Remaniement : la difficile équation paritaire de Manuel Valls

Redigé par Le Monde
Le 2 avril 2014 à 08:40

Cela avait été un des premiers signes importants du changement promis par François Hollande : en 2012, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault était paritaire, alors que le précédent, sous Nicolas Sarkozy, ne comptait que huit femmes sur trente-trois membres. Au gré des miniremaniements, il comptait encore, au moment de sa démission, dix ministres femmes et dix hommes, et huit ministres déléguées femmes pour neuf hommes.
La mesure, très symbolique, a d’emblée emporté l’adhésion des féministes, même si (...)

Cela avait été un des premiers signes importants du changement promis par François Hollande : en 2012, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault était paritaire, alors que le précédent, sous Nicolas Sarkozy, ne comptait que huit femmes sur trente-trois membres. Au gré des miniremaniements, il comptait encore, au moment de sa démission, dix ministres femmes et dix hommes, et huit ministres déléguées femmes pour neuf hommes.

La mesure, très symbolique, a d’emblée emporté l’adhésion des féministes, même si leur bilan est parfois plus mitigé sur le reste de son action.

Satisfaction d’autant plus grande qu’était nommée, pour la première fois depuis Yvette Roudy en 1981, une ministre des droits des femmes, porte-parole du gouvernement en la personne de Najat Vallaud-Belkacem. La jeune femme n’était pas étiquetée comme féministe mais a pris le poste à bras-le-corps et a réussi à faire progresser certains dossiers qui suscitent traditionnellement des crispations, notamment en obtenant des feuilles de route « paritaires » de chacun des ministères.

ÉVITER L’EFFET « JUPPETTES »

La difficulté pour Manuel Valls sera donc d’éviter l’effet « juppettes ». Sur les douze ministres et secrétaires d’Etat femmes nommées dans le premier gouvernement Juppé en mai 1995, seules quatre sont restées après un remaniement en novembre de la même année.

La tâche se révèle difficile dans le cadre d’une équipe resserrée : la plupart des ministères régaliens du gouvernement Ayrault étaient occupés par des hommes (sauf la justice, dévolue à Christiane Taubira).

Plusieurs ministères de plein exercice mais moins importants, donc susceptibles de disparaître, l’étaient par des femmes :

Sylvia Pinel à l’artisanat, au commerce et au tourisme ;
Valérie Fourneyron aux sports et à la jeunesse ;
Nicole Bricq au commerce extérieur ;
Geneviève Fioraso à l’enseignement supérieur.
Des ministres déléguées devraient également faire les frais du remaniement, comme Yamina Benguigui, chargée de la francophonie, suspectée d’avoir menti sur sa déclaration de patrimoine, ou Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des personnes handicapées, défaite aux élections municipales à Marseille.

D’autres ont eu (comme certains de leurs collègues masculins) de la peine à exister politiquement, comme Hélène Conway-Mouret, chargée des Français de l’étranger, ou Anne-Marie Escoffier, ministre déléguée chargée de la décentralisation. Dominique Bertinotti, ministre déléguée chargée de la famille, a été constamment dans l’ombre de la garde des sceaux Christiane Taubira, qui a porté la réforme du mariage pour tous et n’a pas réussi à faire progresser ses idées. Elle espère cependant que sa loyauté au moment de l’abandon de la loi sur la famille lui permettra de sauver sa tête.

« IL FAUDRA BIEN… »

Sur quelles femmes le nouveau premier ministre pourrait-il s’appuyer ? Outre Ségolène Royal, et Christiane Taubira, qui pourrait se voir attribuer un nouveau poste, Najat Vallaud-Belkacem paraît bien placée pour une promotion : elle a donné satisfaction en tant que porte-parole et figure parmi les personnalités politiques préférées des Français.

Aurélie Filippetti, qui entretient de bonnes relations avec François Hollande et Manuel Valls semble en position de garder un poste au sein de la nouvelle équipe, malgré un bilan contrastée à la culture.

Au-delà de ces cas particuliers, l’équation paraît difficile à résoudre pour le nouveau premier ministre, dont la garde rapprochée en politique est constituée essentiellement d’hommes. Il se retrouve dans la même attitude que François Hollande, dix jours avant le premier tour de la présidentielle.

Interrogé par des journalistes sur la nécessité de former un gouvernement paritaire, il avait lâché : « Il faudra bien… »


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