Par Elvis Nibomari
Elle est jeune de 17 ans, teint clair et détendue. Elle porte une grossesse à peine visible qu’elle n’a pas désirée. Ornella Umwizerwa dit que c’est son « p’tit ami » qui l’a violée et rejetée, une fois enceinte.
A ce moment-là, elle s’était donnée juste sept jours pour mettre fin à ses « mauvais » jours.
« J’étais très désespérée » dit-elle : « Je ne savais pas quoi faire, dans une semaine je devais régler tous mes problèmes, en me suicidant ».
Après plusieurs démarches à la police, elle a finalement frappé à la porte d’Isange Stop Center. Aujourd’hui, elle ne pense plus au suicide. Elle a retrouvé le sourire et surtout l’enthousiasme de raconter son drame avec un air naturel.
Le centre Isange, (« Bienvenue » en Kinyarwanda), est un projet pilote de la police nationale qui vise la lutte contre les violences liées au genre. Sur place, les médecins écoutent, traitent, conseillent et aident les victimes à poursuivre leurs bourreaux.
Le centre est le premier fait concret des efforts politiques en matière de lutte contre les violences liées au genre.
Chaque année, presqu’une centaine de personnes se suicident à cause d’un malentendu.
Selon Umwizerwa, la clé de résistance au suicide se trouve dans la confiance qu’il faut faire aux institutions publiques.
« Malheureusement, dit-elle, la plupart de filles ne veulent pas aller à la police pour dénoncer ce qui s’est passé, cela demande beaucoup de courage et de patience parce que, moi-même, je me suis rendue plusieurs fois à la police ».
En visite au Rwanda pour des formations onusiennes au sujet des violences liées au genre, Randriambelo Ny Aina, commissaire Malgache de la police, fait la même remarque à l’endroit des femmes.
« Nous les femmes avons une responsabilité dans la pérennisation de ces violences, nous n’arrivons pas à facilement dénoncer les bourreaux, c’est dans notre culture ».
Les violences faites aux femmes, bien qu’elles soient une réalité vieille comme le monde, restent un tabou culturel.
Ce tabou, explique Umwizerwa, peut conduire au suicide.
« Il faut parler, faire confiance à la police et surtout, résister à la honte », conseille Umwizerwa dont le cas de son agresseur se trouve toujours sous enquête de la police.
Pour couper court à des arguments domestiques un peu trop divergents, les hommes et les femmes se décident d’en venir souvent aux mains.
Généralement, les femmes et les hommes, soucieux de préserver leur image publique, préfèrent volontairement faire de ces violences un sujet tabou. Ceci risque plus tard de devenir trop difficile à contenir pour certains individus.
Ce tabou renferme le complexe, l’affront, le désespoir et débouche parfois au suicide.
Adolescente, Umwizerwa a frôlé le suicide. Elle y a survécu et mûri. Dans toute cette histoire de viol, aujourd`hui, elle a retenu une leçon qu’elle n’hésite pas à passer aux autres victimes : « Si quelqu’un abuse de toi, ta vie n’est pas finie, va vers les autorités. Raconte-le ! ».
AJOUTER UN COMMENTAIRE
REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Ne vous eloignez pas du sujet de discussion; Les insultes,difamations,publicité et ségregations de tous genres ne sont pas tolerées Si vous souhaitez suivre le cours des discussions en cours fournissez une addresse email valide.
Votre commentaire apparaitra apre`s moderation par l'équipe d' IGIHE.com En cas de non respect d'une ou plusieurs des regles d'utilisation si dessus, le commentaire sera supprimer. Merci!