
Kigali, capitale rwandaise
Le minuscule "pays des mille collines" est densément peuplé et sa population croît vite. Malgré un bond économique spectaculaire, le pays risque la surpopulation. Un facteur de conflits.
En décembre et en janvier dernier, j’ai passé quelques semaines au Rwanda et au Burundi voisin, cet autre pays d’Afrique centrale déchiré par le conflit entre Hutus et Tutsis et qui, comme le Rwanda, a connu une guerre civile ravageuse dans les années 1990. Ces deux pays ont en commun leur petite taille et des paysages de collines presque entièrement dévolus à l’agriculture.
Tous deux ont une population jeune, essentiellement rurale, employée à la récolte du café, du thé, des bananes, et à la mise en valeur de petits lopins de cultures vivrières sur des pentes abruptes enturbannées de nuages. Mais on relève également de plus en plus de différences entre le Burundi et le Rwanda, deux pays qui, depuis le début des années 1990, ont fait des choix politiques tellement distincts qu’il suffit aujourd’hui de franchir la frontière pour constater que l’on pénètre bel et bien dans un tout autre univers.
Depuis le génocide, le Rwanda a accompli des progrès spectaculaires. Il a surtout assuré sa stabilité. Des centaines de milliers de réfugiés rentrés du Congo, du Burundi et de Tanzanie ont été réintégrés à leurs communautés d’origine.
Le système judiciaire a condamné la plupart des principaux génocidaires, alors que ceux qui ont commis des crimes moins graves ont purgé leur peine et sont retournés dans leurs villages. La menace que faisaient peser les extrémistes hutus réfugiés dans d’autres pays a été endiguée.
Les autorités ont fait en sorte que les terribles exactions de 1994 ne puissent se répéter. Pour cimenter la paix, le président rwandais, Paul Kagamé, au pouvoir depuis quatorze ans, a imité le grand bâtisseur nationaliste turc Mustafa Kemal Atatürk en adoptant un nouveau drapeau, un nouvel hymne national et une nouvelle langue officielle (l’anglais). Les limites provinciales ont été redessinées pour effacer les marques des divisions tribales.
Routes propres, pelouses tondues
Le dernier samedi de chaque mois, les membres des différentes communautés se réunissent pour participer à l’Umuganda [travaux communautaires de développement] : ils réparent des routes, construisent des écoles, plantent des arbres et nettoient les rues.
Le pays a par ailleurs commencé à se tourner vers l’extérieur, en adhérant à la Communauté de l’Afrique de l’Est et au Commonwealth en 2009. La cohabitation pacifique a surtout été favorisée par la suppression des causes de mécontentement qui avaient envenimé le climat sociopolitique dans les années précédant le génocide.
La corruption qui sévissait sous la présidence de Juvénal Habyarimana dans les années 1980 appartient désormais au passé : le Rwanda a décroché la première place dans le classement de l’organisation de surveillance Transparency International des pays africains les moins corrompus.
D’énormes progrès ont en outre été réalisés concernant la lutte contre le sous-développement historique du pays : depuis 1990, date à laquelle a débuté la guerre civile qui précéda le génocide, les revenus ont augmenté de près de 60 % (alors que sur la même période ils diminuaient au Burundi) ; les inégalités hommes-femmes ont été aplanies, tendance effective au plus haut niveau de l’Etat, puisque les femmes sont plus nombreuses à siéger au Parlement que les hommes ; la mortalité infantile a été réduite de plus de moitié, ce qui a contribué à accroître l’espérance de vie de vingt-trois ans (contre quatre ans à peine au Burundi) ; et les infrastructures ont été renforcées, de sorte qu’une plus grande part de la population a maintenant accès à l’eau, aux installations sanitaires et à des routes pavées.
Déforestation et culture intensive
Le visiteur est immédiatement frappé par la propreté du pays par rapport à ses voisins : ses routes sont en bon état, les rues sont impeccables et relativement calmes pour l’Afrique, les villes sont aérées par des parcs aux pelouses bien tondues, et d’élégants gratte-ciel ont poussé le long des avenues bordées d’arbres de la capitale. Mais, s’il est une chose qui saute tout autant aux yeux, c’est que le Rwanda est surpeuplé, et que les risques que pose sa démographie menacent de saper les progrès accomplis.
Dans ce pays le plus peuplé d’Afrique centrale, on ne peut pas faire un pas sans croiser du monde. Toutes les collines sont cultivées jusqu’à la dernière parcelle des versants et des sommets. Avec au kilomètre carré plus de 400 habitants, dont les quatre cinquièmes vivent de l’agriculture, il ne reste pratiquement plus aucune terre en friche. Et la tendance ne paraît pas près de s’inverser.
avec African Arguments
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