L’Est de la RDC est objet de convoitises diverses. La Communauté internationale des bailleurs de fonds des budgets des régimes du Tiers Monde pressentent un danger de voir les petites puissances de la région, le Rwanda et l’Ouganda, consacrées il ya longtemps par l’Oncle Sam, entrer de plein pied dans cet Est de la RDC.

Cette Communauté internationale ne voit rien que des intérêts qu’elle pourrait perdre. Elle fait ses projections sur une période de temps relativement longue pour asseoir ses géostratégies. Elle ne préférerait pas les laisser tomber à l’eau avec un Est de la RDC suffisamment pacifié, très bien géré et permettant la stabilité des régimes voisins Museveni (Ouganda) et Kagame (Rwanda).

L’Occident veut promouvoir les valeurs démocratiques pour lui seul et pas avec le reste du monde, avec toute sa longue culture de respect du droit d’expression et des média.

Dans l’Occident européen, la Presse constitue réellement un quatrième pouvoir qui appuie dans toute sa diversité éditoriale et son indépendance contrairement au Rwanda, et pratiquement dans toute l’Afrique, où les médias locaux sont perçus comme un pis-aller, comme un métier qu’on fait quand d’autres carrières professionnelles à hautes potentialités de revenus confortables sont inaccessibles.

Complot ourdi contre le Rwanda et attisé par des ONGs et prolongé par les média

Ici, conscients de la capacité d’influence des média occidentaux sur les prises de décisions et sur les tendances de perception de la politique africaine de leurs gouvernements, le leader africain, dans son pays, confiera en primeur ses déclarations aux correspondants de ces média étrangers. Il dédaignera presque les journalistes locaux qu’il qualifiera souvent de non professionnels ou de manque de portée internationale de leurs média. Il faut donc dire que le leader d’opinion africain autorisé tombe sans y avoir réfléchi dans le piège de son autodestruction.

La conspiration dont le Rwanda est l’objet actuellement, et dans une moindre mesure l’Ouganda, à propos de leur présumée implication dans la situation de l’Est de la RDC aux côtés des rebelles du M23 ne relève que de cette démarche maladroite des acteurs politiques de la région qui ne donnent pas assez d’importance aux utiles média locaux. Il est vrai qu’ils tiennent à cœur ceux qui ont des perceptions et points de vue extrêmement identiques avec les pouvoirs publics.

Leurs opinions font autorité, biaisées ou incomplètes soient-elles

Les correspondants de ces média occidentaux vont effectivement sur la scène des événements. Ils travaillent en recoupant des sources d’information dont les chaînons terminaux manquent au point qu’ils comblent ce vide par des conclusions selon le prisme idéologique qu’ils ont pris. Et ces conclusions font autorité en métropoles.

Il faut ici respecter le travail qu’ils font car, la plupart des fois, ils sont assez outillés en équipements de transmission rapide de leurs informations et en moyens financiers leur permettant une mobilité aisée. Pour cela, ils font du terrain où se vit l’événement.

Pauvres décideurs politiques africains qui ne comprennent pas que se doter d’une presse capable et effective est plus un atout qu’un danger.

Les sentiments de l’africain blessé à fleur de peau, outil précieux d’une presse occidentale biaisée

Présentement, il s’agit de la façon dont ces correspondants des médias occidentaux, tous, relayés par les média kinois qui ne font verser que dans les sentiments de la victime agressée, tournent les événements pour avancer la piste du soutien militaire bien appuyé par l’armée rwandaise aux rebelles du M23.

Le rapport onusien rentre également dans le même schéma d’hypothèses et de faits à vérifier qu’on ne vérifie que par des ‘on-dit’, pour devenir des faits évidents constituant des preuves de l’implication profonde du Rwanda dans cette instabilité de l’Est de la RDC.

Stratégies bien assises de diabolisation de ‘pays agresseurs’

Toutes ces milliers de dépêches envoyées dans l’air, sur le web ou radio et télédiffusées au quotidien font leur effet. Tout est sciemment ajusté. A force de ressasser de ces propos, à force d’avancer à tout bout de champ le soutien du Rwanda aux rebelles du M23 sans toutefois y ajouter des éléments nouveaux, l’opinion publique de leurs pays les prendra pour des vérités et influera sur les prises de décision nécessaires dont la suspension de l’aide à ce petit pays « qui utilise l’argent du contribuable anglais pour aller tuer les paisibles citoyens congolais ».

« La presse en Grande Bretagne influence énormément sur les hauts cercles de prise de décision du pays. La récente décision du Gouvernement Britannique de suspendre la livraison pour ce décembre 2012 de quelques 21 millions de Livres Sterling a été creusée par les média qui secouent les citoyens en leur disant que l’aide au développement que leur pays donne au Rwanda est détournée pour l’achat d’armes tuant les Congolais. Le citoyen britannique se fait fort à l’idée de dire que cet argent, c’est lui l’origine car il paie des taxes. Il va faire des pétitions aidé par des ONGs aussi intéressées. Les Parlementaires vont crier et la ministre va sortir une décision aussi triste que celle de suspendre l’aide au développement du Rwanda », a déclaré un observateur politique proche des milieux anglais.

Géostratégies britanniques changeraient-elles de schéma ?

« Le Rwanda a parfait deux des trois exigences qui sont dans le MOU (Memorandum of Understanding). Il atteindra avant 2015, les indicateurs le montrent, les objectifs de Développement du Millenium dont l’éradication de la pauvreté, l’accès pour tous à l’Education universelle et les efforts pour le Gender. La bonne gouvernance fait de grandes avancées avec une tolérance zéro dans sa lutte contre la corruption. L’autre condition qui n’est pas respectée est sa présence aux côtés des rebelles des M23 en RDC… », a déclaré l’observateur politique montrant par là comment l’opinion britannique autorisée voit le Rwanda comme un partenaire fiable, utilisant parfaitement bien l’aide qu’il reçoit de la Grande Bretagne et, de surcroît, ne demandant pas d’être assisté par des expatriés britanniques pour la consommer.

« Le fait que le Rwanda politique dit au donateur qu’il connaît très bien ses problèmes, qu’au bailleur de lui donner ce dont il a besoin pour résoudre ses problèmes mais qu’il n’a pas besoin d’experts occidentaux pour l’épauler ; Ça c’est la particularité de l’esprit rwandais du partenariat avec ses bailleurs. Il est fort possible que ce mode a des accents particuliers qui ne sont pas pour plaire les bailleurs de fonds d’un Rwanda qui affiche ce trop d’indépendance … », déclare cet analyste qui a gardé son anonymat montrant comment les média britanniques peuvent avoir forgé une certaine opinion publique sur base de faits comportementaux sur terrain.

Rediriger les aides britanniques, pouvoir des media

Le fait que l’aide qui était destinée au Rwanda soit redirigée sur l’Est de la RDC sous forme de distribution de vivres aux déplacés internes et à d’autres secteurs, cela veut-il dire qu’on comprendrait ceci comme un début de renversement de géostratégies britanniques qui comprennent parfaitement le poids de ce pays continent et le caractère moins exigeant de ses dirigeants en forme de mode de consommation des aides ?

Or remarquera en passant une aberration dans le modus operandi des média occidentaux. Ceci peut attester qu’ils poursuivent un objectif précis, celui de démystifier des régimes rwando ougandais qui ont fait la sellette durant plusieurs décades et qui ne se sont pas parfaitement conformés aux MOU qu’ils ont signés avec la puissance anglaise pourvoyeuse de la manne budgétaire bon an mal an à ces deux pays.

Media occidentaux, Appui aux géostratégies et parti pris

Avant-hier, les M23 décident de hausser le ton contre leur gouvernement. Un tollé de protestations et accusations de la part des média internationaux fuse. Le feu de propagation est attisé par des ONG opérant dans la région et des panels d’experts de toutes sortes.

On accuse l’Ouganda et surtout le Rwanda d’appuyer militairement ces mutins qui « veulent balkaniser la RDC » quitte à renverser la vapeur au profit de ces deux pays voisins avec la création d’une supposée « République des Volcans ».

Hier, alors que les mutins du M23 se retiraient de Goma, fidèlement aux recommandations faites par les pays membres du CIRGL/ Conférence Internationale sur la Sécurité dans la Région des Grands Lacs, ayant laissé un couloir parfaitement exploitable par les irréductibles FDLR rwandaises/Forces Démocratiques de Libération du Rwanda, celles-ci vont se permettre un court petit voyage sanguinaire au Rwanda, dans les localités voisines de la RDC.

Quelques morts et des blessés ? Bah ! Cela ne retiendra pas sérieusement mon attention, semble dire ou écrire la presse internationale.

En fait ces deux attaques des Fdlr sur leur patrie a bouleversé tout le schéma de pensée de cette presse. Et elle a horreur de revoir la copie de sa ligne éditoriale.

Difficultés de rediriger la ligne éditoriale

Montrer un régime rwandais menacé sur son territoire par des hommes qu’il pourchasse soit disant pour crime de génocide et crime contre l’humanité depuis 1996-7 dans ce vaste Congo, là ça désoriente les chers média internationaux tout autant que la presse congolaise a toujours pensé que la solution idoine est que le Rwanda politique soit favorable aux négociations avec ces « forces génocidaires ».

Cette presse voulait excuser l’erreur du Père de l’actuel Kabila qui les a fait revenir de Congo Brazzaville, de la RCA et d’ailleurs pour venir l’aider à chasser hors de son territoire ces « sales rapaces rwandais » qui l’avaient, il y avait de cela quelques mois, intronisé à Kinshasa.

Toute cette période d’intenses relations entre la RDC et ses parrains a souvent été principalement rapportée par les média occidentaux, les média locaux que faisant que relayer l’information. Toutes les conséquences d’un traitement de l’information avec des accents idéologiques donnés reposent sur celui qui en a la primeur.
Les politiciens rwandais voudront-ils revoir leur façon de traiter la presse locale tout en lui permettant en priorité un accès à l’information de première main ?