Une guerre des sexes virtuelle sur 100 m

Redigé par Le monde
Le 12 juillet 2014 à 12:15

Capture d’écran du montage vidéo des finales du 100 m masculin et féminin aux championnats US
À quoi ressemblerait une course entre les meilleurs sprinteurs et sprinteuses ? Une intéressante représentation nous est donnée grâce au montage vidéo réalisé par le biomécanicien Iain Hunter de l’Université Brigham Young (Utah) à l’aide du logiciel Dartfish. En synchronisant les finales des 100 m lors championnats des États-Unis remportées vendredi par Michael Rodgers et Tianna Bartoletta en 10.09 et 11.15, face (...)

Capture d’écran du montage vidéo des finales du 100 m masculin et féminin aux championnats US

À quoi ressemblerait une course entre les meilleurs sprinteurs et sprinteuses ? Une intéressante représentation nous est donnée grâce au montage vidéo réalisé par le biomécanicien Iain Hunter de l’Université Brigham Young (Utah) à l’aide du logiciel Dartfish. En synchronisant les finales des 100 m lors championnats des États-Unis remportées vendredi par Michael Rodgers et Tianna Bartoletta en 10.09 et 11.15, face à 2,1 m/s de vent, on peut se rendre compte des écarts qui existent entre les deux sexes.

On observe que la meilleure partante, English Gardner au couloir 3, ferait jeu égal pendant 20 m avec le moins bon partant, Ryan Bailey au couloir 6, lequel finira deuxième de la course masculine. À l’analyse, la différence de temps de réaction au signal de départ est infime : Pour cette course, les hommes ont réagi en moyenne 0 s 167 après le signal, contre 0 s 169 pour les femmes. Une fois lancé, d’une manière générale, les sprinteurs des deux sexes ont en moyenne une fréquence de foulée identique (4,7 pas par seconde) et les hommes se distinguent des femmes par une foulée plus longue, produite principalement par des jambes et une puissance musculaire plus grandes.

Selon la Règle 147 de l’IAAF, « pour toutes les compétitions se déroulant entièrement dans un stade, les épreuves mixtes entre participants hommes et femmes ne seront normalement pas autorisées ». Sauf pour les de courses de 5000 mètres et au-delà quand elles ne font pas partie de compétitions majeures. Carmelita Jeter, la grande absente de ce 100 m des championnats U.S., a ainsi choisi la semaine dernière un petit meeting à San Diego pour pouvoir courir contre des messieurs de son niveau. Revenant de blessures, l’ancienne championne du monde ne préfère pas encore s’aligner contre ses rivales habituelles, et a été chronométré dans le modeste temps de 11 s 32. Elle savait de toute façon que son chrono serait anecdotique en raison de la Règle 260.18 (d) : « Excepté pour les épreuves de concours prévues à la règle 147 aucune performance accomplie par un athlète dans une compétition mixte ne sera prise en considération. »

Mais ce ne fut pas toujours le cas. En 1934, les 11 s 7 de Stanislawa Walasiewicz furent homologués comme record du monde féminin officiel à l’issue d’un duel contre un certain « Monsieur Kwiatowski ». Ironie : il fut découvert lors du décès de la sprinteuse en 1980 qu’elle était une femme hyperandrogyne, présentant une condition rare d’hermaphrodisme. Si les tests de féminité avaient eu cours dans les années 30, Walasiewicz n’aurait pu participer aux courses féminines, ni – casse-tête règlementaire – aux compétitions masculines ! En effet, d’après la Règle 141.4, « un athlète pourra participer aux compétitions masculines s’il est légalement reconnu comme étant de sexe masculin et s’il est éligible selon les Règles et Règlements de l’IAAF »… L’acceptation des courses mixtes ne constitue-t-elle pas la réponse nécessaire aux contradictions que posent depuis toujours les athlètes évoluant aux frontières des genres ?


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