Dans la plaine de la Ruzizi, au Sud-Kivu où les différentes communautés sont en conflit, les Ong sont à l’œuvre pour les inciter à cohabiter pacifiquement et à revendiquer sans violence. Mais les Bafuliru ne l’entendent pas de cette oreille, estimant que les Barundi et les Banyamulengue, tous congolais, sont des étrangers.
"Vous devez protester sans nuire à d’autres personnes quelles que soient leurs communautés d’appartenance. Évitez des démarches violentes".
Le directeur national du Centre indépendant de recherche stratégique au Kivu (CIRESKI), exhorte ainsi les 48 responsables des jeunes, chefs coutumiers et leaders locaux Barundi, Bafuliru et Banyamulenge réunis lors des assises organisées fin mars, à Nyamugali à 60 km environ au nord d’Uvira dans la plaine de la Ruzizi.
Dans cette chefferie habitent environ 51 mille âmes, les Bafuliru (80 % de la population) considèrent les autres - les Barundi et les Banyamulenge – comme des étrangers qui ne doivent pas diriger leurs entités.
La goutte d’eau qui a fait déborder la vase est l’arrestation de chefs de groupement fuliru accusés d’avoir assassiné le Mwami Floribert Ndabagoyi, un Barundi, tué par balle en avril 2012. Depuis lors les jeunes fuliru manifestent pour qu’ils soient libérés. Ils le furent provisoirement. Ce fut alors au tour des jeunes Barundi de barrer la route Uvira-Bukavu et de s’opposer aux forces de l’ordre.
Des Congolais comme les autres
Les deux communautés se regardent donc toujours en chiens de faïence et les Organisations de la société civile se mobilisent pour éviter les affrontements et favoriser la cohabitation pacifique.
Mi-mars, c’était à Sange, à 50 km au nord d’Uvira. "On leur a, en sus, demandé d’éviter la convoitise, de régler amiablement leurs différends fonciers et de respecter les autorités coutumières de chaque chefferie", résume un journaliste de la radio Mitumba d’Uvira. Un appel qui porte des fruits. "Il était prévu que des jeunes barricadent la route le 24 mars.
Mais jusque maintenant, aucune manifestation n’a été signalée", se félicite un proche du CIRESKI. Le Cadre de concertation intercommunautaire (CCI) et de Search for common ground (SFCG) vont dans le même sens.
Certains prennent conscience que cette guéguerre ne les mènera à rien. Pour l’éviter, elles aimeraient, particulièrement les Bafuliru majoritaires, que l’autorité publique érige la plaine en secteur. Selon la loi de 2008 sur la décentralisation en RDC, le secteur est un ensemble généralement hétérogène de communautés traditionnelles indépendantes, organisées sur base de la coutume.
Il a à sa tête un chef élu et investi par les pouvoirs publics. "Là, même un non originaire peut diriger. Il suffit d’être élu. Ce qui mettrait fin à l’intransigeance et l’extrémiste des uns et des autres", juge un expert en décentralisation du CIRESKI.
Les jeunes fuliru suivront plus facilement un chef coutumier élu qui pourra s’installer dans les locaux du bureau administratif de la chefferie sans contestation. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui car les jeunes ne veulent pas voir l’actuel chef jugé étranger car d’origine burundaise.
Un frein au développement
Malgré quelques avancées, le conflit couve encore. Certains sont d’accord pour calmer le jeu, tels les Barundi, qui souhaitent simplement une pleine reconnaissance de leur pouvoir. Mais les Fuliru continuent à s’opposer. "Les membres des différentes communautés nous font des messages nous demandant d’intensifier ces sensibilisations. Nous pouvons nous en réjouir car ce dernier temps, les tensions semblent avoir baissé", informe un agent du SFCG.
Pour l’instant, cette d’absence d’entente étrangle le développement de la plaine. Une Ong devait construire des écoles et réhabiliter une route de desserte agricole dans ce coin, mais elle a arrêté pour sécuriser les matériels et les travailleurs.
De même une association des Mamans chrétiennes qui met à la disposition des femmes et filles victimes des violences sexuelles des moulins dont les recettes financent leurs diverses activités.
Sa responsable a reçu, en février dernier, une correspondance des jeunes Fuliru lui demandant, au risque de saboter leurs activités, de démettre de ses fonctions, un de leurs superviseurs qui serait de la communauté Barundi… Pourtant personne ne gagne à une telle intransigeance.
Paul Durand
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