Un témoin livre un récit accablant dans le procès Kobagaya

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Le 5 mai 2011 à 03:32

Un agriculteur rwandais, Emmanuel Nzabandora, a témoigné mercredi dans le procès de Lazare Kobagaya, dans l’état de Kansas (centre des Etats-Unis). Cet agriculteur affirme que M. Kabagoya a encouragé les tueries contre les Tutsi en 1994. Lazare Kobagoya, agee de 84 ans est accusé d’incitation et de participation au génocide contre les Tutsi en 1994. La justice compte également lui retirer sa nationalité américaine. Il aurait menti pour l’obtenir.
Le témoin, à l’époque des faits (avril 1994), (...)

Un agriculteur rwandais, Emmanuel Nzabandora, a témoigné mercredi dans le procès de Lazare Kobagaya, dans l’état de Kansas (centre des Etats-Unis). Cet agriculteur affirme que M. Kabagoya a encouragé les tueries contre les Tutsi en 1994.
 
Lazare Kobagoya, agee de 84 ans est accusé d’incitation et de participation au génocide contre les Tutsi en 1994. La justice compte également lui retirer sa nationalité américaine. Il aurait menti pour l’obtenir.

Le témoin, à l’époque des faits (avril 1994), travaillait comme sentinelle dans le même village que Kobagaya. Il a donné une description des événements du 15 avril 1994 lorsque le génocide a commencé dans cette région de Birambo, dans l’ancienne préfecture de Kibuye, à l’ouest du Rwanda.

Nzabandora a dit aux jurés que Kobagaya, né au Burundi, était un homme important dans leur communauté. Il assure que Kobagoya a dit à la foule de ne ménager aucun foyer tutsi car selon lui, les Tutsis l’avaient forcé à fuir le Burundi en 1972. Ils n’allaient donc pas le refaire au Rwanda.

« Il a dit que les Tutsis étaient mauvais, que rien de bon ne sortira d’eux », a témoigné Nzabandora par le biais d’un interprète.

Il a également raconté un incident, un certain soir, quand Kobagaya a offert une bouteille de bière à un homme pour ne pas quitter des yeux un Hutu qui avait refusé de bruler les maisons des Tutsi.

Le procureur américain Steven Parker lui a demande si cela voulait dire que Kobagaya encourageait l’homme à tuer. Nzabandora répondit : « c’est cela en fait, sinon il ne lui aurait pas promis une bière ». Le lendemain matin, Kobagaya accompagné d’autres personnes était venu à l’atelier où travaillait Nzabandora pour lui demander de venir avec eux et lui montrer des Tutsi à tuer.

Quand il a refusé, deux des hommes, compagnons de Kobagaya l’ont frappé avec un bâton. Il a témoigné que Kobagaya l’a poignardé à la jambe avec une arme traditionnelle. A la demande du juge, le témoin, face au jury, a montré une cicatrice affirmant que c’était l’œuvre de Kobagaya.

Nzabandora Emmanuel reconnaît qu’à la demande de Kobagaya et ses acolytes, il a tué un homme tutsi en présence de ceux-ci. « C’était un ordre parce que je n’avais rien contre eux (les Tutsi) », a déclaré Nzabandora. « Je n’avais jamais eu de différend avec eux ».

Lui demandant pourquoi il n’a pas dit non, le témoin a répondu que lui aussi serait mort car ces hommes avaient menacé de le faire.

Il a également témoigné sur l’attaque au mont Nyakizu ou des milliers des Tutsi s’étaient refugiés. Des soldats et des gendarmes armés de fusils et d’explosifs ont tiré sur eux. Kobagaya aurait aidé à organiser une partie de chasse pour retrouver les survivants du massacre.

Arrivé au Etats-Unis au milieu des années 1990, Lazare Kobagaya a déposé sa demande de carte de séjour à Wichita en 1997. Il a affirmé aux autorités de l’immigration du Kansas ne pas avoir participé au génocide des Tutsi. Il a déclaré qu’il vivait au Burundi entre 1993 et 1995. Il n’aurait donc pas été au Rwanda pendant le génocide. En 2006, il obtenait la nationalité américaine. Le fils de Kobagaya, André Kandy, a finalement reconnu que son père était au Rwanda pendant le génocide. Mais il y était « en tant que réfugié venu du Burundi », a-t-il précisé selon le Guardian.

Pour le gouvernement américain, l’accusé a participé activement au génocide dans le village de Birambo, dans l’ouest du Rwanda.

Une vingtaine de témoins sont attendus à ce procès que la presse américaine qualifie de premier historique. Il risque 10 ans de prison. Les Etats-Unis comptent le rapatrier au Rwanda pour y purger sa peine si jamais il est reconnu coupable.


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