Un débat interne ralenti au sein du FFP ; une démocratie rwandaise atone

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 3 décembre 2012 à 10:32

Le FFP, Forum de Concertation des Partis Politiques Agréés au Rwanda, est à sa nième année d’existence. Il rassemble autour du FPR (Front Patriotique rwandais), parti dit moteur du gouvernement rwandais, des partis de la coalition gouvernementale dont le PSD (Parti Social Démocrate), le PL (Parti Libéral), le PSR (Parti Socialiste Rwandais), le PSI (Parti Social Imberakuri),le PDC (Parti Démocrate Centriste), le PSP (Parti de la Solidarité et du Progrès), le PPC (Parti du Progrès et de la Concorde), (...)

Le FFP, Forum de Concertation des Partis Politiques Agréés au Rwanda, est à sa nième année d’existence. Il rassemble autour du FPR (Front Patriotique rwandais), parti dit moteur du gouvernement rwandais, des partis de la coalition gouvernementale dont le PSD (Parti Social Démocrate), le PL (Parti Libéral), le PSR (Parti Socialiste Rwandais), le PSI (Parti Social Imberakuri),le PDC (Parti Démocrate Centriste), le PSP (Parti de la Solidarité et du Progrès), le PPC (Parti du Progrès et de la Concorde), PDI (Parti Démocrate Idéal).

Ce Forum est prévu dans la Constitution de la République de 2003. Son mode de fonctionnement et les textes légaux qui le fondent semblent faire de l’ombrage aux partis politiques membres. Et pourtant, dans le fond, la réalité des choses n’est pas du tout ce que ces partis font pour se conformer au principe sacro saint du mode de prise de décisions par consensus adopté par le Forum.

Comment faut-il comprendre la situation de débat limité au sein de ce prestigieux Forum ? Des intérêts individuels sensibles prennent-ils le dessus sur les missions nationales du parti en tant qu’institution sociale ? Les intervenants en politiques comprennent-ils, dans toute sa profondeur, comment les partis qu’ils dirigent sont des institutions sociales respectables et importantes dans l’environnement de création des richesses sociales des citoyens et du pays ?

« Au sein du Forum, la prise de décisions se fait nécessairement par consensus. Quand il y a des divergences, la prise de décision est reportée à une séance ultérieure après que le parti qui tient à sa position ait cherché comment concilier sa position avec celle des autres partis. Mais dans tout ceci, il s’agit de décisions sur les défis qui intéressent, au plus haut point, la vie de la nation. Ici, même des consultations se font pour qu’on arrive à un consensus », a déclaré Anicet Kayigema, le Secrétaire Général du FFP.

Principe du consensus ; règne du débat libre et qualité des partis

Au fond, le principe du consensus est très intéressant. Il n’est en rien contradictoire avec le débat surtout pour un pays comme le Rwanda qui a tout à reconstruire et dont la vitesse de création des richesses infrastructurelles sociales est très rapide. Par contre, il faut se dire que la qualité de nos intervenants en politique est celle-là qu’il faut récuser.

« Notre classe politique est tout ce qu’elle est. Elle vient de nulle part avec la guerre et le génocide de 1994. Avoir le privilège d’occuper une haute fonction aussi du parti vous autorise à occuper des postes politiques juteux dont un siège au Parlement, un poste de haute responsabilité dans un Ministère, dans les grandes Commissions Nationales… Quand on sait que la personne à qui échoit ce privilège est tirée presque au hasard du commun des mortels, quel commerce des idées peut-elle avoir ? Ailleurs, même dans les pays de la région comme le Kenya, cette personne qui se promeut politicien doit des revenus confortables et essentiels pour être à même d’entrer en politique. Ceci est nécessairement d’usage en Occident et au plus haut degré aux USA. Comment voulez-vous qu’un politicien rwandais aie les outils de son indépendance intellectuelle et de sa liberté d’expression quand d’un moment à l’autre, s’il peut être dégommé, et retomber dans une vie moins aisée ? », a déclaré cet analyste politique qui a requis l’anonymat.
Pauvreté des lignes idéologiques des partis

Tout rentre aussi dans la logique de la qualité de la cible visée pour entrer en politique surtout qu’à part certaines formations politiques qui tiennent à leurs lignes idéologiques, rares sont ceux qui tiennent à cœur et relient l’existence du parti à ses objectifs et missions idéologiques.

« Nous croyons que toute cette pléthore de partis politiques n’avantage ni l’éclosion d’une véritable liberté d’expression politique, ni ne donne-t-elle une crédibilité internationale de l’expérience démocratique du Rwanda. En effet, certaines formations politiques agréées n’ont pas de raison idéologique d’exister. Il faut donc, puisqu’ils existent, qu’ils acceptent de leur plein gré de fusionner avec d’autres qui semblent en avoir une. C’est une question de réfléchir aux tendances politiques qu’elles pourraient afficher », confie un autre observateur de l’arène politique du pays.

Ce dernier montre qu’outre le fait que le FPR accapare beaucoup d’espace politique, rien n’est fait par les autres formations politiques coalisées avec lui pour qu’elles aussi en occupent une bonne partie.

Pourtant cet analyste se trompe. La reconfiguration du paysage politique rwandais commence à changer avec l’entrée au FFP d’un nouvel invité qu’est le PS Imberakuri de Mme Christine Mukabunani.

Celle-ci hausse sérieusement le ton au sein du Forum.
« Il est impossible qu’un Maire de District qui est en même temps Président du FPR dans son district puisse bien se comporter à l’égard de son gouverné qui se réclame issu d’un autre parti politique », a déclaré Christine Mukabunani, présidente du PS Imberakuri et actuellement Présidente du FFP.

Elle a fait cette déclaration ce mercredi 28 novembre au cours d’une session FFP quand le Ministre de la Bonne Gouvernance, M. Musoni James, était en conférence avec les chefs des partis politiques agréés dans le pays pour leur rappeler de se conformer à la présence d’au moins 30% des femmes dans les instances dirigeantes de leurs partis.

« Il faut que ce soit plutôt le Secrétaire Exécutif de District qui devient le président du parti FPR sans son District », a-t-elle déclaré avant d’ajouter que son parti PSI a plus de 123.000 adhérents et qu’il est présent dans 24 districts sur 30 que compte le pays.

« Nous sommes représentés dans toutes les instances de base à partir de la Cellule dans 18 Districts du pays. Le reste, notre permanence est au niveau de District ou de Secteur. Mais nous sommes peinés de voir nos partisans malmenés par les maires une fois que nous repartons après leur avoir rendu visite. Ces maires les convoquent et leur demandent pourquoi ils ont choisi d’adhérer au PSI ».

Le PL, un Parti de cadres centre-droit

Le PL, quant à, lui balaye d’une main tout ce soit disant absence de débat au sein du Forum. Selon le Président du PL, le Ministre Protais Mitali ; « Nous, au sein du PL, tenons à ne voir aucune manifestation de rue liée au fait qu’il y a un désaccord entre nous et le parti au pouvoir, compte tenu du mode de déroulement de manifestations brutales qu’on a connues durant la guerre avec la naissance du multipartisme entre 1991 et 1994. Nous gérons nos désaccords avec le Parti moteur du gouvernement au sein du Forum », a déclaré le Ministre des Sports et Culture et Président du PL.

A une question lui posée par le journaliste à propos de mauvaises pratiques constatées à l’encontre des candidats PL au cours des récentes élections des députés, ce Président du PL a fait allusion au fait que cette question a été discutée au sein du Forum comme évaluation des erreurs commises au cours de cette récente période électorale. Il a été émis des recommandations appropriées, a-t-il dit.

Plus tard, le Président PL explique le mode d’activités de son parti en rapport avec la ligne idéologique du PL.

« Le PL n’est pas un parti de masse comme le PSD. Nous, nous sommes un parti d’intellectuels qui conçoit les grandes lignes de politique nationale en rapport avec le centre droit. Nous sommes pour la promotion de classes sociales moyennes et fortement assises. Vous comprenez que notre idéologie est différente de celle des partis de masses », a déclaré le Président du PL.

Débat à huis clos, impossible de constater les indicateurs de la democratie
Le débat reste malheureusement dans un cercle fermé au sein du forum. Rien ne filtre à l’extérieur pour que le public comprenne que ces partis ne se comportent pas comme des clubs politiques.

« Pour des questions hautement nationales, les débats sont houleux. Pourtant, les décisions qui sont arrêtées semblent pécher par des erreurs commises par certaines parties qui sont plus progressistes. Ainsi, à la question de décider, au sein du Forum, que la souscription annuelle à la mutuelle soit portée à 3 milles francs par individu, le PSD a émis un mémorandum montrant qu’une famille paysanne d’environ 7 enfants et les deux parents aura un problème de rassembler cette somme de 27.000 Frw (42 USD) tout d’un coup, il a proposé le paiement par tranches. L’idée a été longtemps discutée mais elle n’a pas été retenue », dit un observateur qui a suivi de près le déroulement des débats montrant qu’au sein de ce Forum, ce ne sont pas les débats qui y manquent mais que rien ne filtre dans l’opinion publique du moment que ces Partis ne publient pas leurs communiqués à l’issu d’une session de débat pour montrer les positions particulieres de parti sur un sujet débattu.

Appui budgétaire gouvernemental pour les appointements des Représentants légaux des partis

Les activités politiques des partis politiques officiellement agréés sont financées par le budget national ordinaire. On a même vu que les partis politiques qui ont remporté un nombre déterminé de sièges au Parlement rwandais ont un montant important pour continuer leurs activités de propagande politique en temps normal.

Cependant, il n’est pas de bon ton de voir les présidents de ces partis occuper des postes politiques importants.

Une certaine opinion publique souhaiterait de voir les présidents et vice-présidents des partis politiques donner un grand respect à la direction de leurs partis.

Cette opinion recommande que ces représentants légaux et leurs adjoints devraient permettre aux adhérents de représenter leurs partis dans les institutions gouvernementales et que, eux, devraient entièrement s’occuper des stratégies de promotion de leurs partis et qu’ils devraient être entretenus, côté pécuniaire, par les fonds de leurs partis.

Ce n’est qu’ainsi qu’ils s’adonneraient à la promotion et propagande des idéologies rationnelles de leurs partis. Du reste, ce sont ces deux-là qui ne peuvent que briguer les compétitions électorales pour la haute magistrature du pays.


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