Repères culturels et recherche pour une education sexuelle de la fille rwandaise

Redigé par NDJ
Le 8 janvier 2018 à 05:23

Il s’avère d’une urgente nécessité l’examen des repères culturels rwandais renforcés par des recherches pour une adéquate éducation sexuelle des mineures.

La société civile rwandaise a, ces derniers temps, pris à bras le corps le défi de grossesses précoces portées par des adolescentes mineures. Beaucoup de reportages réalisés par les média locaux compatissent avec le fait que la plupart de ces grossesses deviennent un fardeau de la mineure qui perd tout espoir de vivre, arrête ses études pour consacrer tout son temps au futur enfant et est présentée par la société rwandaise comme une enfant qui aura transgressé les valeurs culturelles traditionnelles rwandaises.

La plupart des intervenants de la société civile rwandaise à ce sujet ne dissèquent pas la question à fond. Ils ne voient pas dans quelle mesure la société rwandaise est en mutation face à l’impréparation sexuelle de la jeune adolescente. Notez en passant que même les modèles sociaux économiques en cours dans la société et l’accès à toutes les sortes d’informations jouent un grand rôle dans des comportements soudains non maîtrisés des adolescentes qui s’initient n’importe comment à l’éducation sexuelle en l’absence de la participation familiale à celle-ci.

« Il faut que les jeunes filles se ressaisissent, que les parents reprennent en main leurs responsabilités de l’éducation sexuelle de leurs enfants. Moi depuis mon enfance, j’ai grandi dans la crainte de faire des relations sexuelles. Mes parents me disaient toujours qu’une fille ne doit pas faire des rapports sexuels, qu’elle est comme du lait dans un verre dont on ne doit pas boire une petite gorgée sous peine de voir la mouche y tomber », a confié au journal en ligne Umuseke.rw, Immaculée Ingabire, Présidente de Transparency International- Rwanda montrant qu, aujourd’hui comme hier, la fille rwandaise doit rester vierge en abstinence sexuelle totale jusqu’à ce qu’elle sera mariée à la grande satisfaction de sa famille et de la culture et société rwandaise en général

Elle a fait ces déclarations à City Radio de ce dimanche matin du 7 janvier 2018 alors qu’elle était l’invitée d’honneur de cette radio.

De son côté, le ministre de la Justice Johnston Busingye se penche du côté de la répression de ce crime de viol qui fait des ravages dans la société rwandaise promettant des punitions sévères aux criminels de viol jusqu’à l’éradication de ce crime.

La dame Ingabire de la Société civile a les pieds sur terre. Elle trouve que les jeunes filles pubères sans assez de moyens sont émerveillées par de nouveaux gadgets électroniques et autres biens modernes que leur font miroiter les jeunes gens outillés.

« Je suis allée en mission de sensibilisation des jeunes filles contre les grossesses non désirées. Comble de malheur, les jeunes gens qui avaient commis ce crime se sont résolus d’aider leurs partenaires sexuels et leur ont offert des matelas », a-t-elle dit montrant qu’elle n’avait pas apprécié un tel cadeau qui pourrait faire en sorte que d’autres petites filles qui apprécient ce geste, ne dormant pas encore sur cet objet moelleux, pourraient suivre l’exemple de leurs ainées qui se seront mal comportés »,

a dit Ingabire réfléchissant avec dépit sur cette attraction que les garçons exercent sur les jeunes filles nubiles, celles-là qui savent qu’elles ne peuvent pas toucher sur le feu ou qu’elles doivent sauter une flaque d’eau mais que pour éviter des grossesses non désirées, cela devient un problème ; elles ont difficile à résister aux assauts des coureurs de jupons.

Un auditeur de City Radio ayant demandé la Mme Immaculée Ingabire de commenter sur les tenues vestimentaires des jeunes filles qui sont cousues de façon à faire valoir des parties intimes du corps féminin, là encore, la dame de Transparency est acculée d’adopter une attitude de conformité à la culture traditionnelle rwandaise qui veut que toute jeune fille doit s’habiller de façon à cacher toute partie du corps qui éveilleraient l’envie masculine.

« Tout ce qui est caché est objet de curiosité. On ne dit pas qu’on est bien mis quand on montre une certaine nudité indécente. Mais tout cela c’est la faute aux parents qui n’auront pas donné une éducation suffisante à la jeune fille », a-t-elle ajouté montrant que les stéréotypes culturels rwandaises et africains veulent que l’éducation de la jeune fille tient à la virginité pour plaire à son partenaire sexuel de mari le jour où le mariage sera consommé.

Le débat public actuel est-il bien orienté ? Est-il initié par des sociologues et des traditionnalistes rwandais pour faire ressurgir les points-défis saillants de cette question à l’heure où la mobilité sociale fait que les familles ne sont plus du tout les seules autorités éducatives sur leurs enfants ? De tels sociologues ont-ils assez étudié la question pour donner des avis autorisés en la matière ? En effet la société rwandaise prostrée dans la culture de l’oralité ne forme pas des intellectuels qui réfléchissent par écrit sur des phénomènes sociaux pour produire des ouvrages de référence sur tel ou tel défi social.

Johnston Busingye, Ministre de la Justice

Pour le Ministre de la Justice comparaissant devant le Parlement pour une question orale, il est question de rechercher pénalement et réprimer les auteurs de ces crimes de viols jusqu’à son éradication dans la société rwandaise. Une bonne détermination de la justice rwandaise pour protéger les citoyennes du pays qui doivent participer avec les autres au futur développement du pays.

Mais il faut que cette détermination soit suivie d’un cadre de recherche et de publication pour, à la fin, arriver à circonscrire la question en profondeur. Sexualité et amour, culture traditionnelle en perte de vitesse et tabous, capacité financière et pouvoir d’achat citoyen… voilà des axes qui devraient éclairer, après mûres recherches, le décideur public dans la conception de stratégies à arrêter pour juguler ce fléau social rwandais.

Le Ministère de la Justice dans sa réflexion juridique n’a pas à s’en faire avec ces considérations sociologiques. S’adressant à la Commission Sénatoriale politique et Affaires Sociales en décembre dernier, le ministre Busingye s’est engagé à déployer tous les efforts possible pour que les 17.000 jeunes filles mineures ayant contracté des grossesses non désirées dans le pays voient ce crime commis à leur encontre soit réparé d’une façon ou d’une autre.

Pourtant, face à un défi social comme celui-ci, toute répression judiciaire devrait être précédée d’une étude scientifique d’un phénomène, elle-même donnant assez de lumière sur les institutions éducatives publiques qui adoptent des stratégies idoines.


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