Seychelles : Mario Ricci, le Raspoutine de l’archipel (4)

Redigé par IGIHE
Le 7 juillet 2016 à 09:41

A la veille de l’indépendance des Seychelles, à peu près personne ne connaissait Mario Ricci, un obscur immigrant italien en délicatesse avec la justice en Europe. Pourtant, il devint en peu d’années le vice-président officieux du pays et transforma une sinistre dictature marxiste en paradis fiscal d’opérette très profitable. Récit d’un parcours hors du commun.
A la veille du coup d’Etat de France-Albert René, Mario Ricci n’est rien. Peu doué pour les langues étrangères, celui qui se présente comme « (...)

A la veille de l’indépendance des Seychelles, à peu près personne ne connaissait Mario Ricci, un obscur immigrant italien en délicatesse avec la justice en Europe. Pourtant, il devint en peu d’années le vice-président officieux du pays et transforma une sinistre dictature marxiste en paradis fiscal d’opérette très profitable. Récit d’un parcours hors du commun.

A la veille du coup d’Etat de France-Albert René, Mario Ricci n’est rien. Peu doué pour les langues étrangères, celui qui se présente comme « homme d’affaires italien » a vainement tenté de tisser des liens avec le « président play-boy ». Peine perdue. James Mancham « charmeur, bon vivant et poète de surcroît » comme le décrit à l’époque le Guide Bleu Hachette, ne présente aucun atome crochu avec l’aventurier du bizness. La lecture du recueil présidentiel, Réflexions et échos des Seychelles dresse le portrait en creux d’un épicurien, d’un esthète, mais pas vraiment d’un homme d’Etat… Comment s’intéresserait-il à Mario Ricci, un obscur immigrant Introverti, ne parlant pas l’anglais, baragouinant à peine le français et pas le créole ?

Ricci est né en 1929 dans le village de Barga, en Toscane. Il vient de célébrer ses 46 ans avant son arrivée aux Seychelles, un an avant l’indépendance de l’archipel. Il n’a guère eu le choix de la destination. Longtemps, il a vécu d’expédients dans sa patrie. En 1958, à 28 ans, il est condamné à un an de prison par le tribunal de Florence pour banqueroute. Sa peine purgée, il s’installe dans la Suisse romande, et « monte des affaires ». Avec toujours peu de succès. En 1970, la cour de justice de Mendrisio le condamne à sept mois de prison assortis de cinq ans d’interdiction de séjour pour détention de faux billets.

Condamné en Italie… et expulsé de Somalie

Expulsé à sa libération, Ricci s’envole en 1972 ou 1973 vers la Somalie, comme bien d’autres aventuriers italiens, espérant profiter des liens tissés à l’époque des conquêtes coloniales de Mussolini. Mario Ricci est un bel homme sec au verbe haut Sa principale conquête s’appelle Mariangela Carbognin, une jeune femme issue de l’union d’un Italien et d’une éthiopienne. Elle a été secrétaire de l’ambassadeur d’Italie à Mogadiscio. Elle sera aussi sa collaboratrice. Pour le business, ça va plutôt mal. Mario Ricci n’a jamais raconté son épisode somalien. Selon le député français François d’Aubert qui lui a consacré une quinzaine de pages de son livre « l’Argent sale »[i] les autorités somaliennes « lui reprochent plusieurs affaires véreuses. Il est prié de quitter le pays vers 1975 et, cherchant une base de repli, il débarque aux Seychelles (…). Plus tard, les autorités somaliennes prétendront qu’elles avaient été mal informées sur son compte par le KGB. »

L’homme de l’ombre

Ceux qui ont vu Ricci à ses débuts à Victoria disent qu’il semblait tirer le diable par la queue. Mais l’homme a de la ressource : une façon particulière d’intriguer et de séduire. Il économise ses effets, les réservant à ceux qui peuvent servir ses desseins. D’autres se parent des plumes du coq. Lui s’enveloppe de mystère. D’ordinaire sa femme Mariangella (en diminutif, Angela), traduit pour lui. De son handicap en langues, l’Italien a fait un atout : il soupire, joue l’important, porte sur ses interlocuteurs un regard qui se veut aigü, affecte détenir de lourds secret. A l’époque du « président play-boy », ça ne marchait guère. N’aimant ni les soirées, ni figurer sur des photos, Ricci était incapable de s’agglutiner aux bambocheurs qui entouraient Mancham.

AFRIKARABIA.com


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