Blême de rage. Barack Obama était là, raide, crispé, lancé dans un long monologue, sans prompteur, lâchant ce qu’il avait sur le cœur. A ses côtés, les parents des 20 enfants massacrés à l’école de Newton. Tous pensaient que l’heure était venue. Qu’il était temps de réglementer l’achat d’armes aux Etats-Unis. Et tous y croyaient. Oh il ne s’agissait pas d’interdire les armes ou d’exiger un permis de port systématique et sévère comme en France ! Non, simplement quelques mesures de bon sens.

Le président américain Barack Obama avec les familles des victimes de la tuerie d’Aurora. Jewel Samad/AFP
Lesquelles ? Que pour acheter une arme sur Internet, on doive s’identifier et donner quelques informations vérifiables par les autorités. Informations qui seraient immédiatement effacées pour ne pas créer un fichier. Que l’on interdise aux déséquilibrés, aux braqueurs ou assassins déjà condamnés d’acheter à nouveau une arme. Rien de dictatorial quand même. Juste un peu de bon sens. Et bien non. Le texte n’est pas passé : 54 pour ; 46 contre (nécessite 60 voix pour que le texte soit adopté).
La voix tremblante de colère de Barack Obama
Dans ce vote, 4 sénateurs démocrates ont fait faute au Président. Quatre hommes de son camp politique. Des élus qui se targuent de défendre les valeurs d’une Amérique plus tolérante, plus ouverte, plus solidaire, plus juste, plus humaine. Quatre hommes qui ont avalé leur carte du Parti démocrate et qui ont voté non.
Obama leur en veut, mais pas qu’à eux. La voix tremblante de colère, il pointe du doigt les lobbies qui font peur aux élus. La NRA, le puissantissime lobby pro-arme qui a envoyé ses sbires regarder les sénateurs dans les yeux en leur disant : "Si vous votez pour, on dépensera des millions pendant la prochaine campagne pour avoir votre peau et vous ne serez pas réélus". Et certains ont plié.
Les lobbies, le Sénat qui empêchent une réforme voulue par 90 % des Américains. La Maison blanche avait sondé l’opinion, longuement, consciente que sur un sujet aussi délicat il fallait évaluer les limites à ne pas dépasser. "90% pour, une mesure de bon sens Monsieur le Président", disaient ses conseillers. Et bien non.
"Un jour de honte pour Washington"
Là, dans la roseraie de la Maison blanche, Obama lâche : "La volonté de 90% des Américains barrée par une minorité. C’est un jour de honte pour Washington !". Et il tourne les talons, prenant les parents des enfants tués à Newton par les épaules, comme un animal blessé.
Obama, pourtant garant des institutions américaines, l’a dit ce 18 avril 2013. Parfois, ces institutions le dégoutent. L’impuissance à laquelle lui, l’homme soi-disant le plus puissant du monde est réduit le rend fou de rage. Ce qu’Obama a dit à son pays, c’est que quelque chose ne fonctionne plus dans la démocratie américaine…
Par Olivier Ravanello | Le Monde selon Ravanello
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