Alors que depuis une semaine, la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo dit soupçonner un usage excessif de la force dans l’ex-province du Kasaï, une vidéo en passe de devenir virale sur les réseaux sociaux jette un nouveau trouble. On y voit des hommes en uniformes de l’armée congolaise ouvrir le feu sur des civils qui chantent. Ils portent tous les bandeaux emblématiques des présumés miliciens Kamuina Nsapu. Les survivants sont exécutés, parfois à bout portant. Le gouvernement congolais et la Monusco disent tous deux enquêter sur ces images pour en vérifier l’authenticité et éclaircir les circonstances.
« Tirez ! », ordonne une voix hors champ. Les chants qu’on entend au loin sont peu à peu étouffés par des tirs. Celui qui filme la scène est derrière la première rangée d’hommes en uniformes qui ouvrent le feu. On l’entendra plus tard interpeller l’un d’eux : « Mon major ». Et même donner des noms. Sous le feu, les silhouettes s’effondrent. « Avancez et cessez le feu ! », hurle toujours le donneur d’ordre.

Les hommes en uniformes de l’armée congolaise obéissent et progressent. La première victime qui apparaît est une femme, visiblement déjà touchée, un bandeau autour de la tête, comme en portent les miliciens Kamuina Nsapu. Un tir soulève son pagne. Elle tente de lever un bras, mais une rafale l’achève.
Le narrateur désigne lui-même les survivants : « Celui-là, celui-là, là, il n’est pas mort ». Coups de feu. Devant une autre victime : « C’est bon, il a déjà son compte, je l’ai déjà eu ». L’auteur de la vidéo va même jusqu’à s’adresser au cadavre : « Toi, tu as déjà ton compte. Bande d’animaux seulement ! ». Chaque victime est soigneusement filmée, comme s’il s’agissait d’un décompte.
Des victimes armées de lance-pierres et de bâtons
A chaque étape dans leur progression macabre, le narrateur prend un moment pour commenter la scène : « Ici dans le village de Muanza-Lomba, c’est là où nous venons de nous affronter avec eux. Nous leur avons démontré que la force reste toujours à la loi ». Et il ajoute, tout en continuant de filmer les corps des femmes et des hommes, vieux comme jeunes : « Ils sont nombreux, mais on va les poursuivre jusqu’à l’infini, quoi ».
Sur ces images, on peut dénombrer au moins une quinzaine de victimes. Toutes semblent uniquement munies de bâtons, de balais et de lance-pierres.
Derrière les hommes en uniformes, un camion couleur kaki sombre avance au rythme de leurs pas. Et l’auteur de la vidéo continue de commenter : « Il n’y a pas que des enfants. Il y a aussi des papas (…), comme ce vieux papa avec son lance-pierre ».
A un moment, l’auteur des images cite même plusieurs noms de « majors » et de certains de ses compagnons qu’il ne semble pas tous connaître. A la fin de la vidéo, le narrateur prononce à deux reprises le mot « FARDC », les Forces armées de la République démocratique du Congo, et répète ces mots : « La force restera toujours à la loi ».
Du côté de l’armée congolaise, un haut gradé assure que la justice militaire sera instruite pour diligenter une enquête. La ministre des Droits de l’homme, Marie-Ange Mushobekwa, précise qu’une réunion interministérielle avec ses collègues de l’Intérieur et de la Défense devrait avoir lieu dans le weekend.
Avec rfi.fr
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