SOUDAN DU SUD Pas de salut sans une intervention

Redigé par Sudan Tribune
Le 27 décembre 2013 à 08:28

SOUDAN DU SUD Pas de salut sans une intervention militaire internationale Depuis le 15 décembre, des combats ont fait basculer le pays dans une anarchie meurtrière, sur fond de rivalité politique recoupant des fractures ethniques. Un éditorialiste sud-soudanais exprime sa colère et son désarroi et appelle la communauté internationale à l’aide.
Dans une rue à Bor, dans l’Etat du Jonglei, le 25 décembre 2013 - AFP/Samir Bol
C’est de bien lugubre façon que le Soudan du Sud, officiellement chrétien, (...)

SOUDAN DU SUD Pas de salut sans une intervention militaire internationale
Depuis le 15 décembre, des combats ont fait basculer le pays dans une anarchie meurtrière, sur fond de rivalité politique recoupant des fractures ethniques. Un éditorialiste sud-soudanais exprime sa colère et son désarroi et appelle la communauté internationale à l’aide.

Dans une rue à Bor, dans l’Etat du Jonglei, le 25 décembre 2013 - AFP/Samir Bol

C’est de bien lugubre façon que le Soudan du Sud, officiellement chrétien, célèbre Noël. Au lieu d’entendre résonner les rires, c’est du sang et des larmes que l’on voit couler ! Le monde entier n’a pu que secouer la tête, écœuré, et lever les bras en un geste d’impuissance face à ce qui est nouveau pour lui, la nature cruelle et brutale de certains Soudanais du Sud. Vanité des vanités !

Est-ce bien ce même Soudan du Sud qui nous avait enthousiasmé par l’heureuse célébration de son référendum pacifique et réussi en janvier 2011 ? Sont-ce là ces mêmes Soudanais du Sud qui avaient étonné la planète, le soir, la nuit et le matin des festivités dans les rues de Juba en juillet 2011 [Entre le 9 et le 15 janvier 2011 les Sud-Soudanais approuvent à 98,8 %, par voie référendaire, l’indépendance du Soudan du Sud qui sera proclamée le 9 juillet 2011] ? Peut-on encore parler d’une joyeuse indépendance ? Ou plutôt d’un gouvernement lamentable ? Quand les choses ont-elles commencé à se détériorer ? Combien de temps encore cela va-t-il durer ?

Il est désormais absurde de vouloir savoir qui a tué qui. Plus on s’efforce de donner un sens à des tueries et des représailles aveugles, plus l’on ne peut que réclamer que davantage de sang et de larmes soient versés au Soudan du Sud. Œil pour œil, dent pour dent, et voilà les Soudanais du Sud horriblement défigurés sous le regard du reste du monde.

Les analyses politiques sont dépourvues de sens

Il est normal, pour certaines cultures ethniques du Soudan du Sud, de se battre et de tuer d’abord, et de ne s’asseoir qu’ensuite pour engager un dialogue logique. Il n’y a de place ni pour la moralité, ni pour les perspectives d’avenir. Tout est question de "maintenant", quel qu’en soit le prix. Et ce "maintenant" se doit d’être associé à une vengeance implacable, à la destruction et au pillage de tout ce qui est perçu comme étant du côté de l’ennemi présumé, ou qui se situe entre les deux. Le monde civilisé ne l’a pas encore compris. Ils en sont encore à échafauder des théories alors que la situation s’est déjà détériorée, et qu’elle ne cesse de se dégrader.

En des instants si terribles, les analyses politiques sont généralement dépourvues de sens. Alors que la république du Soudan du Sud bascule dans une anarchie meurtrière, raconter ce qui s’est passé ne résout pas le problème, cela ne fait qu’engendrer de nouveaux traumatismes. Il est aujourd’hui urgent non de se préoccuper des causes profondes, mais de traiter les symptômes. Autrement dit, il faut mettre immédiatement fin aux massacres et aux pillages.

Mais qui administrera un antalgique au Soudan du Sud en ces heures de tourment ?

Conformément au chapitre VII de la Charte des Nations unies, l’ONU ne peut apporter qu’une aide limitée. Sans même parler de protéger les civils, ses représentants ne sont déjà pas capables de sauver leurs propres vies dans cette situation dramatique. Les Etats-Unis d’Amérique, le Royaume-Uni et les autres nations ne peuvent se permettre que d’évacuer et de protéger leurs ressortissants au Soudan du Sud, avec des capacités très réduites.

Discrimination ethnique

Le gouvernement de la république du Soudan du Sud a été paralysé par ses propres aberrations et ses contradictions internes. Il n’est plus en mesure d’assurer la protection de tous ses citoyens, avec confiance et sans discrimination ethnique. Les rebelles sont désormais associés aux Nuer [ethnie de l’ancien vice-président Riek Machar entré en rébellion], et ils ne peuvent pas garantir la sécurité des Dinka [ethnie du président Salva Kiir, largement représenté dans l’appareil d’Etat] et des autres ethnies non-Nuer.

On a laissé l’enfer se déchaîner, et tout ce que l’on voit, ce sont des atrocités qui se succèdent, elles-mêmes étant le fruit d’absurdités. Il fallait qu’en ce 23 décembre, Mikhaïl Kalachnikov meure de vieillesse et qu’en même temps, ce qui est dément, que des Soudanais du Sud meurent eux aussi. Son invention, cette machine de mort si redoutable connue sous le nom d’AK-47, a clairement contribué aux atrocités du Soudan du Sud. Quel homme !

Aucun discours, aussi éloquent soit-il, ne peut plus rien faire aujourd’hui, même si Martin Luther King, Mandela et Gandhi devaient ressusciter et s’adresser aux Soudanais du Sud en ces instants diaboliques. Aucune déclaration, orale ou écrite, n’y pourra rien non plus. Il ne suffira pas d’évoquer la paix pour en sortir, à défaut d’une intervention militaire et de nouvelles guerres pour endiguer la violence.

J’appelle à une intervention militaire immédiate de la part des membres concernés de la communauté internationale. Il n’y a plus d’autre solution si l’on veut sauver ces précieuses vies humaines au Soudan du Sud. Les dirigeants du monde m’entendent-ils ?

Le Soudan du Sud est déchiré depuis le 15 décembre par des combats qui opposent les partisans du président Salva Kiir à ceux de son ancien vice-président Riek Machar. Aux rivalités politiques qui opposent ces deux anciennes figures de la rébellion sudiste, s’ajoutent de profonds ressentiments entre ethnies. Quand les affrontements ont éclaté le 15 décembre dans la capitale Juba, entre des factions de l’armée, Salva Kiir, s’est empressé d’accuser Riek Machar de tentative de coup d’Etat. Ce dernier, qui dénonce pour sa part la "dérive dictatoriale" du président Kiir, dément la tentative de putsch. Les combats se sont rapidement propagés à travers le pays pour finir par opposer l’ethnie Dinka de Kiir, à l’ethnie Nuer de Machar.


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