La presse congolaise continue à vanter les hauts-faits des FARDC qui ont déversé un déluge de feu sur les M23 avec l’assentiment et le soutien des forces onusiennes armées du Chapitre VII leur permettant l’usage de leurs armes sur les groupes rebelles. Comprend-on pourquoi ces M23 luttaient-ils ?

La question posée par la communauté internationale, celle qui prie Kinshasa de dialoguer avec ses voisins ugandais et rwandais laisse également perplexe la presse kinoise.

« Mr. Russ Feingold (Envoyé Spécial Américain pour la RDC) suscite beaucoup d’interrogation sur ce que lui pense comme voie d’une paix durable dans notre chère région des Grands Lacs. Son approche en est que les pays de la région doivent avoir un dialogue. Cette ouverture de dialogue de ces pays régional aboutira à quoi ? A un Accord Politique ? A un traité régional ? Avec quel agenda ? Sur quel plan ? Avec quel sujet ou ordre du jour ? Toutes ces questions nous laissent penser à un agenda caché dans la région par les USA », écrit Kongo Times du 17 décembre 2013 oubliant que tôt en 1996, ce sont ces gens « à l’agenda caché » qui ont autorisé ces voisins à accompagner les Kabila à Kinshasa et déposer Mobutu qui avait amené le Congo-Zaire à la faillite de l’Etat.

Très influent Russ Feingold, Envoyé américain pour les Grands Lacs

Parfaitement que l’Envoyé Spécial américain comprend qu’on ne lève pas les armées uniquement pour des sentiments altruistes, que cela coûte un budget qui n’est pas des moindres.

A y voir de près, l’ingratitude que Laurent Désiré Kabila a payé à ses parrains rwando ugandais est parfaitement incompréhensible surtout qu’il n’a accordé aucun crédit à ses sujets tutsi congolais rwandophones assez combatifs qui l’ont aidé à se propulser au pouvoir à Kinshasa.

Kongotimes trouve qu’il n’y a aucun différend à régler qui puisse appeler un dialogue pour la simple raison que ces régimes de Kampala et Kigali taisent la question :

« … il y a ouverture de dialogue puisqu’il y a un différend à régler entre les parties en conflit d’intérêt. C’est cela qui conduit à un accord politique ou à un accord cadre politique. Alors les pays de la région des Grands Lacs auraient quel différend à régler ou discuter afin de signer cet accord ? », continue plus loin Kongo Times qui se met dans la peau du politicien de Kinshasa au lieu de voir froidement les choses en face.

Pour dialogue, il devrait y avoir un.
« En 1996, le Rwanda et l’Ouganda étaient menacés sur leurs frontières avec le Zaire qui deviendra la RDC. Laurent Désiré Kabila a été choisi pour son ancien passé de guérilleros et être à la tête de milliers de jeunes congolais essentiellement d’expression rwandophone pour, ne pas éliminer la menace des Interahamwe génocidaires et Forces Gouvernementales rwandaises de feu le Gén. Juvenal Habyarimana à la porte-frontière, mais plutôt éradiquer la cause de la menace, donc le régime de Mobutu qui tolérait une telle indiscipline sur son territoire. En contre partie, Kabila a promis que jamais, sur 300 Km de profondeur dans le Zaire/Congo, à partir de la frontière rwando, ougando et burundo congolaise, aucune menace n’allait se manifester dans l’avenir s’il prenait le pouvoir. Et c’est plutôt le contraire qui s’est constaté », a confié un analyste politique basé à Kigali avant d’ajouter

« Kabila n’a pas uniquement été ingrat envers les deux régimes de Kigali et Kampala qui ont fourni un effort de guerre très conséquent pour le sacre des Kabila, il a trop importuné les jeunes guerriers congolais rwandophones et autres bashi ou bafulero qui l’ont porté à Kinshasa. A ceux-ci, surtout les rwandophones, cette recherche d’une affirmation et d’épanouissement de leur congolité de leur part n’a pas eu lieu. Les rébellions à répétition répondent donc à ces sentiments de frustration venant de part

Les 3 K (Kagame, Kaguta, Kabila) en difficile cohabitation

« Si la Communauté Internationale reconnaît la violation du territoire congolaise et ses frontières, l’intervention sous n’importe quelle forme interpelle cette Communauté Internationale au lieu de mettre la région dans une ambigüité. Ces gens qui sont envoyés comme experts dans les pays d’Afrique souvent nous mettent dans une confusion totale, soit pour leurs intérêts ou soit pour intérêts de leurs patrons ou pays. Si on fait l’analyse, on trouverait que c’est pourquoi les problèmes africains prennent beaucoup du temps pour être réglés car ces experts font des manœuvres dilatoires », rapporte un autre journal congolais en ligne Agora Vox qui ne veut rien comprendre de la succession des guerres du RCD1, RDC2, CNDP puis dernièrement le M23. L’auteur de l’article ne perce pas ce qui se cache derrière ces guerres à répétitions qui, toutes, parce que mal posées se terminent avec des remontrances d’une certaine Communauté internationale intéressée par une situation de ni guerre ni paix dans ce géant congolais.

Mais tout le verbe congolais s’entend. Tôt en 1998, les parrains Museveni et Kagame diabolisé par le presse Kinoise, tout pressés qu’ils étaient par la reprise des affrontements par les forces qui venaient d’être défaites dont les Ex-FAR et milices interahamwe rwandaises côté rwandais et LRA et ADF-Nalu ougandaises côté Uganda, les deux seigneurs de guerre avec la bénédiction de l’Oncle Sam, n’ont pas su négocier sur papier la suite des événements après qu’ils auront accompagné les Kabila à Kinshasa. Ils n’ont pas non plus mesuré la puissance d’autres puissances mondiales dont la France et l’Afrique du Sud qui avaient de gros interets dans ce grand pays, que Kabila allait renouer avec des puissances dont les intérêts étaient contradictoires avec les leurs.

Le plus vieux guéilleros du monde saisit une chance capitaliste de prendre le Pouvoir à Kinshasa et retourne sa veste contre ses parrains américano-rwando ougandais. Un très lourd contentieux.

Les anciens deux seigneurs de guerre régnants n’ont pas su négocier, pour la sécurité de leurs pays respectifs le statut particulier des deux Kivu dans un espace d’une ou de deux décennies garantissant une sécurité absolue mais aussi promouvant les tribus rwandophones dans les structures administratives de ces deux provinces.
Encore moins, n’ont-ils pas non plus négocié de la facture de l’effort de guerre qu’ils ont consenti parcourant les milliers de kilomètres avec des fantassins pour introniser les Kabila. Par contre, ils ont été tournés en ridicules pilleurs de richesses du grand Congo. La chanson a été amplifiée dans la communauté internationale pour qu’ils soient frappés d’opprobre et se taisent.
Tout ceci montre que les deux hommes d’Etat de la région sont vite allés en besogne croyant à la gratitude d’un Laurent Désiré Kabila qui a été pressenti pour une mission présidentielle qu’il avait oubliée depuis belle lurette.

La Communauté internationale aurait-elle, elle aussi, mal apprécié le modus opérandi des troupes qui ont accompagné les Kabila à Kinshasa ? Les intérêts des puissances régionales étaient-ils en contradiction frontale avec ceux de la Communauté internationale ?

La crise de l’Est de la RDC n’est pas finie du moment que les causes restent intactes dussent-elles les forces de la Communauté internationale séjourner dans cet Est durant plusieurs décades.
Ces causes, pour essayer de les oublier, la presse kinoise partisane tente de vilipender des acteurs dans cette crise de la RDC tout en insistant essentiellement sur les erreurs qui jaillissent à la surface.