Le désarmement des FDLR a été toujours un problème car cette mission est confiée à ceux qui les ont armé, les protègent et les utilisent. Seul le Rwanda est préoccupé par cette question, humanitaire et d’intérêt régional. Mais aussi et avant tout, on peut se demander si réellement les FDLR veulent vraiment rentrer au Rwanda ?
FDLR, une milice des hors-la-loi
Les FDLR sont une émanation de la politique française à l’appui au régime génocidaire de Habyarimana et de l’armement de ses militaires en débandade en RDC de Mobutu. La France a longtemps espéré la chute imminente du nouveau régime de Kigali et la reprise de pouvoir de ses protégés.
Les gouvernements successifs de Mobutu et des Kabila père et fils ont utilisé sous différentes formes ces miliciens, comme force de sécurité suite à la faiblesse et l’infidélité de l’armée congolaise.
Les officiers militaires congolais utilisent les FDLR dans les exploitations illégales des mines. A ce titre les FDLR ont amassé des fortunes qui leur ont permis de s’approvisionner en armes et de blanchir le reste de l’argent dans les compagnies de taxis et des biens immobiliers en Europe ainsi que la création des diverses compagnies dans les pays africains, notamment dans les pays de la SADCC.
En RDC, les FDLR sont non seulement dans les affaires florissantes, mais ils les partagent souvent avec des responsables locaux corrompus. Ce qui a permis à ces miliciens rwandais de rester impunis malgré les actes répétitifs contre les droits de l’homme, dont les massacres, le viol et les crimes économiques. En effet, en RDC, ils sont intouchables ; tout le monde connaît leurs méfaits, la population qui les côtoie est déshumanisée, mais personne ne dit rien.
Ce n’est donc pas le gouvernement congolais qui va désarmer ses hommes de main, qui servent tantôt comme mercenaires, tantôt comme des agents de sécurité ou tout simplement comme partenaires dans les pillages des ressources naturelles.
Ce n’est donc pas le gouvernement de la RDC qui va faire un effort spontané de desarmer ces compagnons de survie.
L’ONU est longtemps restée derrière les FDLR
Les forces de l’ONU sur le terrain, n’ont jamais reçu un ordre formel ni de la part de leur chef, ni de la part des autorités congolaises de les attaquer ni de les désarmer. Dans leur oisiveté, les casques bleus, ont profité pour organiser le troc avec les FDLR, en échange des armes contre les pierres précieuses.
Au même moment à New York, au sein du Secrétariat de l’ONU, la même personne qui a défendu le gouvernement génocidaire au sein du Conseil de sécurité, la même personne qui représentait le gouvernement français qui a exfiltré les génocidaires en RDC, qui les a armés et qui les a défendu dans les milieux diplomatiques, c’est cette même personne qui de la représentation de la France au sein du Conseil de sécurité a été nommée le Chef onusien du Département en charge des casques bleus.

Manzi Bakuramutsa
L’effort exceptionnel sinon unique au sein de l’ONU c’est que ce français, Chef des Casques bleus, a fourni en remuant ciel et terre pour combattre le M23, un mouvement qui ne demandait que le respect des droits humains pour son peuple. Il ne bouge pas son petit doigt pour neutraliser des criminels de longue date qui sème la désolation humanitaire et économique dans la région des Grands Lacs.
On ne peut donc pas compter uniquement sur l’ONU et ses responsables pour désarmer ces criminels.
Certains pays de la SADCC dans le pillage de la RDC avec les FDLR
Actuellement les pays de la SADCC se sont emparés du dossier des FDLR et de son désarmement. Curieusement les plus importants de ces pays sont des partenaires privilégiées de ces forces négatives. Certains de ces pays sont impliqués dans les exploitations minières en RDC dans lesquelles les FDLR sont aussi impliquées.
Ces pays se sont officieusement engagés de redonner la virginité à ce mouvement génocidaire et de l’investir d’un statut politique. Depuis un certain temps, ce mouvement considéré comme hors-la-loi, est mis en selle par la Tanzanie qui organise et accueille des rencontres sur son territoire. Elle l’approvisionne en armement selon l’ONU et lui accorde divers soutiens y compris le soutien diplomatique.
Les proches du président de la Tanzanie sont engagés dans les exploitations minières en RDC et dans d’autres affaires dont les FDLR sont aussi partenaires sous différentes formes.
Ce n’est donc pas la Tanzanie qui va s’attaquer aux FDLR alors qu’elle soutient toute opposition au régime de Kigali.
Il en est de même pour l’Afrique du Sud qui assure actuellement la présidence de la SADCC. La dernière déclaration de Zuma n’a d’autre but que de faire retarder voire renouveler l’ultimatum donné aux FDLR. En effet, les proches du Président Zuma ont investi dans le sous sol congolais. Il est certain que la vision des présidents Zuma et Kikwete sur les FDLR et leur rôle soit la même et qu’ils visent les mêmes objectifs en ce qui concerne le Rwanda.
Les droits humains des noirs vus de l’Europe et de l’Eglise
La voie la plus sûre pour résoudre le problème des FDLR est d’arrêter les leaders de ce mouvement accusés d’être dirigé par des présumés génocidaires. Or ces leaders qui sont recherchés par la justice rwandaise et internationale ont élu domicile dans les capitales des pays des droits de l’homme, notamment en Italie, Allemagne, France, Belgique et Espagne, entre autres. Ils font des va-et-vient dans ces capitales sans aucune inquiétude.
Avant, pendant et après le génocide, ces leaders et leur mouvement, présumés génocidaires, ont continuellement bénéficié d’appui moral de l’Eglise catholique et ils ont surtout bénéficié de son large réseau du Vatican et de l’Europe. Ils ont, en outre, largement exploité ses nombreuses ramifications en Afrique. Ces réseaux ont facilité la circulation des personnes, des biens et des fonds sans oublier la facilité du lobbying.
La Communauté Saint’Egidio l’a prouvé dernièrement en allant chercher au fin fond de la forêt congolaise, un leader des FDLR présumé génocidaire, mis à sa disposition un avion de l’ONU pour l’acheminer de Kinshasa à Rome pour une rencontre contre nature organisée par ces hommes de la Sainte Eglise.
Le dernier soutien des FDLR, c’est l’Eglise catholique qui comme leader moral au Rwanda n’accepte pas ses responsabilités dans les désastres qu’à connu le pays à l’époque coloniale et précoloniale. Combien de prêtres criminels recherchés par la justice qui continuent à officier sous la protection de la Sainte Eglise vivant dans les pays de l’Union européenne ?
Ceci montre qu’il y a un soutien des FDLR et de leurs leaders de la part de ce que l’on appelle la communauté internationale ? Mais en même temps ceci montre un mépris de droits de l’homme quand il s’agit de la personne noire.
Soutenir les FDLR pour sauver la face
La triste réalité est que les FDLR ont un solide soutien d’un certain nombre des rwandais impliqués dans le génocide et qui pensent qu’ils n’ont plus rien à sauver.
Ils ont un solide soutien des politiciens français et belges qui n’ont jamais voulu accepter le fait d’avoir appuyé un gouvernement non démocratique qui a commis le crime des crimes contre son peuple.
En Europe, certains milieux impliqués au Rwanda dans le domaine de développement et d’enseignement se sont retrouvés en collaborant avec des génocidaires, voire en les apportant d’appui sans pourtant connaître les méfaits de leur soutien.
Plusieurs organisations et institutions sont dans ce cas.
Il s’agit de la Coopération suisse qui conseillait la présidence du Rwanda avant le génocide, des Universités Belges et Canadiennes qui ont formés les intellectuels rwandais qui sont devenus le cerveau du génocide. Elles n’arrivent pas à accepter que les personnes qu’elles ont encadrées soient devenues des monstres du vingtième siècle. Au sein des Eglises, il y a des personnes qui étaient hostiles à l’engagement génocidaire de leurs collègues mais qui sont obligées de protéger l’ensemble de l’institution.
En conclusion, seul le Rwanda ne peut compter que sur ses propres moyens pour résoudre le problème de FDLR car il ne peut avoir confiance en aucun autre pays de la région, ni à la communauté international.
Seule la force militaire ne suffit pas, mais grâce au sérieux et à la respectabilité que le Rwanda a acquis à travers le monde, la mise à contribution de la démarche diplomatique douce et musclée pourrait être payante.
Mais avant tout, la grande question que l’on peut se poser sérieusement : est-ce-que les FDLR veulent vraiment rentrer au Rwanda ?
L’auteur de ce texte est un ancien ambassadeur du Rwanda en Belgique puis aux Nations Unies.
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