Elle avait 32 ans à cette époque et nouvellement mariée, sans enfants.

"Quand le génocide des Tutsi de 1994 a été déclanché, je vivais avec mon mari et sa soeur qui avait trois enfants mais aussi ses deux beaux-frères", a dit Muteteri qui, soudain, a vu des Interahamwe faire irruption dans sa propriété et tuer tous les hommes y compris son mari et ses beaux frères.

Elle raconte qu’elle a été transportée dans la zone de Byumba contrôlée par les INKOTANYI (Armée Patriotique rwandaise) où elle a commencé à s’occuper des orphelins qui y affluaient.
"J’y suis réfugiée seule et subitement j’ai eu la charge de plusieurs enfants qui, quand ils pleuraient exigeant leurs mamans, je pleurais avec eux", a-t-elle confié à la vue de ces enfants que les Interahamwe avaient machetté et en pensant aux siens qui ont été tués dans ces tristes circonstances.

"Il m’a fallu m’armer du courage pour que je puisse leur être d’une quelconque utilité", a-t-elle ajouté pour dire qu’elle s’est décidée à sécher ses larmes, que leurs pleurs lui ont fait oublier sa triste histoire et sa grqande peine.

Elle s’est alors décidée de ne plus se remarier. "Ces enfants et les autres qui m’ont été confiés par la suite, ont guéri de leurs blessures et ont commencé à sourir, à m’appeler "Maman, Maman !!!", à se faire dorloter au point qu’il m’a été impossible de me détacher d’eux".