneta, 28 ans. "Mais je n’ai mangé que deux fois en cinq jours, et j’ai bu de l’eau de pluie collectée dans une tasse en plastique. Je suis si fatiguée".
Dans la ville, des dizaines de corps enveloppés dans des sacs mortuaires gisaient encore vendredi sur le bord des routes, attendant d’être ramassés par des camions au nombre insuffisant.
L’odeur pestilentielle de décomposition persistait dans la ville, laissant supposer la présence de nombreux autres cadavres sous les piles de débris, et alimentant les craintes de risques sanitaires. Jeudi une centaine de dépouilles avaient pu être enterrées dans des fosses communes, avant que l’opération ne soit interrompue par la panne d’une pelleteuse.
Les nombreux pays, ONG et agences internationales ont promis d’importantes aides financières et matérielles, alors que l’ONU a lancé un appel aux dons de 301 millions de dollars (environ 225 millions d’euros).
Une coopération cruciale
Les Britanniques ont annoncé l’envoi du plus grand bâtiment de leur marine, le porte-hélicoptères HMS Illustrious, attendu d’ici le 25 novembre.
Un quotidien officiel chinois a de son côté pressé son gouvernement d’envoyer des navires de guerre, alors que la Chine, en froid avec les Philippines auxquelles elle conteste la souveraineté d’îles en mer de Chine méridionale, a déjà augmenté son aide de 100.000 dollars à 1,6 million après des critiques.
En plus de leur flottille, les Etats-Unis ont annoncé vendredi l’envoi de 1.000 Marines. Ils avaient déjà déployé en début de semaine une avant-garde de Marines épaulés par des avions de transport et des Ospreys, appareils qui peuvent voler comme un avion et atterrir comme un hélicoptère.
Une situation saluée par la Croix-Rouge internationale. L’intervention américaine "va probablement stabiliser la situation", a commenté vendredi son porte-parole régional Patrick Fuller à l’AFP, soulignant cependant qu’une bonne coopération entre les humanitaires et l’armée était "cruciale".
Il a également noté que dans ce genre de désastre, "cela prend au moins deux semaines pour que tout soit opérationnel". "D’ici une semaine, nous verrons une véritable amélioration sur le terrain", a-t-il prédit.
Le maire de Tacloban, Alfred Romualdez, s’est dit "très reconnaissant" de l’intervention américaine. Mais dans les rues de sa ville, la situation restait lugubre.
"Où sont les Américains ?", demandait Alita Nabelga, 81 ans, en regardant un avion passer au dessus d’une école dévastée qui sert d’abris à un millier de personnes. "Est-ce qu’ils nous apportent du riz ?".
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