Selon le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon, la société française Spanghero a sciemment commercialisé de la viande de cheval destinée à des préparations culinaires sous l’étiquetage "viande de boeuf".
Le gouvernement a demandé la suspension de l’agrément de la société et assure que ses dirigeants seront traduits en justice si la tromperie est avérée.

Photo prise le 14 février 2013/REUTERS/Jean-Philippe Arles
Des élus de l’Aude et les cadres de l’entreprise française Spanghero S.A, mise en cause dans le scandale de la viande de cheval en Europe ont accusé vendredi le gouvernement de condamner à mort les 300 salariés et leurs familles.
Accusée par trois ministres de tromperie pour avoir étiqueté comme du boeuf destinée à des plats préparés ce qui était de la viande de cheval, l’usine de Castelnaudary (Aude) s’est vu retirer provisoirement l’agrément qui lui permet de traiter la viande, mais ses dirigeants plaident toujours la bonne foi.
Le préfet de l’Aude, Eric Freyssdelinard, a rappelé que cette suspension serait levée totalement ou partiellement dès que l’enquête sanitaire en cours aura permis "de lever tout doute quant à la sécurité des consommateurs". Il a précisé que les salariés étaient pour l’instant en congé et qu’il envisageait le recours au chômage partiel ultérieurement.

LE CIRCUIT DE LA VIANDE DE CHEVAL
Le patron de Spanghero, Barthélémy Aguerre, a démenti vendredi toute tromperie délibérée, affirmant que les codes douaniers signalant le type de viande - 205 pour le cheval - n’étaient pas utilisés par la profession.
"J’ai été trompé", a-t-il dit lors d’une conférence de presse au cours de la laquelle il a répété qu’à son avis, la responsabilité était "en amont", avant l’arrivée de la viande à l’usine. "La magouille vient d’ailleurs", a-t-il dit.
Il a dit son espoir que les contrôleurs et la brigade vétérinaire dépêchée sur place par le gouvernement parviendraient à démontrer d’ici lundi l’innocence de la société, avant qu’elle ne perde tous ses clients.
"LES CLIENTS SE SONT RETIRÉS"
Le maire de Castelnaudary, Patrick Maugard (PS), a annoncé pour sa part qu’il rencontrerait dès mardi les ministres de la Consommation et de l’Agriculture, Benoît Hamon et Stéphane Le Foll, avec l’ensemble des parlementaires de l’Aude.
"Nous allons faire le point sur cette affaire, afin d’obtenir au plus vite la levée de la suspension", a-t-il dit à la presse, précisant qu’il proposerait de "cloisonner les segments d’activité".
"Là, nous sommes sur la filière viande, mais il y a d’autres segments dans l’entreprise et il y a peut-être possibilité d’obtenir la continuité de l’entreprise sur d’autres segments", a-t-il précisé.
Tant les dirigeants de l’entreprise que les salariés se mobilisent contre la précipitation, à leurs yeux, du gouvernement, qui affirme pourtant disposer d’éléments probants.
"Dès l’annonce de la suspension des agréments sanitaires, tous nos clients, qui jusqu’à ce jour nous faisaient totalement confiance, se sont retirés", a dit Christophe Giry, directeur commercial et du marketing, au nom des salariés.
"Ce verdict décidé par les ministres (Benoît) Hamon et (Stéphane) Le Foll condamne à mort 300 familles, sans compter nos partenaires".
Le ministre délégué à la Consommation, Benoît Hamon, a réaffirmé sur Europe 1 que suffisamment d’éléments avaient été réunis contre la société soupçonnée d’avoir vendu de la viande de cheval pour du boeuf, afin de prouver "a minima de très grosses négligences".
Il a toutefois ajouté que l’entreprise française, maillon d’un carrousel européen de viande, n’était probablement pas la seule responsable et a évoqué "le volet néerlandais".
La viande de cheval retrouvée dans des préparations culinaires censément à base de boeuf était d’origine roumaine et avait transité par un trader chypriote, puis néerlandais, avant d’être redirigée par Spanghero vers la filiale luxembourgeoise du français Comigel, sous-traitant de Findus et de "marques distributeur" de plusieurs enseignes de grande distribution en Europe.
LES SPANGHERO VEULENT SAUVER LES EMPLOIS
Comigel, qui avait décidé du retrait des produits surgelés suspects, a affirmé jeudi que la tromperie était indétectable à son niveau, ce que les enquêteurs mettent en doute.
Dans la matinée, Barthélémy Aguerre, premier vice-président de la coopérative basque Lur Berri, qui détient 90% du capital de Spanghero depuis 2009 et deux autres filiales (Arcadie et Labeyrie), assurait avoir la preuve de son innocence.
Benoît Hamon avait déclaré jeudi qu’il n’y avait pas de raison de douter de la bonne foi de la société roumaine qui a fourni la viande de cheval, correctement étiquetée selon lui.
L’entreprise Spanghero, qui précise dans ses communiqués employer 331 personnes, a été fondée en 1970 par les anciens rugbymen Claude et Laurent Spanghero, frères de l’international Walter Spanghero, et qui n’ont plus de liens avec la société.
Laurent Spanghero a fait valoir le péril que cette affaire représentait pour les salariés de l’entreprise, revendue il y a quatre ans pour un franc symbolique pour préserver les emplois.
"C’est le chômage à perpétuité qui se profile", a-t-il estimé sur RTL. "Pour nous, le déshonneur est déjà fait", mais "aujourd’hui, il faut absolument qu’on fasse tout pour sauver ces emplois".
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