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RDC - Rwanda : qu’est-ce qui bloque (encore) le désarmement des FDLR ?

Redigé par IGIHE
Le 5 octobre 2014 à 04:28

Des rebelles FDLR près de Pinga, à 150 km au nord-ouest de Goma, dans l’est de la RDC. © AFP
Après la neutralisation du M23, la brigade d’intervention des Nations unies devait s’attaquer aux autres groupes armés notamment les rebelles rwandais FDLR. Mais les pays de la région ont décidé d’accorder six mois à ces derniers pour qu’ils se rendent. Trois mois plus tard, zéro reddition…
"Sur le terrain, rien ne bouge", reconnaît une source onusienne proche du dossier. Le 2 octobre pourtant, trois mois se sont (...)

Des rebelles FDLR près de Pinga, à 150 km au nord-ouest de Goma, dans l’est de la RDC. © AFP

Après la neutralisation du M23, la brigade d’intervention des Nations unies devait s’attaquer aux autres groupes armés notamment les rebelles rwandais FDLR. Mais les pays de la région ont décidé d’accorder six mois à ces derniers pour qu’ils se rendent. Trois mois plus tard, zéro reddition…

"Sur le terrain, rien ne bouge", reconnaît une source onusienne proche du dossier. Le 2 octobre pourtant, trois mois se sont écoulés depuis qu’un ultimatum de six mois a été accordé aux rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) par les États de la région pour qu’ils désarment volontairement.

"Si nous refusons de déposer les armes comme convenu, c’est parce qu’on cherche à nous imposer certaines conditions inacceptables sans nous avoir consulté au préalable", se défend La Forge Fils Bazeye, porte-parole des FDLR. Et de pointer la Mission de l’Onu pour la stabilisation du Congo (Monusco) : "Nous avons demandé à la Monusco par exemple d’agrandir les deux camps de transit au Nord-Kivu et au Sud-Kivu pour pouvoir recevoir d’autres combattants qui sont prêts à se rendre, mais on exige de les envoyer à Kisangani, ville choisie pour le regroupement de nos hommes sans notre accord."

À en croire le rapport de Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, publié le 24 septembre sur la mise en œuvre de l’accord-cadre entre la RDC et les autres pays de la région, "au 31 août, seuls 103 combattants des FDLR et 202 personnes à leur charge avaient déposé 102 armes et s’étaient rendus dans le Nord-Kivu, tandis que 83 combattants et 236 personnes à leur charge avaient déposé 83 armes dans le Sud-Kivu." Au total, quelque 186 éléments FDLR seulement se sont rendus jusqu’ici et "se trouvent actuellement dans des deux camps de transit gérés par la Monusco, à Kanyabayongo (Nord-Kivu) et à Walungu (Sud-Kivu)", précise le texte.

Désarmement au point mort

Autrement dit, depuis la timide vague de reddition fin mai, le désarmement volontaire des FDLR est resté au point mort. La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) avaient prévenu que des opérations militaires contre ce groupe armé seraient organisées "au cas où aucun progrès ne serait constaté lors de l’examen à mi-parcours d’octobre". Un sommet conjoint SADC et CIRGL doit être convoqué dans les prochains jours "pour décider de la marche à suivre".

Les pays de la région décideront-ils de suspendre l’ultimatum pour engager la traque des FDLR ? En tout cas, la Monusco de son côté se dit prête à neutraliser ces rebelles rwandais. Son chef, Martin Kobler, ne croit plus au désarmement volontaire des FDLR qu’il accuse de bloquer le processus en exigeant l’ouverture d’un dialogue avec Kigali avant de se rendre (une condition "inacceptable" pour les autorités rwandaises). Problème : des troupes qui composent la brigade d’intervention de l’ONU – des soldats tanzaniens, malawites et sud-africains - ne peuvent pas bouger, sans aval de leurs États respectifs, membres de la SADC et/ou de la CIRGL. "Nous attendons le feu vert des pays de la région", renseigne notre source onusienne.

"L’option militaire doit être remise sur la table"

En attendant, Kigali s’impatiente. "Toutes ces tergiversations doivent cesser", tonne Olivier Ndurungirehe, représentant adjoint du Rwanda auprès des Nations unies. "Il faut maintenant que la Monusco et la brigade d’intervention mettent en œuvre les décisions du Conseil de sécurité qui demande la neutralisation de tous les groupes armés présents dans l’est de la RDC, y compris les FDRL", insiste-t-il, dénonçant à son tour "l’absence de volonté des FDLR de se désarmer".

En conséquence, "l’option militaire doit être remise sur la table", suggère le diplomate rwandais. "Pourquoi la brigade d’intervention de l’ONU devrait-elle attendre encore trois mois supplémentaires avant de les traquer alors que ces rebelles ne désarment pas et qu’ils ont même indiqué qu’ils ne le feront pas ?" s’interroge-t-il.

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À tort, les dirigeants FDLR considèrent que la RDC devait mettre la pression sur le Rwanda pour que ce dernier accepte d’engager des pourparlers avec eux. C’est une erreur !

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Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais

Du côté de Kinshasa, c’est le même constat : "Il n’y a pas eu de progrès", reconnaît Lambert Mende. Mais le porte-parole du gouvernement congolais estime que "l’ultimatum de six mois, décidé par les chefs d’État de la région, doit être maintenu jusqu’à son terme", avant d’engager des opérations militaires contre les FDLR.

Pour Lambert Mende, le blocage constaté dans ce processus de désarmement volontaire ne serait du qu’à une "perception fausse" des dirigeants FDLR sur le rôle que doit jouer Kinshasa. "À tort, ils considèrent que la RDC devait mettre la pression sur le Rwanda pour que ce dernier accepte d’engager des pourparlers avec eux. C’est une erreur ! Dans tous les cas, ils rentreront chez eux de gré ou de force", conclut le ministre congolais.

Avec Jeune Afrique


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