TPIR-Arusha : un échec criant pour une Justice réparatrice

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 12 septembre 2014 à 05:56

Depuis que les procès de génocide pour les grands concepteurs et organisateurs du génocide des Tutsi ont commencé tôt dans les années de fin 90 jusqu’à ce jour où ce fameux tribunal va clôturer ses activités, tout a été fait pour que les débats soient entachés d’un sentiment général d’animosité et de confrontation entre deux parties au procès que sont le gouvernement rwandais largement absent dans le déroulement de ces procès et les présumés génocidaires à la barre et leurs supporters et défense.
On a jamais (...)

Depuis que les procès de génocide pour les grands concepteurs et organisateurs du génocide des Tutsi ont commencé tôt dans les années de fin 90 jusqu’à ce jour où ce fameux tribunal va clôturer ses activités, tout a été fait pour que les débats soient entachés d’un sentiment général d’animosité et de confrontation entre deux parties au procès que sont le gouvernement rwandais largement absent dans le déroulement de ces procès et les présumés génocidaires à la barre et leurs supporters et défense.

On a jamais vu une justice qui soit si politisée que celle-ci. La direction que prenaient toutes les séances de procès a toujours été inspirée de la tournure et des décisions administratives du régime de Kigali mais aussi et, surtout largement, des rumeurs sur la realpolik de Kigali telles qu’amplement propagées par les média internationaux.

Il a suffi que l’actuel Gouvernement rwandais adopte dans les premières années de son existence la politique soutenue de regroupement en villages de tous les menages de Rwandais pour que cela soit ressenti à Arusha, au siège du Tribunal comme une tentative du Gouvernement de Kigali qualifié délibérément à tort de Tutsi, de parquer la masse des hutu afin de mieux les controler, les épier si pas mieux ourdir des mauvais desseins envers eux.

La nouvelle dimension et philosophie de développement du pays n’était pas du tout le souci des pourfendeurs du régime ; ceux-là même qui ont pensé à la revanche, à revenir aux affaires une fois que le régime FPR se sera essoufflé. Dans le camp de la justice internationale pour le Rwanda siégeant à Arusha, les mêmes lobbies savaient aiguillonner les juges en attirant leur sympathie sur le caractère "impie" du gouvernement rwandais.

Les programmes nationaux essentiels qui ont été réalisés dans un climat international de répulsion comme la lutte contre les habitations en toits de chaumes, la campagne pour la régionalisation des cultures jusqu’ici inachevée autant que celle de la consolidation des terres ; toutes ces conceptions révolutionnant la société rwandaise ont été diabolisées sérieusement par l’opposition rwandaise essentiellement hutue de la diaspora qui épiait les moindres erreurs de parcours.

Et, encore une fois, cela se ressentait dans le chef des juges trônant et officiant au TPIR-Arusha. De ces changements en cours au Rwanda sonnaient comme une insulte aux anciens ministres, militaires et autres de la société civile poursuivis à Arusha pour, au lieu d’avoir décidé de transformer positivement la société rwandaise dont ils avaient la ferme commande, ils ont décidé de génocider une partie, les Tutsi, des citoyens rwandais pour retrouver un semblant d’équilibre.

Pour regretter qu’ils ont tué leur régime en ordonnant des massacres de masse des Tutsi, poursuivis par cette faillite générale de l’Etat rwandais qu’ils ont causée eux-mêmes, ces anciens officiels rwandais peuvent, ironie du sort, bénéficier d’un vent léger pour absoudre leurs crimes. C’est du Nuremberg II. La réédition de l’administration d’une justice internationale superficielle et jamais réparatrice.

Comme toute l’opposition de la diaspora rwandaise pouvait passer par la trappe du TPIR, les intellectuels exilés ont compris que les médias sont une arme efficace pour contrer la rage du gouvernement rwandais consistant à les mater en passant par le TPIR. Alors, lobbies et gouvernements français et belge en partie vont organiser une campagne savamment agencée qui fait qu’une campagne critique contre la way of rwandese politics vienne alimenter une perception négative de la Communauté internationale à l’encontre du Gouvernement rwandais.

Entretemps, des manoeuvres d’insécurisation du Rwanda à partir de l’Est de la RDC sont menées pour faire réagir avec éclat ledit gouvernement ; ce qui ternira davantage son image et influera sur les décision que les juges du TPIR vont prendre dans les procès entrepris.

Mieux ! La synergie de cette campagne savamment orchestrée de diabolisation d’un régime rwandais qui travaille à l’économique et au social à éradiquer l’idéologie dichotomique hutu-tutsi va traverser une autre étape sur le plan justice d’Arusha qui, si on en croit aux décisions prises de libérer et innocenter ou d’alléger tragiquement les peines de très sérieux présumés criminels de génocide comme celle du cerveau essentiel du génocide des Tutsi, le Col. Théoneste Bagosora, ex-Directeur de cabinet du feu Président Juvénal Habyarimana :

"Nous sommes entrain de juger des gens qui ont fait moins de crimes que d’autres".
Tel semble la conception du TPIR au moment où il s’acheminait à la clôture de ses activités.

Cette même justice n’est pas subjuguée par le fait qu’aucun détenu libéré ne peut prendre le chemin du Rwanda son pays car acquitté. Non ! Relâchés, tous préfèrent le chemin de l’exil.

"5 des 13 Rwandais acquittés par le TPIR-Arusha ont été envoyés dans les pays européens qui ont accepté de leur donner l’exil. Ils avaient refusé de rentrer chez eux au Rwanda", rapporte la BBC de ce 11 septembre citant Ignace Bagirishema et Jean Mpambara envoyé en France, Emmanuel Bagambiki, ex-préfet de Cyangugu en Belgique, André Rwamakuba en Suisse et Hormisdas Nsengimana en Italie.

Ceux qui sont en attente sont des anciens ministres André Ntagerura (Transport), Jerôme Bicamumpaka (Affaires étrangères), Justin Mugenzi (Commerce), Casimir Bizimungu (Santé), Prosper Mugiraneza (Education) mais aussi hauts militaires et commerçants.

Pourquoi tout ce monde ne veut rentrer au pays ? Absence de démocratie ? Non. Manque de confiance dû au fait que les débats n’ont pas été francs et que le gouvernement rwandais n’y a pas été associé pour apprécier que tel présumé criminel ne l’est pas en réalité ou alors que l’étendue de son crime est parfaitement circonscrite et sanctionnée de façon proportionnelle.

Au delà de la doctrine judiciaire qui a gouverné faits et gestes du TPIR-Arusha parfaitement libre et différente de la philosophie judiciaire rwandaise, ce TPIR aura inscrit une page noire, une justice très politiquement influencée et impersonnelle ; une justice qui, dans sa conception devait resserrer les liens des Rwandais, a fait tout le possible pour creuser davantage le fossé d’incompréhensions et de sentiments de répulsion mutuelle entre frères rwandais.


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