Tchad : le 1er décembre, fête nationale ou fête du pouvoir ?

Redigé par rfi
Le 1er décembre 2014 à 01:38

Un débat au Tchad a lieu autour de la fête du 1er décembre présentée comme une fête nationale par le gouvernement, mais comme la fête d’un homme, le président Idriss Déby, par l’opposition. Cela fera 24 ans ce lundi que le Mouvement patriotique du salut (MPS), la rébellion dirigée par Idriss Déby a pris le pouvoir au Tchad avec la chute du régime d’Hissène Habré.
Depuis une semaine, cet anniversaire est célébré dans le pays. Le point d’orgue, c’est ce 1er décembre avec un défilé militaire et un concert. (...)

Un débat au Tchad a lieu autour de la fête du 1er décembre présentée comme une fête nationale par le gouvernement, mais comme la fête d’un homme, le président Idriss Déby, par l’opposition. Cela fera 24 ans ce lundi que le Mouvement patriotique du salut (MPS), la rébellion dirigée par Idriss Déby a pris le pouvoir au Tchad avec la chute du régime d’Hissène Habré.

Depuis une semaine, cet anniversaire est célébré dans le pays. Le point d’orgue, c’est ce 1er décembre avec un défilé militaire et un concert. Pour l’ancien Premier ministre Emmanuel Nadingar, qui co-organise ces festivités, le 1er décembre, c’est la fête de la démocratie, c’est la fête de tous les Tchadiens.

« Les festivités du 1er décembre rappellent d’une part la fin de la dictature à la date du 1er décembre 1990, explique ce dernier. Et aujourd’hui, vingt-quatre ans après, nous prenons la mesure de tous les efforts qui ont été faits dans le processus démocratique et l’espace de liberté. Nous pensons que la paix consacre tous les efforts qui ont été faits. »

« Paix » et « développement »

Et Emmanuel Nadingar de rappeler que le thème de cette année est justement celui de la « paix et du développement » et que le gouvernement actuel a été élu : « Comme dans tous les pays du monde, il y a un parti qui est au pouvoir. Aujourd’hui dans le processus démocratique auquel tous les partis, que ce soit de la majorité ou de l’opposition, ont contribué, nous avons un chef d’Etat qui a été élu, qui est le président de tous les Tchadiens et qui gère le pays au profit de tous les Tchadiens. »

L’opposition appelle, elle, au boycott des festivités et une partie de la société civile demande de son côté aux Tchadiens de porter un brassard noir ou de s’habiller en noir en signe de deuil de la démocratie.

Pour Saleh Kebzabo, chef de file de l’opposition, le 1er décembre n’a rien d’une fête nationale : « On a qu’à l’appeler comme on veut, la réalité est celle qu’elle est. Nous, ça fait vingt ans qu’on a dit à nos militants que ce n’est pas leur fête, c’est la fête de la victoire du MPS. »

Argent jeté « par les fenêtres »

Et Saleh Kebzabo de se lancer dans la comparaison : « Quand on est démocrate, il y a des choses qu’on ne doit pas accepter. Ce pays a connu le 8 juin d’Hissène Habré et il connaît le 1er décembre d’Idriss Déby. Non. Il faut qu’on bâtisse un pays sur des bases solides, avec des institutions solides et qu’il y ait des références solides partagées par tous les Tchadiens. »

L’opposant est confiant et dit être sûr de la défaite de l’actuelle majorité en 2016. « Quand on va battre Déby aux élections, la fête du 1er décembre va être automatiquement annulée. » Mais en attendant, il n’accepte que pas que le pouvoir jette « l’argent par les fenêtres. »


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