Alors que Washington s’enlise à nouveau dans une aberrante paralysie, tout le monde tire à boulets rouges sur les républicains. Mais peut-être faudrait-il aussi envoyer une bordée à Barack Obama ? C’est lui le président. Il voulait la Maison-Blanche, maintenant il doit assumer sa part de responsabilité dans l’évolution du jeu politique à Washington. Ou plutôt, sa totale négation.
Par choix autant que par caractère, Barack Obama ne se livre pas aux négociations et autres marchandages qui caractérisent la vie politique de la capitale. Avec sa loi sur les soins abordables [nom de la réforme de la santé], il a fait adopter une réforme de portée nationale sans aucun vote de l’opposition.
Au lendemain du shutdown, le blocage partiel des services fédéraux, les journaux ont commencé à souligner un peu trop lourdement l’absence d’efforts du président Obama pour sortir de l’impasse ; ainsi, celui-ci a décidé d’inviter les chefs du Congrès à la Maison-Blanche. Ce n’était pas une première. En 2011, le supercomité du Congrès chargé de la réduction du déficit n’avait rien donné. Il s’est même effondré juste après l’intervention personnelle du président.
Un dangereux vide à Washington
Il y a toutefois des conséquences à se comporter comme un président au-dessus de la politique, et nous les voyons aujourd’hui. Cette attitude a créé un dangereux vide à Washington. Les gens se font élire pour aller à Washington et faire de la politique. La politique est comme l’oxygène qu’ils respirent. S’ils en sont privés, ils commencent à hyperventiler. Ils font des choses stupides. Aujourd’hui, les républicains ressemblent de plus en plus à des rats de laboratoire.
Les cyniques et les conspirateurs pensent que ce roué de président a volontairement laissé échouer les négociations sur le budget, afin que les républicains provoquent un blocage fédéral et s’aliènent les électeurs indépendants avant les élections législatives de mi-mandat (2014). Je ne pense pas que Barack Obama soit si rusé. Sa capacité à conduire la politique à Washington est sévèrement limitée. Le chaos actuel n’en est que le résultat.
Lorsque le président se permet d’oublier de gouverner et laisse un Congrès déjà divisé se transformer en meute désordonnée, son comportement a des répercussions au-delà de Washington. Chaque Américain ayant intérêt au redressement de l’économie est affecté par cette situation.
Catastrophe annoncée
La Maison-Blanche a annoncé que le président renonçait à sa tournée asiatique en raison du bras de fer budgétaire. Ce déplacement visait notamment à approfondir les relations avec les pays asiatiques notamment avec la Malaisie et les Philippines. Deux Etats désireux de devenir amis avec les Etats-Unis, se voient donc snobés pendant que le China Daily titre : "La visite du président Xi renforce les liens avec la Malaisie." La politique étrangère fait elle aussi les frais de l’acharnement présidentiel contre les républicains.
Au-delà des difficultés institutionnelles, on peut se demander s’il n’est pas de la responsabilité du président d’apaiser les esprits dans l’intérêt de la nation plutôt que de laisser la situation empirer. Car les choses peuvent encore s’aggraver. Si la paralysie du gouvernement fédéral semble relativement anodine, l’impasse politique pourrait aussi déboucher sur un défaut du trésor [en cas de désaccord sur le relèvement du plafond de la dette].
Cette catastrophe annoncée peut encore être évitée si Barack Obama décide d’endosser le rôle de dirigeant pour lequel il a été élu. En 1981, le président républicain Ronald Reagan avait également hérité d’un pays en proie aux difficultés et aux divisions. Après deux mandats, il laissait un pays changé. Reagan avait "négocié" avec l’opposition.
Il fut un temps où les correspondants de la presse à Washington, qui faisaient ce métier par amour pour la politique, auraient obligé le président à rendre des comptes s’il s’obstinait à nier le jeu politique. Plus aujourd’hui. La plupart des journalistes ne sont plus que des spectateurs passifs, assistant pouce en l’air au spectacle auquel préside Barack Obama dans le Colisée. Leurs pouces pointeront bientôt vers le bas pour un John Boehner humilié.
Et quel cirque ! L’absence de leadership présidentiel pourrait bien tous nous engloutir.
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