Rwanda : L’espace politique non occupé, des réclamations non essentielles de l’opposition

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 26 décembre 2012 à 01:38

Il est intéressant pour une analyste politique de l’arène politique rwandaise d’observer le comportement des partis politiques rwandais agréés et non encore officiels, des partis évoluant à l’intérieur du pays et ceux opérant dans la diaspora, des partis qui veulent entreprendre leur lutte de façon démocratique et d’autres qui, sans le brandir, s’appuient sur des mouvements armés.
Ces trois catégories qui s’imbriquent existent bel et bien dans la façon rwandaise de faire de la politique.
Au cours de (...)

Il est intéressant pour une analyste politique de l’arène politique rwandaise d’observer le comportement des partis politiques rwandais agréés et non encore officiels, des partis évoluant à l’intérieur du pays et ceux opérant dans la diaspora, des partis qui veulent entreprendre leur lutte de façon démocratique et d’autres qui, sans le brandir, s’appuient sur des mouvements armés.

Ces trois catégories qui s’imbriquent existent bel et bien dans la façon rwandaise de faire de la politique.

Au cours de l’émission IMVO N’IMVANO de la BBC Gahuzamiryango de ce dernier samedi 22 décembre, deux politiciens rwandais de l’opposition rwandaise se sont exprimés sur le bilan du FPR au cours de ses 18 ans de règne.

Il s’agit de Gérard Karangwa Semushi du PDP-Pacte Démocratique du Peuple de Déo Mushayidi et de Boniface Twagirimana des FDU-Inkingi (Forces Démocratiques Unifiées). Le journaliste avait souhaité inviter au débat, un délégué du concerné FPR-Inkotanyi (Front Patriotique Rwandais) qui n’a pas répondu à cette invitation.

Les griefs de l’opposition politique

Nous remarquons que les politiciens de l’opposition rwandaise ne sont pas assez professionnels. Ils n’attaquent pas leurs adversaires du FPR régnant par le vrai angle ; l’angle idéologique. Au contraire, ils attaquent sur la superficialité, sur les conséquences de motivations profondes des programmes actualisés entrepris par l’adversaire.

Pour Boniface Twagirimana des FDU, aucun angle montrant le vrai objectif rationnel de la lutte des FDU :
« Le FPR ne favorise pas la liberté d’expression. Les citoyens parlent oui mais, dans la réalité des choses, ce n’est pas vrai. Et puis pour le programme national de la justice Gacaca qu’il a instituée, on ne connaît pas les procès en appel… »

Pour Karangwa Semushi du PDP, « il faut que le FPR accepte de dialoguer avec nous, qu’il accepte notre collaboration. Pour nous, il n’est pas question de prendre sa place. Le Dialogue dont nous parlons est différent de ce fameux dialogue national annuel où les gens viennent donner des rapports et repartir"

Ceci est l’essentiel qu’on peut tirer du débat qui a duré presqu’une heure où les deux figures politiques ont raillé le mode dictatorial FPR de gestion de la société rwandaise tout en reconnaissant que des réalisations de richesses sociales importantes ont été accomplies accusant de criantes inégalités de distribution.

Les officiels critiquent le comportement de l’opposition

« Les gens veulent fonder des partis à travers les médias. Ils commencent à faire un tapage médiatique annonçant leurs intentions politiques sans toutefois se conformer à la procédure et aux démarches officielles de demande d’enregistrement de leurs formations politiques.

Ministre Musoni James, Bonne Gouvernance

Et puis, on est révolté par une sorte de harcèlement qu’ils font comme quoi ils sont soutenus par les pays de la Communauté internationale, que par conséquent, ils doivent obtenir cette agréation officielle dans les meilleurs délais », a déclaré à Igihe , James Musoni le Ministre de la Gouvernance Locale, en ce 10 novembre 2012, alors qu’il venait de s’adresser aux représentants des partis politiques agréés et nécessairement rassemblés au sein d’un Forum de Concertation des Partis Politiques Agréés au Rwanda (FFP).

Les partis coalisés avec le FPR ; une attitude de tempérance du débat liée aux lignes idéologiques

Le Ministre Musoni venait s’adresser au Forum à propos de rapport gender dans les institutions de leurs partis autant que cela est devenu une volonté politique qui insiste sur la représentation de 30% de femmes à tous les niveaux de prise de décision du pays.

Les représentants légaux des partis membres de la coalition se sont exprimés suffisamment sur le silence observé par les partis au point qu’on [penche sur le fait qu’il n’y a pas de débat sérieux au sein du forum.

« Nous, du PL-Parti Libéral, nous publions des communiqués à chaque événement donné pour lequel nous montrons notre perception particulière. Il est vrai que le consensus est de règle dans les séances de débat que nous menons au FFP, mais cela n’interdit pas que nous donnons notre point de vue sur le sujet en question », a déclaré Protais Mitali, Ministre de la Jeunesse et Président du PL. Il a également montré comment le PL est idéologiquement parlant l’allié naturel du FPR :

Ministre Protais Mitali - Président PL

« Nos principes se recoupent avec ceux du FPR en plusieurs points. Nous nous sommes du centre. Notre manifeste programme est basé sur le développement de l’économie dès la base communautaire. Tenez bien que notre parti n’est pas un parti de masse. Nous sommes plutôt un parti de cadres. Nous rassemblons des adhérents qui conçoivent des stratégies de développement et partagent avec les citoyens. Nous n’avons pas l’intention d’afficher de position radicale contre le FPR ou contre le système actuel car nous nous gardons toujours contre toute forme de manifestations violentes quand on sait comment elles ont ruiné le pays en 1994 ».

Une opposition au sein du forum existe bel et bien

Mais quel est l’avis de Mme Christine Mukabunani du PS Imberakuri ?
Elle est décidée à faire entendre la voix et l’option politique critique que le parti a arrêtées à son entrée au FFP en 2008.
« Au cours des débats du FFP, le pluralisme des idées existe. Nous du PS Imberakuri nous montrons ce qui ne va pas. Cependant nous sommes mis en minorité. Notre position n’est pas nécessairement prise en compte. La question est que nos positions de toujours ne sont pas conservatrices comme celles des partis que nous avons trouvés au FFP », a déclaré l’actuelle Représentante légale du PS Imberakuri qui chiffre à 13.800 adhérents à son parti montrant que son combat n’est pas des moindres car elle ose faire entendre le point de vue de son parti :

Christine Mukabunani

Présidente PS Imberakuri et Présidente actuelle du FFP

« Il y a une situation sociopolitique que l’on doit changer au niveau de district. Ce chevauchement desw fonctions politiques et administratives du Maire de district et président du parti FPR dans son district. Nous suggérons que le Maire reste un élu de tout le peuple et que la direction du parti FPR soit donnée au Secrétaire Exécutif comme ça chaque citoyen pourra s’identifier dans le maire qu’il aura voté. Le Maire pourra à son tour protéger les intérêts de tous ses électeurs », a déclaré Mme Christine Mukabunani PSI et l’actuelle Présidente du FFP s’adressant au Ministre de la Bonne Gouvernance, Protais Musoni, pour que des rectifications soient apportées dans le paysage politique du pays à la base communautaire.

Ces politiciens réunis au sein du FFP commencent à travailler comme il faut. Protais Mitali- PL a déclaré que le parti pourra pour les prochaines élections législatives aligner assez d’observateurs électoraux commis à son parti pour que des erreurs constatées lors des récentes ne se reproduisent plus, que la question a été sérieusement débattue au sein du FFP.

Pour Christine Mukabunani « un débat franc et libre se déroule au sein du forum. Nous avons dû faire le tour du pays expliquer à nos adhérents que la vraie cause des dissensions que nous avons eu avec Me Bernard Ntaganda et sa compagnie, c’est qu’il a pris des décisions de coalition avec d’autres formations politiques de la disapora à notre ainsu, qu’il recevait, ce qui est interdit par la loi, des fonds de soutien des bailleurs frqançais, rwandais de la diaspora, hollandais et belge. Et puis ces fonds n’ont jamais été gérés de faӓon transparente », a déclaré Mme Christine informant IGIHE que l’idée de fonder le parti PS Imberakuri est venue d’elle et de Bernard Ntaganda, tous deux transfuges du PSD, qu’ils ont recruté 3 autres membres pour former un comité de lancement du parti.

Cette dame voulait montrer qu’elle n’a pas écarté Bernard Ntaganda aujourd’hui écroué à la prison centrale où il purge une peine de 4 ans pour ses idées ethnocentristes.

Une démarche pacifiste d’une certaine opposition et non occupation de couloirs idéologiques

On remarque une évolution somme toute positive d’une certaine opposition politique non encore agréée. Il s’agit du parti écologique dit Démocratic Green Party of Rwanda d’un certain Frank Habineza.

Habineza Franc au centre

Il adopte un langage posé et attend de remplir en toute patience les procédures d’enregistrement officiel de son parti. Mais qu’apporte-t-il au moulin idéologique de l’arène politique rwandaise ?

Comportement modele des partis de l’opposition occidentale

A la grande différence du comportement des partis occidentaux qui préparent des campagnes électorales basées sur des idéologies montrant ce en quoi elles sont nécessaires pour des catégories ou classes sociales données, force est de constater que l’opposition rwandaise est toujours creuse en matière de ligne idéologique.

Quand bien même ces partis en adoptent quelques unes, ces lignes idéologiques sont tellement générales qu’elles ne ciblent pas des classes sociales de prédilection. On a vu récemment le Parti Républicain américain défendre les valeurs du patronat et des intérêts des richissimes américains.

L’Opposition rwandaise ne fait qu’insister sur la forme démocratique de gestion du pouvoir et elle en fait son cheval de bataille alors qu’elle bâcle le fonds idéologique quand elle ne le passe sous silence (stratégies centre-gauche de développement, économie ?) alors que c’est bien lui qui compte énormément pour attirer l’électorat à voter pour elle.


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