RGB au service du développement intégral du citoyen rwandais : un bilan réussi

Redigé par IGIHE
Le 25 décembre 2014 à 11:55

Le professeur Anastase Shyaka, CEO de Rwanda Governance Board, présente l’importance nationale de l’institution qu’il dirige. Il décrit les progrès réalisés cette année dans le domaine de la gouvernance et de l’apprentissage citoyen de la culture de la démocratie. Il brosse un tableau reluisant des activités accomplies au cours de cette année 2014 où la Bonne Gouvernance rime avec amélioration de la perception des citoyens et de la démocratie.
Ce chercheur universitaire reconverti en stratège et (...)


Le professeur Anastase Shyaka, CEO de Rwanda Governance Board, présente l’importance nationale de l’institution qu’il dirige. Il décrit les progrès réalisés cette année dans le domaine de la gouvernance et de l’apprentissage citoyen de la culture de la démocratie. Il brosse un tableau reluisant des activités accomplies au cours de cette année 2014 où la Bonne Gouvernance rime avec amélioration de la perception des citoyens et de la démocratie.

Ce chercheur universitaire reconverti en stratège et planificateur des affaires sociales amène son expérience d’enseignant dans le secteur politique. Il commence par énumérer les missions de RGB.

"L’Office Rwandais de la Gouvernance (RGB/Rwanda Governance Board) est une institution nationale créée pour catalyser la bonne gouvernance dans notre pays. L’Office Rwandais de la Gouvernance (RGB) a pour mission de Promouvoir les principes de la Bonne Gouvernance au sein des institutions publiques et privées ; Contrôler les pratiques de la Gouvernance dans les domaines politique, public, corporatif et civique, avec attention particulière à la prestation de services ; Réaliser des recherches appliquées sur les questions de gouvernance et assurer un plaidoyer stratégique sur les politiques ; Documenter les « initiatives endogènes » et mener des recherches y relatives ; Coordonner la mise en œuvre de la politique de la décentralisation et le renforcement des capacités des gouvernements locaux ; Enregistrer et accorder la personnalité juridique aux ONG, Organisations religieuses, Partis Politiques et Œuvrer au développent des médias", a-t-il indiqué montrant que pour cette dernière mission, il est question également de coordonner les réformes et le renforcement de capacité des médias.

Le professeur avoue que les attributions de RGB sont très larges, qu’elles touchent à la fois à des questions de recherche appliquée à des questions de régulation, de promotion, à des questions de mise en place des standards d’évaluation des études sociales.
Ci après l’interview avec le professeur

Quel Bilan d’activités dressez-vous pour l’an 2014 ?

Beaucoup d’activités ont été réalisées au cours de cette année qui s’écoule.

Nous noterons d’abord une recherche-action l e Citizen Report Card (CRC) conduite par RGB chaque année depuis 2012. C’est une sorte d’étude appliquée à la société où les citoyens font, au niveau de la base communautaire, une sorte d’état des lieux des pratiques de la gouvernance au niveau local et de la qualité des services qui vont de l’infrastructure, l’éducation, de l’agriculture, justice, administration locale. Les citoyens évaluent district par district la gouvernance locale et la qualité des services au niveau local.

Cette année le CRC a été pris en compte dans l’évaluation d’Imihigo (des performances des dirigeants). 10% d’évaluation d’Imihigo ont été tirés de l’évaluation des districts par leurs propres citoyens. Donc les citoyens ont évalué leurs dirigeants, leurs maires à hauteur de 10% de la note totale de performance leur attribuée.

Cette étude est très détaillée. Elle est conduite sur 6 à 8 mois de l’année. Notre échantillon touche plus de 11.000 personnes. Cette activité qui a impliqué les citoyens dans l’évaluation de leurs dirigeants a eu un impact important. Elle nous a permis, après avoir récolté les avis des citoyens, de redescendre dans les trente districts pour soumettre aux dirigeants les avis qu’ont leurs citoyens sur eux, sur les attentes de ces derniers et les stratégies à entreprendre pour avancer davantage.

Organisation du mois de la Gouvernance

Nous avons également organisé par deux fois le mois de la gouvernance dans tout le pays.
Le premier mois, on l’a centré sur l’aspect de ‘self reliance’ (autosuffisance). Nous avons fait la promotion de cette idée d’autosuffisance, de travailler plus, de cette idée de mobilisation du secteur privé et de la société civile à s’impliquer dans la grande productivité nationale. Ç’a été un grand événement.

Plus de 8000 doléances citoyennes reçues et solutionnées

Au cours de ces deux mois de gouvernance, on a pu recueillir plus de 8.000 doléances des citoyens dont plus de 6.000 ont trouvé immédiatement des solutions ; les 2000 restantes ont été acheminées vers des institutions étatiques habilitées pour des études et investigations poussées.

Le fait que durant ces deux mois plus de 75% des problèmes des citoyens ont été solutionnés sur le champ, cela est un capital important.


Renforcement de capacité des autorités locales avec le Coaching Program

Ce programme de coaching a consisté à mettre à disposition des autorités de district un expert en planification pour faire mieux et bien. Nous l’avons fait en collaboration avec le Secrétariat National du Renforcement des Capacités ( National Capacity Building Secretariat), avec le ministère de l’Administration Locale et d’autres partenaires. Ce programme a démarré avec l’appui de PNUD et de GIZ. Cet expert étudiera à fond les potentialités de son district devant être exploitées pour réduire sa dépendance budgétaire du gouvernement central.

Plaidoyer pour les politiques stratégiques

Nous avons constamment organisé des dialogues sur les politiques publiques. Beaucoup d’acteurs locaux et internationaux ont été invités à débattre sur les meilleures options à adopter pour les défis de l’heure. Ainsi, nous avons organisé un dialogue régional sur l’Avenir de la CEPGL (Communauté Economique des Pays des Grands Lacs). Le thème central était « Foreseeing CEPGL at 50 » (Projection : la CEPGL à 50 ans en 2026). On a fait ce dialogue régional pour montrer que la CEPGL fêtera ses 50 ans en 2026, qu’il faut décider des stratégies à adopter pour qu’elle exploite ses potentialités pouvant catalyser le développement des pays de la région. Avec nos amis du Burundi, de la RDC mais aussi de l’Ouganda et de la Belgique, nous avons fait une série de recommandations que nous avons soumises à la CEPGL.

Conférence Internationale sur la Gouvernance démocratique en Afrique, en Asie et au Moyen Orient tenue à Kigali.

Avec les institutions internationales de bonne gouvernance, les Think Tank, nous avons créé en partenariat avec les universités américaines un réseau d’analyses, de débat, de dialogue politique sur les questions de gouvernance et de démocratie en Afrique, en Asie et au Moyen Orient. Cette Conférence est le produit de RGB. Elle s’est tenue à Kigali cette année. La première avait été organisée aux USA.

Nous nous sommes entendus pour organiser cette conférence tous les deux ans.
Cette année, le thème de la conférence était centré sur l’implication, la redevabilité (accountability) et le rôle de la jeunesse dans le développement durable.
A part une série de recommandations qui vont être publiées pour bientôt, on retiendra que nous avons pu réunir presque 300 participants venus 30 pays des quatre continents.

Un Symposium : Gender Forum
Nous avons également organisé un Symposium dit Gender Forum pour souligner le rôle de la femme africaine dans la résolution des conflits mais aussi un autre forum ‘Strategic Foresight for Rwanda’s Development’. C’est un autre Think Tank qui focalise sur la projection dans l’avenir du Rwanda. On l’a fait avec des institutions nationales spécialisées dans les questions de planification stratégique. On voulait inciter les institutions nationales à anticiper, à adopter une approche d’analyses politiques pour vous permettre de pouvoir éviter des problèmes que vous pouvez rencontrer dans l’avenir.


Quel bilan dressez-vous dans le domaine de l’enregistrement des ONGs ? Quelle importance leur accordez-vous

Nous avons travaillé sur les questions d’enregistrement et de régulation des associations de la société civile y compris les confessions religieuses. A ce jour, nous avons enregistré cette année plus de 1300 ONGs y compris les confessions religieuses.

De 1962 à 2012, alors que nous fétions les 50 ans d’indépendance, avons enregistré et certifié quelques 400 ONGs et Confessions religieuses. En 2013 et 2014, nous avons plus que doublé ce chiffre. Nous avons doublé L’année 2014 à elle seule a vu 420 ONGs enregistrées et 223 organisations basées sur les confessions religieuses.
On essaie de faciliter ces ONGs pour qu’elles viennent dans l’espace socio politique et économique pour jouer leur rôle social de manière légale.

Renforcement de capacité des ONG

Le Gouvernement rwandais en collaboration avec One UN a constitué un fonds de 8 millions de dollars (5.4 milliards de francs) pour renforcer les associations de la société civile.

Cette année, nous avons lancé une compétition dans les ONGs et les médias. 26 ONGs y compris peu de médias ayant présenté des projets d’une valeur de 960.000 $ ont été appréciés par Grant Selection Committee (Comité de Sélection des Subventions) composé par beaucoup de partenaires dont les représentants des ONGs internationales, des chercheurs universitaires bref des gens ayant une expérience sans équivoque. Ils travaillent sur des critères clairs et parfaitement quantifiés pour déclarer impartialement que telle ONG est qualifiée ou non pour la subvention.

Sur 182 ONGs ayant soumis leurs demandes, 22 ONGs et 4 collectifs d’associations ont été les heureux gagnants. A chaque ONG, il a été attribué 30.000 dollars et aux collectifs, 80.000 chacun.

Quel objectif poursuivez-vous en finançant les ONGs ?

Nous voulons qu’elles soient fortes dans le domaine de la protection sociale, du développement socio économique, dans le suivi du respect des droits de l’homme, dans le domaine de prestation des services rendus à la population, dans les secteurs d’intervention de la société civile (éducation, santé, environnement… même dans le journalisme d’investigation).

A combien se monte votre fonds d’appui au secteur des médias et associations de journalistes ?

Chaque année le fonds est constitué d’une somme de plus de 300 millions de Francs qui vont principalement à l’ARJ (Association des Journalistes), RMC (Organe d’autorégulation des Journalistes) mais aussi aux rédactions des média.

En finançant les projets des ONGs, visez-vous l’apprentissage citoyen de la culture de la démocratie ? Insinuez-vous que ces ONGs développent la dimension ‘participation citoyenne’ au débat sur la gestion des affaires publiques ?

Oui en effet. Comme les ONGs travaillent dans tous les secteurs de la vie socio économique du pays et qu’elles visent le citoyen rwandais autant que l’Etat, nous pensons que cette société civile donne aux citoyens des outils et des dispositions nécessaires d’abord à la lutte contre la pauvreté et pour une plus grande productivité économique mais aussi à la perception nouvelle du monde et de l’environnement.

La société civile fait partie intégrante de notre société. Quand elle grandit, c’est toute la société rwandaise qui en bénéficie. La Société civile dans sa croissance, il est impératif qu’elle travaille pour la société. Aussi bien qu’elle grandit en capacité et en ressources humaines, elle doit aussi grandir en termes de redevabilité. La société civile s’organise de mieux en mieux. Elle a sa structure, son forum.
Il y va de même pour les médias pour lesquelles nous constatons de grandes avancées.

Les confessions religieuses et les ONGs participent énormément au développement de ce pays. Elles sont rassemblées dans le JADF (Joint Action Forum) logé dans chaque district fait la coordination des différents acteurs dans le district. On est agréablement surpris de constater comment les actions sur le terrain sont bien réparties.

Comment appréciez-vous les politiciens et l’action politique dans la société rwandaise  ?

Il y a onze partis politiques dans le pays y compris le Parti des Verts officiellement agréé dernièrement par RGB. Il faut reconnaître qu’ils sont actifs dans différentes entités de la base communautaire de tout le pays. On les voit organiser des réunions de leurs cadres, faire la mobilisation en toute liberté.

Sont-ils conscients qu’ils doivent être les porte-flambeau du pluralisme politique au Rwanda ?

Le modèle de démocratie que le Rwanda a choisi est celui centré sur le consensus et le partage du pouvoir de par notre Constitution. Nous avons rejeté, nous peuple rwandais, des logiques de confrontation et d’adversarité comme mode de governance et de démocratie. Tout exercice tout comme toutes les ambitions et compétitions démocratiques doivent impérativement en tenir compte.

Les acteurs politiques doivent le comprendre et savoir comment évoluer dans ce modèle avec leurs idéologies respectives.

Il faut savoir que dans le système de démocratie consensuelle il n’est pas défendu de soulever des critiques pourvu qu’elles soient constructives. Il va de soi que ceux qui tentent d’afficher des idéologies divisionnistes se disqualifient eux-mêmes.

Comment la Communauté internationale apprécie-t-elle le mode de gouvernance rwandais ?

Le Rwanda avec 6 autres pays de la communauté internationale sont choisis comme modèles de bonne gouvernance et droit. Particulièrement nous les Rwandais avons développé des méthodes d’autoévaluation et des indicateurs de bonne gouvernance y relatifs qui aident tout dirigeant à se situer et à améliorer ses performances et prestations.

Chaque année nous publions Rwanda Governance Scorecard où nous faisons ressortir des indicateurs de développement intégral qui associe développement et gouvernance. Nous avons établi huit indicateurs de gouvernance y compris ce que nous avons appelé Economic Corporate Governance.


Propos recueillis par Jovin Ndayishimiye


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