En visite en RDC, le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer, a mis en cause les "dysfonctionnements du système juridique" qui maintient les personnes en détention "trop longtemps" sans être jugées. Une des causes majeures des "conditions extrêmement précaires" dans les prisons congolaises, relevées un mois plutôt dans un rapport de l’ONU.

Une déléguée parle avec le responsable du cachot de la base des FARDC, 2010. © CICR/Pedram Yazdi
Une « surpopulation carcérale » qui varie « entre 200 et 725 % », des « milliers de prisonniers qui souffrent de malnutrition », un accès aux soins « problématique », des « conditions d’hygiène désastreuses »… Le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) se sent contraint de mettre entre parenthèses son devoir de confidentialité pour « parler publiquement » de la situation dans les prisons congolaises, tant celle-ci lui paraît critique.
« Il y a urgence », souligne Annick Bouvier. « En RDC aujourd’hui, quatre prisons ont atteint un taux de surpopulation de 650 %. Dans certaines maisons d’arrêt, des dispensaires ne sont pas alimentés en médicaments, des détenus n’ont pas de sanitaires, la malnutrition est devenue un problème chronique », détaille la responsable de la communication du CICR sur place. Bref, « la situation est catastrophique », dans certains lieux de détention, lâche-t-elle.
Prisons à risque
En visite dans le pays, Peter Maurer, le numero un de l’organisation internationale humanitaire basée à Genève, s’est dit également « préoccupé » par l’état des prisons en RDC, après un bref passage au Centre pénitencier de rééducation de Kinshasa (CPRK), communément appelé la « prison centrale de Makala ». Il s’est retrouvé face à « de vieilles infrastructures qui représentent un risque pour les détenus ». Et de constater que les services médicaux étaient défaillants et que la nourriture servie aux prisonniers n’était pas « adéquate ».

Des employés du CICR suivent la préparation de la nourriture au camp de détention d’Osio (Province orientale), le 13 août 2012.
© CICR/Doudou Mulamba
Depuis le début de l’année, pour tenter d’améliorer le « traitement humain » des prisonniers, le CICR a pu effectuer « 60 visites à près de 4 800 détenus dans plus d’une trentaine de lieux de détention ». Dix-sept prisons ont ainsi bénéficié d’une réhabilitation de leurs latrines et cuisines mais aussi de leur approvisionement en eau. « Aujourd’hui, le CIRC nourrit 2 800 prisonniers congolais au quotidien », commente Annick Bouvier. Des efforts qui restent cependant loin de résoudre le « problème » qui est beaucoup « plus large », aux yeux de Peter Maurer.
Pour lui, il faudrait aussi que le gouvernement congolais s’attaque aux causes profondes de cette situation alarmante : « les dysfonctionnements du système juridique ». Il y a « trop de gens en prison qui attendent, trop longtemps, un jugement », explique-t-il. Un phénomène généralisé dans l’ensemble du pays, aggravant davantage des « conditions d’incarcération [déjà] extrêmement précaires ». Résultat des courses : une multiplication des cas de décès en prison.
Dans un rapport publié mi-mars, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme a recensé 211 personnes mortes en détention entre janvier 2010 et décembre 2012, dont 54 en 2010, 56 en 2011 et 101 en 2012. Abstraction faite des « décès en détention qui ont pu être confirmés comme résultant de violations des droits de l’homme ».
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