C’en est fini des 1 800 euros par an versés aux 8 500 bacheliers qui chaque année obtiennent le "Graal" de la mention "Très bien". Une preuve, s’il en fallait une autre, de l’hypocrisie d’une gauche qui vente l’assistance aux milieux modestes et s’emploie en même temps à ruiner toute idée de progression au mérite.
L’affaire de la suppression des bourses au mérite dans l’enseignement supérieur illustre avec beaucoup d’à propos la terrible maladie dont le hollandisme est porteur : le mépris des élites technocratiques pour les milieux modestes.
Reprenons d’abord le dossier : Valérie Pécresse avait instauré, en 2009, une bonification des bourses d’études pour les élèves qui obtenaient une mention "très bien" au baccalauréat. Ce dispositif, conforme à la tradition du mérite républicain, apportait un appréciable coup de pouce aux jeunes défavorisés ou modestes qui entrent en classes préparatoires et n’ont donc pas la disponibilité pour travailler en plus de leurs études.
La successeuse de Valérie Pécresse vient de supprimer ce dispositif, en laissant son cabinet apporter des arguments effarants pour expliquer la mesure : comme le nombre global de boursiers a augmenté, la bonification de bourse pour les meilleurs bacheliers ne se justifie plus.
On retrouve ici le raisonnement opéré en son temps par Jean-Pierre Chevénement sur 80% d’une classe d’âge au baccalauréat : massification oui, démocratisation non !
Car on voit bien les sous-entendus du raisonnement qui pousse une ministre à supprimer les bourses au mérite au nom d’une massification des aides sociales. On est de gauche, donc, on défend la justice sociale et on augmente les aides aux pauvres, histoire de se donner bonne conscience. En revanche, il est hors de question d’aider à la constitution d’une élite ouvrière ou de permettre aux petites gens de sortir de leur condition. On aime les pauvres, à condition qu’ils ne concurrencent pas nos enfants sur le marché du travail et qu’ils demeurent dans la case de départ qui leur est affectée.
Ce réflexe social propre à la gauche bobo, amatrice de bons sentiments mais allergique au trouble créé par l’ascenseur social, est typique du hollandisme, et en rupture profonde avec la tradition jacobine. Jusqu’ici (c’est-à-dire jusqu’en 1981), la gauche s’ordonnait autour de l’idée que les ouvriers devaient s’émanciper par l’accès au savoir, et qu’il convenait de fabriquer en leur sein une élite qui montrerait la voie. C’est d’ailleurs pourquoi la Troisième République avait inventé les classes de primaires supérieures, disparues avec la réforme Haby.
La gauche technocratique ou énarchique qui structure le Parti socialiste depuis les années 80 est en rupture complète avec cette tradition. Elle n’est plus porteuse de l’idée émancipatrice qui guidait la gauche marxiste et elle préfère se raccrocher à un schéma socialement beaucoup plus stable : on redistribue de l’argent public aux détenteurs de revenus modestes, pour rendre leur condition acceptable et favoriser en eux une résignation face à l’ordre établi.
Par exemple, on augmente le nombre de bourses, mais on coupe les ailes à ceux qui voudraient échapper aux universités dépotoires en ayant le mauvais goût d’avoir d’excellents résultats.
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