Transparency Rwanda, fer de lance de la lutte contre la corruption

Redigé par IGIHE
Le 5 avril 2018 à 11:50

TI-R (Transparency International-Rwanda) vient de publier une recherche-analyse des erreurs constatées dans la gestion des comptes de l’Etat par l’Office de l’Auditeur Général (AOG) dans son rapport annuel 2015-16.

Elle a présenté ce rapport le résultat de cette recherche ce mercredi 4 avril 2018 pour déplorer de lourdes conséquences financières de ces erreurs qui ont occasionné des malversations allant de 27.26 milliards de francs pour l’année budgétaire 2014-15 à 99.57 milliards de francs pour 2015-16.

Cela a fait dire à la dame Immaculée Ingabire, Présidente de TI-R, que le Rwanda n’est pas pauvre en soit, que ce sont ses gestionnaires qui l’appauvrissent.

"Il a eu de grosses malversations dans les comptes de l’Etat au cours de ces deux exercices budgétaires successifs. Ces gros montants disparus auraient pu participer au développement rapide du pays pour nous voir atterris dans la catégorie de pays à revenu intermédiaire", a dit la présidente.

L’investigation menée par TI-R a dégagée de grosses mauvaises pratiques occasionnant de grandes pertes financières dans la passation des marchés publics.

"Il s’avère important que soit éradiquée la culture de l’impunité. Il faudra que le détourneur de fonds publics les ramène dans les caisses de l’Etat. Et c’est là qu’on voit de gros problèmes car les présumés corrompus sont vite innocentés par les tribunaux", a dit Immaculée Ingabire qui trouve que ces criminels utilisent toutes leurs énergies intellectuelles à cacher soigneusement les preuves de leurs crimes.

Une solidarité dans le crime

Au cours de cette cérémonie de publication des résultats d’enquête de TI-R, Ingabire a énoncé un cas malheureux de solidarité négative dans le crime de corruption relevé sur le terrain.
"Un tel secrétaire Exécutif de District est-il arrêté et reconnu coupable de corruption et emprisonné pendant une longue période... euh.. c’est tout simplement parce qu’il n’a pas su partager le ’butin’ avec les utres", a dit la dame de TI-R citant un maire dont elle n’a pas décliné le nom.

Et de tirer une conclusion..."Cela veut dire en d’autres termes qu’aussitôt emprisonné, toutes les personnalités qui ont été servies et liées à ce fonctionnaire corrompu se lèvent pour influer sur sa libération", a-t-elle dit suggérant qu’il faut que le pouvoir judiciaire réponde de ses décisions et jugements et de ne plus voir l’argumentation selon laquelle "Le juge a rendu le verdict selon son entendement".

TI-R veut rééllement casser cette mentalité corruptrice qui s’installe petit à petit dans les arcanes des institutions publiques rwandaises.

Elle dit avoir des informations précises selon lesquelles les contractants de marchés publics font l’objet d’exigence de versements de pots-de-vin qu’ils doivent tenir au grand secret sans quoi ils se privent de nouveaux dans plus d’une institution car l’information se sera répandue comme une traînée.

Conséquence ? Les hommes d’affaires se prêtent à ce jeu de corruption et les marchés remportés sont mal réalisés, a dit en conclusion la dame Ingabire qui suggère une tolérance zéro contre la corruption et donne l’exemple du Botswana où tout le monde jusqu’au simple citoyen sonne l’alerte devant un cas de corruption observé.

La recherche de TI-R a porté la mauvaise gestion du bien public avec des dépenses non justifiées, l’escroquerie, paiements pour acteurs fantômes. Les malversations de ce genre se montent à 4% du budget annuel y relatif, 2015-16. D’autres pratiques corruptrices relevées sont allées dans la non-conformité des lois, le manque de fermeté aux termes des contrats passés et des contrats mal conçus. Ces pratiques à elles seules concernent 96% des pertes constatées dans l’exécution dudit budget national 2015-16.

En résumé, l’Etat a perdu 24.4 milliards de francs dans des passations de marchés publics viciés, 14.4 milliards dans l’exécution retardée ou abandonnée de projets publics et 12.2 milliards de francs du programme VUP dans le cadre de petits crédits accordés aux citoyens non remboursés et autres montants de ce genre qui ne sont pas arrivés aux bénéficiaires.


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