Le journal News of Rwanda tente de montrer les relations sentimentales qui lient le Président tanzanien Jakaya Kikwete avec le Congolais Joseph Kabila qui soutient les FDLR rwandaises en mal de cohabitation avec Kigali. Le journal montre que les deux présidents entretiennent des relations d’affaires personnelles. Il va loin montrant des relations parentales entre la Première dame tanzanienne et la famille de feu le Président rwandais, Juvénal Habyarimana. Dans sa dissertation, le journal tente d’expliquer le pourquoi Kikwete aurait provoqué le courroux de Kigali en lui proposant de négocier avec les FDLR. Il se peut que le journal tente de montrer juste un point d’un iceberg, que la question de fond serait un retournement de géostratégies de la région de cette Afrique centrale et de l’Est où plusieurs puissances intéressées essayent de tirer leur épingle du jeu.

Fin Septembre 2012, une réunion au Sommet a été convoquée urgemment par la ICGLR à Kampala. Au cours de ce sommet, le président tanzanen Jakaya Kikwete a prononcé un discours passionné montrant comment la Tanzanie était préoccupée par la fin de l’insécurité en RDC. Le Président a informé ses pairs que la Tanzanie était prêt pour l’usage des armes à cet effet.Quelques mois après, les troupes tanzaniennes étaient déployées dans l’Est de la RDC. Le journal News of Rwanda rapporte que cet envoi de troupes tanzaniennes obéissait aux intérêts personnels du Président qui a fait fi des conseils du Service Tanzanien de Renseignement militaire (TISS/Tanzanian Intelligence and Security Service).

Dès l’autorisation du déploiement de 3.069 hommes de troupes de la FIN (Force Internationale Neutre) dont 1283 militaires tanzaniens, le général de Brigade James Aloys Mwakibolwa a été nommé commandant de la FIN et au 10 mai 2013, le premier groupe d’élite de 100 militaires tanzaniens était déployé à Goma, Chef-lieu du Nord Kivu.

Ce déploiement a créé un précédent dans le leadership militaire tanzanien au point que le Président Jakaya Kikwete a nommé à la tête du TISS un certain Zongo, déposant ainsi M. Rachid Othman qui s’était formellement opposé à l’envoi des troupes tanzaniennes dans l’Est de la RDC. Ce dernier critiquait le Président Kikwete de mal gérer la situation géopolitique de la région aux dépens de la Tanzanie.

La soeur jumelle du Président Joseph Kabila dans le jeu

Le refus du Chef de renseignement Rashid Othman s’explique par le fait que le président a décidé de l’envoi pour des raisons autres que ceux de l’Etat tanzanien en complicité avec le président congolais Joseph Kabila par l’entremise du Sommet de la SADC (Southern Africa Dévelopment Community) du 5 septembre 2012.

En effet, les deux présidents ont des affaires commerciales personnelles communes.La Première dame de Tanzanie, Mme Salma Kikwete et la sœur jumelle du Président Joseph Kabila gèrent conjointement un comptoir de minerais dans Mikocheni, un quartier résidentiel chic de Dar-Es-Salaam. Elles détiennent également Renzo et Virago, deux boutiques de haute gamme dans ce quartier. Ces deux boutiques ne sont pas enregistrées dans l’Office des Recettes Tanzanien (TRA).

Comment les FDLR entrent en jeu ?

Au 26 mai 2013, au cours de la rencontre au Sommet de l’Union Africaine à huis clos, lisant un discours très bien préparé, le Président Kikwete a déclaré au Président rwandais Paul Kagame qu’il y avait urgence de négocier avec les FDLR. Depuis lors, les relations entre le Rwanda et la Tanzanie n’ont cessé de se détériorer.
Confiant en privé, les proches conseillers du Président Kikwete ont indiqué à leurs interlocuteurs que cette déclaration n’est pas du tout le fruit d’une quelconque concertation.

Publiquement, beaucoup d’officiels tanzaniens ont laissé le champ libre à deux hautes personnalités, Kikwete et son ministre des Affaires étrangères, de s’empêtrer dans cette situation.

Ici tout s’explique par le fait que Dorca Membe, la femme du Ministre Membe est une amie d’enfance de la Première Dame tanzanienne.

News of Rwanda a une information exclusive selon laquelle une nommée Shabina Stillman, haut fonctionnaire près l’Ambassade américaine de Dar-Es-Salaam aurait envoyé le 5 mai 2005 un cable à Washington spécifiant que Mme Salma Kikwete a des relations parentales proches avec la famille de Juvénal Habyarimana.

« Ceci expliquerait-il cette soudaine sympathie du Président Kikwete en faveur des FDLR soutenues par le Président Joseph Kabila ? », se demande le journal online News of Rwanda.

Le journal semble aller dans les sentiments tout en passant sous silence les causes profondes qui sont à l’origine du revirement du statu quo géostratégique de la région.

Le fait que la Tanzanie officielle n’a pas vu d’un bon œil l’accompagnement du clan Kabila par le Rwanda et l’Ouganda pour son intronisation à Kinshasa sans qu’elle soit dans le projet, serait déjà un point notoire à éveiller les états d’âme de cette dernière.

Celle-ci n’a-t-elle servi de base arrière à Kabila père qui s’est fourvoyé durant plus de 30 ans dans les maquis du Sud Kivu en quête de la capture du pouvoir de Kinshasa ?

Le contentieux ne date pas d’hier. Depuis que Laurent Désiré Kabila a été intronisé par ses parrains rwando ougandais, celui-ci a préféré des instructeurs militaires tanzaniens et belges au lieu des Rwandais et/ou Ougandais.

Ceci est également significatif car le ce vieux maquisard, LD Kabila, en a profité pour rappeler de Tanzanie, Congo Brazzaville, de Zambie…, les ex-militaires rwandais des ex-FAR (anciennes Forces Armées Rwandaises sous le régime de feu Président Juvénal Habyarimana 1973-1994) et autres Interahamwe très en colère et décidés d’en découdre avec le nouveau régime en place à Kigali.

En revenant sur sa parole donnée avec les Accords de Lemera qui spécifiaient que ce qui allait être redénommé Congo Kinshasa accordait un espace sécuritaire de 300 Km en profondeur du Congo, un espace exempt de toute menace contre les pays de la frontière Est de la RDC dont le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda ; ce revirement obéissait à une géostratégies des puissances régionales et surtout occidentales qui s’estimaient ainsi blessées de se voir damer le pion de cette riche région de l’Est de la RDC où se trouvent de grandes concessions minières de ces puissances-là.

De cause à effet, les sentiments à fleur de peau de Kikwete appelant aux négociations du Gouvernement rwandais avec les FDLR dont la structure dirigeante est composée de génocidaires peuvent être qualifiées de couverture superstructurelle politique alimentant un contentieux de fond dans lequel plusieurs puissances occidentales (France, Belgique, Rome) et régionales (Afrique du Sud ou Angola ou Zimbabwe) sont associées.

La tanzanie est elle un tremplin ? Est-elle instrumentalisée ?

Non. Elle aussi a des intérêts économiques certains. Ceux de se voir élevée au rang de partenaire économique privilégié avec la RDC et les autres pays de la SADC, devenant ainsi une plaque tournante des affaires privilégiée, un marché prospère de convergence des pays de la SADC. Dans tout ceci, le Rwanda qui est déjà à un niveau avancé préférant se tourner résolument vers l’Est, lui porte ombrage.