Sur fond de mécontentement des rescapés du génocide, la haute cour a rejeté la demande de réincarcérer Runyinya Barabwiriza

Redigé par Jean-François Isibo
Le 19 août 2011 à 12:00

La justice rwandaise a rejeté mercredi une requête du procureur visant à la ré-arrestation et à la réincarcération d’un conseiller diplomatique de l’ex-président Juvénal Habyarimana, acquitté de génocide après plus de 16 ans de détention, a-t-on appris jeudi. Runyinya Barabwariza, qui était également professeur à l’Université Nationale du Rwanda (UNR), a été acquitté le 11 août par le Tribunal de grande instance de Huye, dans le sud du pays, et libéré le lendemain.
Runyinya Barabwiriza a été lavé des (...)

La justice rwandaise a rejeté mercredi une requête du procureur visant à la ré-arrestation et à la réincarcération d’un conseiller diplomatique de l’ex-président Juvénal Habyarimana, acquitté de génocide après plus de 16 ans de détention, a-t-on appris jeudi.

Runyinya Barabwariza, qui était également professeur à l’Université Nationale du Rwanda (UNR), a été acquitté le 11 août par le Tribunal de grande instance de Huye, dans le sud du pays, et libéré le lendemain.

Runyinya Barabwiriza a été lavé des accusations de planification du génocide, incitation au génocide et association de malfaiteurs.

Le procureur, qui a fait appel, avait demandé dans la foulée le maintien en détention de l’universitaire, de peur qu’il ne fuie le pays pour se soustraire au procès en appel.

« La Haute Cour a jugé ce mercredi que la demande du procureur était irrecevable. Runyinya Barabwiriza comparaîtra donc libre en appel », a indiqué ce jeudi à l’agence Hirondelle, un militant des droits de l’homme qui avait assisté à la brève audience. La décision a été confirmée par une fille de l’acquitté et par le service en langue rwandaise de la BBC.

Ibuka, la principale organisation de rescapés du génocide de 1994, s’était indignée de l’acquittement de l’ex-conseiller diplomatique et avait appelé la police à le surveiller de près pour qu’il ne quitte pas le pays.

Parallèlement à ses fonctions à la présidence et à l’université, Runyinya Barabwiriza avait également occupé, à partir de juin 1993, la présidence du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), pour la préfecture de Butare.

Du 6 avril au 5 juillet 1994, il était resté bloqué à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, en tant que membre de la délégation du président Habyarimana tué dans l’attentat contre son avion.

Lorsqu’il a présenté cet alibi devant le juge, le procureur lui a répliqué qu’il avait planifié le génocide avant le 6 avril 1994 et que les massacres perpétrés après cette date n’étaient que la conséquence logique de sa campagne préparatoire. 

Originaire de la préfecture de Gikongoro (sud), l’ancien diplomate a fait ses études supérieures à l’Université Nationale du Rwanda (UNR), puis à l’Université Catholique de Louvain, en Belgique et enfin à l’Université de Gembloux, toujours en Belgique, l’ancienne puissance coloniale du Rwanda.

Des témoignages fusent dans Huye suite à cet acquittement que les rescapés considèrent comme du théâtre. « Je l’ai vu dans des réunions avec les miliciens interahamwe, il est même allé plaider pour une large distribution d’armes dans notre région, je me demande réellement pourquoi la justice l’a relaxé », a déclaré Laura Gatera.

Janvier Forongo, Secrétaire Exécutif d’ IBUKA, (Association des rescapés du génocide) a condamné cette décision de la cour indiquant que c’est un manque de respect envers ceux et celles ayant été affectés par la guerre. « C’est très décourageant de voir certains des témoins comme Jean Pierre Rutagengwa qui a été lapidé pour avoir donné son témoignage », a-t-il indiqué. « Nous exhortons tous les témoins à rester forts et a révélé la vérité », a-t-il ajouté.

Photo : Runyinya Barabwiriza


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