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« Kigali devrait négocier avec les FDLR », une indelicatesse de Jakaya Kikwete mal accueillie a Kigali

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 30 mai 2013 à 12:23

Les récentes déclarations de Jakaya Kikwete sur les négociations entre Kigali et les FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) comme une réplique des négociations de Kinshasa avec le M23 de Kampala ont été très mal accueillies dans les milieux de rescapés du génocide des Tutsi de 1994.
On a longtemps parlé de conspiration de la Communauté internationale contre Kigali. Les déclarations du voisin tanzanien Jakaya Kikwete sont une autre illustration de cette conspiration contre le régime actuel (...)

Les récentes déclarations de Jakaya Kikwete sur les négociations entre Kigali et les FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) comme une réplique des négociations de Kinshasa avec le M23 de Kampala ont été très mal accueillies dans les milieux de rescapés du génocide des Tutsi de 1994.

On a longtemps parlé de conspiration de la Communauté internationale contre Kigali. Les déclarations du voisin tanzanien Jakaya Kikwete sont une autre illustration de cette conspiration contre le régime actuel de Kigali qui est décidé plus que jamais à exceller dans sa gestion pour produire davantage de richesses sociales malgré son enclavement.

Jakaya Kikwete a-t-il déclaré que Kigali devrait négocier les FDLR dont le leadership est recherché par les instances internationales pour crimes de génocide et de guerre autant que le fait Kinshasa avec le M23 ? Une certaine opinion s’est demandé le pourquoi de cet amalgame ou celui qui est derrière ce courant politique.

L’a-t-il dit à la sortie d’une réunion de Chefs d’Etat membres de l’ICGLR (Conférence Internationale sur la Sécurité, la Paix et le Développement des Etats de la Région des Grands Lacs) où Kagame et Kabila étaient présents avec Ban KiMoon ? Kikwete a décidé de montrer sa façon de lire la géopolitique dans les Grands Lacs, ses intérêts personnels, ceux de son Etat, ceux des pays puissants dans la SADEC (Communauté Economique des Etats d’Afrique Australe) dont font partie la RDC, la Tanzanie et l’Afrique du Sud) et sa conception de la paix dans la région.

Le Tanzanien s’enfiche pour ce qui est du génocide des Tutsi de 1994. Il ne veut rien entendre du mandat international lancé par les Etats Unis contre quelques personnalités FDLR dont le Commandant suprême, le Gén. Sylvestre Mudacumura.

« Voici une nouvelle qui montre que la plupart des personnes intéressées à voir cesser la poursuite des génocidaires rwandais ne sont pas nécessairement des Rwandais. Il y a une perception révisionniste eu égard au génocide des Tutsi du Rwanda de beaucoup de politiciens de la région et du monde entier. Jakaya Kikwete lui est une personnalité intéressante dans ses prises de position et son orientation idéologique qui n’ont pas été appréciées par l’ancêtre Julius Nyerere qui, en dressant la liste des personnalités présidentiables, l’avait écarté le jugeant trop négativement opportuniste », confie à IGIHE cet observateur de longue date de la société tanzanienne.

« Cela ne m’étonnerait pas que cette déclaration puisse venir des puissances régionales intéressées au règne de non-paix et d’indiscipline caractérisée dans la gestion des mines de la région pour qu’elles en profitent davantage », a-t-il ajouté semblant privilégier le géant sud africain notant que les intérêts qui motivent des déclarations comme celle de Jakaya Kikwete sont plus personnelles qu’étatiques.

M23 menace-t-il les intérêts individuels de certains concessionnaires dans les mines ?
Les déclarations de Jakaya Kikwete ont été saisies au bond par la presse kinoise qui ne tarit pas d’éloge au Président tanzanien pour « son franc parler ».

Pourtant, d’autres motivations sentimentales pourraient se cacher derrière ces déclarations fracassantes.

« Certains dirigeants tanzaniens pourraient ne pas avoir vu d’un bon œil l’aventure des armées rwandaises et ugandaises accompagnant le clan Kabila à Kinshasa sans qu’ils soient associés à cette entreprise alors que les Kabila portent la Tanzanie dans leur cœur pour y avoir passé le clair de leur période de réfugiés. Cet état d’esprit suffit pour que Kikwete ait une mauvaise lecture de la géopolitique de l’Afrique des Grands Lacs. Outre le fait que ces deux pays peuvent réclamer un périmètre de sécurité où leurs opposants (FDLR pour le Rwanda et NALU-ADF pour l’Uganda)ne doivent pas franchir en échange de l’intronisation des Kabila par leurs soins, les tribus locales rwandophones, fer de lance du changement de régime de Kinshasa et de l’avènement du clan Kabila, dans leur quête de l’entière nationalité congolaise, pourraient réclamer une gestion transparente des ressources naturelles de l’Est de la RDC et de gros pourcentages des recettes de celles-ci qui doivent rester dans les entités provinciales pour plus de développement. On comprend par là que ces M23 vont donc être combattus surtout que leurs revendications sont plus que militaires ; elles empiètent sur le politiquement social », a confié à IGIHE un analyste politique de la scène de la Région ayant requis l’anonymat.

Doit-on donc dire que les déclarations de Jakaya Kikwete tombent comme une massue qui bloque momentanément le projet de retour à Kampala des négociateurs kinois et ceux du M23 ? Est-ce une déclaration de guerre possible quand on sait que Kigali a consommé les remarques de Jakaya Kikwete avec beaucoup d’amertume et que cela lui a donné une nouvelle occasion de réévaluer la nuisibilité ou la neutralité et jamais l’impartialité de son voisin de l’Est ?


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