Les Nations Unies avec leur siège à New York est une tribune mondiale. Metro est l’un des média les plus important de la ville New York…Il interviewe Paul Kagame, le Président du Rwanda.
Le Rwanda est accusé par un groupe d’experts onusiens de fomenter une rébellion dans le diamantifère et aurifère Est de la RDC, accusations que rejette Kagame. Dans ce climat d’accusations et contre accusations, le Rwanda est sollicité pour siéger au Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Le dernier mandat du Rwanda au Conseil de Sécurité, c’était en 1994. Entre Avril et Juillet de cette même année-là, durant 100 jours, plus d’un million de Tutsi ont été sauvagement massacrés dans un génocide orchestré par un régime dont le représentant au Conseil de Sécurité a tout fait pour que les regards soient tournés ailleurs.
A peu près 20 ans après, le Rwanda, grand allié des Etats-Unis et d’Israël, convoite encore ce siège au Conseil de Sécurité.
Opportunités et images réconfortantes de la reconstruction d’un Rwanda Post génocide
De nos jours, le Rwanda et son gouvernement sont dirigés par Paul KAGAME qui a commandé des forces de libération du Rwanda et a mis fin au génocide des Tutsi de 1994. Des visiteurs de marque ont élu prédilection pour le Rwanda dont l’ancien Président américain Bill CLINTON, l’ancien Premier ministre britannique Tony BLAIR et le patron de STARBUCKS, Howard SCHULTZ.
Les perspectives pour le Rwanda de gagner le siège au Conseil de Sécurité ne vont pas sans soulever un tollé de critiques. C’est notamment une lumière faite sur son soutien illégal aux mutins des FARDC/Forces Armées Congolaises dans l’Est de la RDC. Kagame nie véhémentement ces accusations. Mais les protestations de sa part n’ont pas dissuadé plusieurs Pays donateurs des aides au Rwanda à les suspendre.
Depuis 1994, avec la fuite des forces génocidaires vers le non Etat de droit qu’est l’Est de la RDC, les relations entre les deux pays Rwanda-RDC, ont pris un coup dur. Dans tous les cas, Kagame insiste sur le fait qu’il n’est pour rien dans la crise qui secoue la RDC. Il s’explique disant ne pas avoir intérêt dans cette crise, qu’une aventure dans cette région serait très coûteuse, sans signification pour ce qui est des interventions étrangères ; bref une aventure qui fait digression dans les efforts de développement du Rwanda décidé de franchir le cap d’un pays le plus pauvre du monde il y a 20 ans pour, actuellement, se distinguer parmi les plus dynamiques en Afrique.
Metro : Au delà de votre état de membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies, un addendum au rapport du groupe des experts onusiens a accusé le Rwanda d’inacceptable ingérence dans l’Est de la RDC, très riche en pierres précieuses ; une région où règnent des milices hors-la-loi, une illégalité dans les businesses profitables, une faillite de contrôle par le Gouvernement de Kinshhasa. Que dites-vous de ces accusations ?
Paul Kagame : Ces accusations ne sont pas fondées. Nos priorités nationales doivent être orientées vers le développement de notre pays, et non par des aventures hasardeuses à l’étranger, en particulier, cette soi disante aventure illégale dans l’Est de la RDC.
L’histoire et l’intérêt national du Rwanda et des citoyens rwandais nous dictent notre orientation nationale. Notre pays a connu des horreurs du génocide il y a 18 ans. Depuis lors, sur base de la politique de l’unité et de la réconciliation, plus d’un million de citoyens ont pu évoluer et dépasser le cap du seuil de pauvreté.
Plus de 90% de Rwandais sont couverts par une assurance maladie. Nous occupons la troisième place en Afrique au palmarès du WORLD BANK DOING BUSINESS comme pays où il est facile de faire ses affaires sous des conditions de corruption minimalisée d’après TRANSPARENCY International. Nous avons établi de très intéressants rapports avec nos partenaires en développement. Nous sommes entrain de tenter une reconstruction des structures de notre société dans une voie où tout citoyen prendra part dans notre avenir.
Metro : Beaucoup de commentateurs, y compris le Group des Experts onusiens sur la RDC, semblent accréditer l’idée selon laquelle il y a les liens historiques et culturels entre les groups de rebelles congolais font que le Rwanda doit inévitablement s’ingérer dans les affaires congolaises. Vous avez travaillé avec ces groupes avant. Vous êtes de même ethnie et parlez la meme langue. Ne trouvez-vous pas à quel point la suspicion est grande ?
Kagame : Il y a une habitude en Occident de regarder l’Afrique dans le prisme erroné et rétrograde du tribalisme et de l’ethnie. Parce qu’il y a des Congolais d’origine rwandaise autant que vous y pointez le doigt, ceux-là qui se sont rebellés contre le Gouvernement congolais, alors les commentateurs sautent là-dessus et font des conclusions comme quoi le Rwanda doit être complice en le soutenant.
Le Rwanda moderne rejette ces stéréotypes de pensées primitivistes. Nous brandissons notre identité nationale de rwandais et nous continuerons à faire prévaloir nos intérêts nationaux sans considération ni liens avec des événements qui se déroulent dans les pays limitrophes ni les soi-disant affiliations tribales.
Le nouveau Rwanda est entrain de construire une économie orientée vers la prospérité et les opportunités pour nos citoyens et basées sur un solide secteur privé. Les aventures extérieures nous coûteraient cher et seraient des digressions contre productives dans notre souci de solutions adéquates aux défis auxquels nous faisons face.
Tout simplement nous ne pouvons pas soutenir une rébellion opérant hors de nos frontières. Le people rwandais sur qui une épée a été suspendu sur son cou durant plus de 50 ans sait maintenant la valeur de la paix, moi y compris.
Metro : Rwanda est dans le collimateur des organisations de lute pour les droits humains pour son appui supposé aux M23 tout autant que son comportement négatif vis-à-vis de libertés politiques et liberté de la presse. Votre réponse à propos de ces critiques ?
Kagame : Ça c’est un mythe qui persiste. Le Rwanda est le leader de la region en matière de traque du commerce illégal de minerais. Nous avons mis sur pied un processus fonctionnel de certification des minerais.
Le commerce est régi par des lois. Récemment, nous avons remis à la RDC 80 tonnes de minerais qui étaient entrés illégalement au Rwanda. Notre position géographique nous oblige que nos intérêts économiques soient mieux sauvegardés par une RDC stable et prospère car, dans ces conditions, le Rwanda pourrait bénéficier largement d’un commerce et transit vers l’export des minerais congolais.Pour ce faire, le Rwanda soutient l’établissement de la dite ‘‘Force Neutre’’ qui a été décidée entre les Onze pays membres de la Conférence Internationale sur le Région des Grands Lacs Africains. Ceci est une solution locale pour un problème de frontières dans la région.
Metro : The New York Times a cité un rapport des Organisations de défense des droits humains qui vous accuse de diriger un régime répressif. Comment réagissez-vous à ce propos ?
Kagame : Elles parlent principalement des lois relatives à l’idéologie du génocide que je défends avec satisfaction. Les Rwandais ne toléreront pas un discours qui promeut le retour au divisionnisme ethnique ; un divisionnisme qui a occasionné le génocide il y a 18 ans. A cet effet, nous traçons des limites sur la liberté d’expression dans une voie similaire à la situation de l’Europe au sortir de l’holocauste juif où elle a voté une loi réprimant la négation du génocide juif.
A part cela, le Rwanda est un pays très libre et ouvert. La clé de notre récupération pour reconstruire une nation procède par une série de politiques pensées intrinsèquement et centrées sur le citoyen. L’idée largement reprise selon laquelle le Rwanda est géré de façon musclée et centralisée est en contradiction avec des réalités locales vécues par le fait que les citoyens dans leurs communautés ont une parole décisive sur comment organiser et réaliser les activités de la Communauté.
Nous sommes tenus par un contrat de responsabilité en toute transparence et les Rwandais sont entrain de s’adapter eux-mêmes aux potentialités de développement offertes par l’économie de l’ère actuelle du numérique. Beaucoup de radotages à propos de ce régime répressif sont le résultat d’un discours stéréotypé d’un autre âge quand il est question de l’Afrique.
Metro : Rwanda a été décrit comme l’“Israël d’Afrique”. Quelles similarités trouvez-vous entre les deux ? Et quelles leçons pouvez-vous dégager d’Israël, surtout dans ses relations avec les Nations Unies ?
Kagame : Comme Israël, nous vivons dans un environnement voisin difficile. Nous tenons à notre sécurité nationale comme vitale pour notre progrès économique et social. Notre sentiment national a été forgé dans la tragédie impensable qui a frappé notre pays. Nous sommes également dans la ligne de mire des critiques qui attaquent en profondeur notre légitimité fondamentale ou même notre inaliénable droit d’exister.
Israël et le Rwanda jouent, tous les deux, un rôle actif dans les organisations internationales y compris l’ONU. Mais je pense que nos expériences respectives dans leur genre en tant que nations ont été moulées par l’atmosphère pleine de féroces animosités dans laquelle nos indépendances ont eu lieu et nous tenons à ne pas renoncer à nos responsabilités.
Traduit par Jovin NDAYISHIMIYE
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