Un sexagénaire condamné après le témoignage accablant de sa femme

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Le 21 décembre 2011 à 09:18

Un tribunal semi-traditionnel (Gacaca) de Kigali a jugé et condamné à 30 ans de réclusion ce mardi un sexagénaire inculpé de crimes de génocide et crimes contre l’humanité après plusieurs témoignages dont celui, accablant, de sa propre femme.
Célestin Munyakazi, alias Muhutu, 61 ans, « faisait partie de l’équipe de choc de la milice interahamwe » à Gikondo, un quartier de Kigali, selon l’accusation, rapporte l’agence de presse Hirondelle.
« A l’unanimité, le jury a conclu que M. Célestin Munyakazi, malgré (...)

Un tribunal semi-traditionnel (Gacaca) de Kigali a jugé et condamné à 30 ans de réclusion ce mardi un sexagénaire inculpé de crimes de génocide et crimes contre l’humanité après plusieurs témoignages dont celui, accablant, de sa propre femme.

Célestin Munyakazi, alias Muhutu, 61 ans, « faisait partie de l’équipe de choc de la milice interahamwe » à Gikondo, un quartier de Kigali, selon l’accusation, rapporte l’agence de presse Hirondelle. 

« A l’unanimité, le jury a conclu que M. Célestin Munyakazi, malgré sa plaidoirie de non culpabilité, a été un tueur de grand renom et est coupable de crimes de génocide et crimes contre l’humanité, et le condamne à la peine de 30 ans de réclusion », a déclaré le président du tribunal.

Selon le jugement, la responsabilité de Célestin Munyakazi alias Muhutu a été prouvée, au delà de tout doute raisonnable, « dans la mort de 11 enfants, dont 6 tués de sa propre main, d’une femme qui venait de mettre au monde, et dans l’assassinat d’un voisin brulé vif dans sa maison », a conclu le jury, estimant que « sa propre femme a authentifié les faits ».

« Dis la vérité, je t’en prie ! Avoue tes crimes, repens-toi et demande pardon ! Seule la vérité sauve ! », a imploré la femme de l’accusé, au terme d’un témoignage très émouvant.

« Souviens-toi ! Je t’ai dit, ces enfants que tu viens de tuer n’ont-ils pas l’âge des tiens propres ? Tu m’as alors engueulée ! », a ajouté la femme.

Au cours de ces auditions de témoins qui ont duré à peine 5 heures, ce lundi, l’accusé s’est contenté de répéter : « Je n’en sais rien !... Je n’ajoute rien à ce que j’ai dit ! ».

Arrêté en 1997 à son retour d’exil dans l’ex-Zaïre, M. Munyakazi a recouru à plusieurs manœuvres dilatoires pour retarder son procès et vider son dossier, rejetant notamment la responsabilité de la mort des 11 enfants sur un Frère de la Congrégation de la Croix Glorieuse, Jean-Baptiste Sengayire, lui-même menacé mais qui leur avait donné refuge.

Selon le jugement, le condamné dispose de 15 jours pour faire appel. Néanmoins, les procès Gacaca devraient avoir été complètement bouclés le 31 décembre prochain, selon une source du service national des juridictions Gacaca.


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