Le verdict est tombé : Perpétuité contre l’ex ministre de la Famille, Pauline Nyiramasuhuko, reconnue coupable d’être impliquée dans les viols et les massacres survenus à Butare lors du génocide de 1994 contre les Tutsi.
Le verdict dans le procès de l’unique femme détenue au Tribunal pénal International pour le Rwanda(TPIR) a été rendu aujourd’hui à Arusha, en Tanzanie, où l’accusée est détenue depuis 1997.
Le TPIR, a également condamné à la détention à perpétuité le fils de Mme Nyiramasuhuko, Arsène Ntahobali.
L’ancienne ministre de la Famille et son fils étaient les deux principaux accusés d’un groupe de six personnes, poursuivies pour crimes de génocide et crimes contre l’humanité pour leur rôle présumé dans le génocide des Tutsi à Butare (Sud du Rwanda).
L’ancien préfet de Butare Sylvain Nsabimana a été condamné à 25 ans de prison, son successeur à ce poste, Alphonse Nteziryayo à 30 ans, et deux anciens bourgmestres de la région, Joseph Kanyabashi et Elie Ndayambaje, à respectivement 35 ans de prison et à la détention à perpétuité.
Leurs avocats avaient plaidé l’acquittement, en tentant de mettre en évidence des contradictions dans les témoignages à charge.
Pauline Nyiramasuhuko, 65 ans, était la première femme poursuivie pour de tels chefs d’accusation devant une juridiction internationale.
Mme Nyiramasuhuko a été reconnue coupable de sept des onze chefs d’accusation retenus contre elle, et notamment ceux de génocide, conspiration en vue de commettre un génocide, extermination considérée comme un crime contre l’humanité et viol considéré comme un crime contre l’humanité, a précisé à l’audience le juge William Hussein Sekule, président d’une des chambres de première instance du TPIR.
Mme Nyiramasuhuko est née dans une modeste famille de Ndora, dans l’ancienne préfecture de Butare, elle a étudié à l’Ecole sociale de Karubanda où elle a fait connaissance avec les futures épouses de nombreux dirigeants de l’après- indépendance.
Apres avoir fini ses études à Karubanda, elle se lance comme fonctionnaire dans le domaine des affaires sociales. En 1990, elle obtient son diplôme en droit à l’Université Nationale du Rwanda (UNR) à Butare, son mari était alors ministre.
C’est en 1992, après la légalisation du multipartisme qu’elle fait son entrée dans la politique comme ministre de la Famille et de la promotion féminine ainsi que deux autres femmes dans cette équipe ministérielle, dont la ministre du commerce, Agnès Ntamabyaliro et celle de l’Enseignement primaire et secondaire, Agathe Uwilingiyimana.
La magistrate tanzanienne Holo Makwaia, a déclaré que « Pauline Nyiramasuhuko n’était pas seulement une grande personnalité ; elle a été mêlée dans les massacres et les viols qui ont été commis (en 1994) à Butare. Au lieu de protéger les familles comme le stipulait le mandat de son ministère, elle a décidé d’exterminer ces familles ».
À l’ouverture d’un long réquisitoire, le 20 avril 2009, Mme Makwaia avait affirmé que, « Sans eux le génocide n’aurait pas eu lieu à Butare ».
Le juriste sierra-léonais, Lansana Dumbuya membre de l’équipe de l’accusation, a ajouté que Shalom Ntahobali a travaillé avec sa mère pour exterminer les Tutsi. Il a affirmé que l’accusé avait enlevé une fille tutsi à un barrage routier près de chez lui, l’avait entraînée sur un pont, puis violée avant de la tuer avec une hache.
La défense de l’ex-ministre a contre-attaqué : « C’est une abomination que de prétendre que Pauline Nyiramasuhuko est allée jusqu’à ordonner à son fils de violer des jeunes femmes tutsi.
Elle n’est pas coupable de ces allégations abominables portées contre elle », s’était indignée Me Nicole Bergevin, l’avocate principale de l’ex-ministre.
Quant au défenseur de Shalom Ntahobali, Maître Normand Marquis plaidant également l’acquittement, a fait état de graves contradictions dans les témoignages à charge et souligné que plusieurs accusateurs pendant leur comparution, n’ont même pas reconnu l’accusé dans le tribunal.
Nyiramasuhuko, son fils et Nsabimana ont été arrêtés en juillet 1997 au Kenya, Kanyabashi et Ndayambaje arrêtés en Belgique en juin 1995 et le colonel Nteziryayo en avril 1998 au Burkina-Faso.
Leur procès a débuté en juin 2001, classé comme le plus long et sans doute aussi le plus coûteux de la justice pénale internationale, Les débats étaient longs en raison de difficultés avec les témoins et la lenteur des interrogatoires.
Photo : Pauline Nyiramasuhuko
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