Opérant au Rwanda durant le génocide, les soldats français de l’opération turquoise sont présumés coupables de viol à l’endroit des femmes rwandaises, C’est une triste histoire qui dure depuis 17 ans.
Après le génocide perpétré contre les Tutsi qui avait emporté un million des vies humaines en 1994, la France s’est trouvée placée au banc des accusés.
Les témoignages de deux rwandaises, publiés mercredi dans le mensuel « Causette », alimentent ce dernier volet : les deux femmes affirment avoir été violées par des militaires français. Sans avoir osé aller en justice, elles corroborent les accusations de trois autres rwandaises qui ont porté plainte en 2004 devant le Tribunal aux armées de Paris.
Le camp de réfugiés de Nyarushishi cristallise la plupart des accusations. Situé dans l’extrême sud-ouest du Rwanda, il était placé en juin 1994 sous la protection des militaires français envoyés dans le cadre de l’opération Turquoise. Mais une des déplacées tutsi qui s’est confiée au magazine « Causette » raconte y avoir été violée à plusieurs reprises par certains de ces hommes censés veiller sur elle. La dernière fois, trois soldats s’en sont pris à elle : « Ils m’ont fait les pires choses, je hurlais pour que quelqu’un m’entende. Quand ils sont partis, j’étais presque morte ».
En 2004, trois rwandaises qui s’étaient présentées devant la justice française faisaient des récits similaires. « Ils rentraient dans les tentes pour prendre des jeunes filles (…) On était violées parfois par plus de dix militaires, avec une telle violence. Comme des animaux », ont-elles raconté récemment au tribunal. Elles vont plus loin dans leurs accusations : selon elles, il s’agissait de viols systématiques et dirigés contre les femmes d’ethnie tutsie. C’est à ce titre que leur avocate, Me Laure Heinich-Luijer, a obtenu que ces viols soient qualifiés de « crimes contre l’humanité ».
Du côté du commandement militaire de l’époque, on réfute totalement avoir eu connaissance de tels actes. « On ne peut pas assurer qu’il n’y ait pas eu des fautes individuelles », admet au quotidien français le Figaro, le général Didier Tauzin qui, à l’époque, en tant que colonel, dirigeait un des régiments envoyés au Rwanda. Quid des accusations de viols collectifs ? « Si collectif, ça signifie deux-trois salopards dans un coin, c’est possible », admet encore le commandant français.
« Mais en aucun cas, assure-t-il, on ne peut parler de viols systémiques », c’est-à-dire organisés ou admis par la hiérarchie militaire française. Quoi qu’il en soit, le général membre de l’association France Turquoise - qui vise à défendre la mémoire et l’honneur des militaires français ayant servi aux Rwanda - souhaite que les plaintes déposées aboutissent pour faire la lumière sur ces accusations : « Il faut que la justice passe ».
Mais l’affaire piétine depuis sept ans, et semble déranger en France. Le directeur de la publication de « Causette » en a fait l’expérience : des piratages informatiques et des mails de menaces à l’encontre des journalistes qui ont enquêté sur ce sujet l’ont poussé mercredi à porter plainte contre l’autorité française.
Sur le plan judiciaire, le parquet a multiplié les appels, avant que les plaintes des trois rwandaises soient finalement jugées recevables. Dans le cadre de l’instruction, le juge Frédéric Digne devait rencontrer les plaignantes en juin dernier. Mais victime d’un ennui de santé, il a dû reporter cette audition. « J’espère qu’elle aura lieu avant la fin de l’année », confie au Figaro Me Heinich-Luijer. Selon elle, le juge Digne a repris son poste la semaine dernière.
A priori, plus rien ne s’oppose donc désormais à ce que les dossiers avancent.
Photo : les militaires français lors de l’opération turquoise au Rwanda en 1994
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