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L’auteur Musomandera réclamme les réparations des droits des rescapés

Redigé par rfi
Le 2 avril 2014 à 12:56

Au Rwanda, vingt ans après le génocide, ils sont des milliers comme elle. Elise Rida Musomandera, avec le concours de deux amies françaises, vient d’achever un ouvrage, Le Livre d’Elise, dans lequel elle décrit son mal-être de rescapée et la quête de soi, et lance un cri de détresse vibrant aux autorités.
Le 7 avril 1994, au lendemain de l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana, le père d’Elise a senti que la fin était proche. Ses voisins Hutu étaient sans cesse plus agressifs et (...)

Au Rwanda, vingt ans après le génocide, ils sont des milliers comme elle. Elise Rida Musomandera, avec le concours de deux amies françaises, vient d’achever un ouvrage, Le Livre d’Elise, dans lequel elle décrit son mal-être de rescapée et la quête de soi, et lance un cri de détresse vibrant aux autorités.

Le 7 avril 1994, au lendemain de l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana, le père d’Elise a senti que la fin était proche. Ses voisins Hutu étaient sans cesse plus agressifs et menaçants. Jean Gakenyeye a donc réuni sa famille une dernière fois. Elise se souvient mot pour mot de ses vibrants adieux, reproduits dans son ouvrage, Le Livre d’Elise. « Mon père nous a dit : "Ecoutez, ma femme, mes enfants, vous savez combien je vous aime, vous savez combien je suis fier de vous".

Et à ma mère : "Je te remercie beaucoup pour l’amour que tu m’as donné". Puis à nous tous : "Je vous remercie pour toutes les années que nous avons vécus en famille, je ne les oublierai jamais... mais je vous demande de me pardonner. J’ai toujours promis de vous protéger. J’ai promis de vous défendre, mais je ne peux pas ma femme, je ne peux pas mes enfants. Je suis vraiment incapable de vous protéger de la haine de ceux que je considérais comme mes amis, ce sont nos voisins." »

Le père d’Elise a donc quitté le foyer le même jour, pour tenter d’échapper aux tueurs, à moins qu’il ne se soit sacrifié pour protéger les siens. Il a été tué deux jours plus tard, puis est venu le tour de la mère d’Elise et de ses deux frères. Elise, alors âgée de dix ans, rapporte dans son récit que c’est elle qui la première a reçu un coup de gourdin.

Plaquée au sol, elle a perdu connaissance. Elle écrit devoir son salut aux cadavres de sa mère et ses deux frères qui lui sont tombés dessus, et qui l’ont caché. Elise a néanmoins été repérée, a subi moult sévices, avant de trouver une bonne âme qui l’a protégée.

« N’abusez pas de notre désir d’unité »

Dans Le Livre d’Elise, qui paraîtra en France aux éditions Les Belles Lettres à la fin du mois d’avril, la jeune femme au caractère trempé interpelle aussi les autorités lorsqu’elle écrit : « N’abusez pas de notre désir d’unité ». Elle regrette aussi que le gouvernement soit obstiné par la quête de la performance, le développement et la modernité.

« Les gens disent que le génocide, c’est fini, et qu’on doit avancer. Mais si une victime attire l’attention sur les gens qui souffrent encore, on lui répond : "Nous on veut avancer, et toi tu nous ramènes en arrière dans le génocide". Et ils te laissent tomber. Mais tous ces orphelins, toutes ces femmes violées, ces victimes qui vivent parfois dans la misère, il ne faut pas les oublier et dire "on avance", il faut s’en occuper ! »

Elise réclame pour les survivants des réparations, et un titre de propriété. Elle s’affranchit du politiquement correct, alors que le gouvernement souhaite tourner la page du génocide, remettre les compteurs à zéro, et bannir de la sphère publique les références à telle ou telle ethnie.

L’auteure en herbe affirme que la politique ne l’intéresse pas et estime que dans l’ensemble, la République rwandaise est entre de bonnes mains. Elle assume néanmoins son cri de détresse et des doléances déclamées haut et fort dans un pays où les voix dissonantes sont rares et peu amplifiées.


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