Le quotidien de Madrid El País salue la démission de Jérôme Cahuzac, mercredi 19 mars. Et regrette que les hommes politiques espagnols ignorent le mot "démissionner".

Jérôme Cahuzac à l’Assemblée Nationale, le 19 mars 2013, la veille de sa démission - AFP
Un poids lourd du gouvernement, Jerôme Cahuzac, vient de démissionner du ministère du Budget après une enquête du parquet sur un compte qu’il est supposé avoir détenu en Suisse puis transféré à Singapour - compte alimenté par l’industrie pharmaceutique (Cahuzac est à l’origine chirurgien) selon les révélations initiales du site Médiapart.
L’intéressé n’a pas encore été mis en examen mais le chef de l’Etat François Hollande l’a exclu du gouvernement, en présentant son départ comme une démission, malgré les dénégations du ministre.
Il ne s’agit pas de savoir s’il est ou non coupable, mais d’éviter un plus grand affaiblissement politique en cas de mise en examen du ministre ou d’apparition de nouveaux éléments.
Le même pragmatisme a été appliqué par la Commission européenne, dont un des membres, le Maltais John Dallie, a démissionné après des accusations de fraude.
Et la même attitude a conduit à la démission de deux ministres d’Angela Merkel soupçonnés de plagiat pour leur thèse de doctorat. Le président de la République fédérale lui-même, Christian Wulff, un protégé de Merkel, a dû renoncer à sa charge après un scandale de corruption.
Ils n’étaient ni condamnés par la justice, ni en cours de procès lors de leur démission. Mais les hommes politiques qui respectent la démocratie n’ont pas à subir de dommages prolongés ni à entraîner leur parti dans le discrédit en "jurant leurs grands dieux", comme c’est le cas en Espagne où l’on défend bec et ongles ses amis ou ses compagnons politiques.
Ceux-ci demeurent exposés à la vindicte publique, tandis que les dirigeants ou les partis essuient les dégâts que provoque nécessairement une telle situation. Et tout cela parce qu’on refuse d’introduire dans la culture politique l’idée que démissionner n’est ni un aveu ni une présomption de culpabilité.
C’est ce que les leaders politiques espagnols n’arrivent pas à comprendre. Ils préfèrent faire le dos rond plutôt que de reconnaître la possibilité de comportements fautifs, quoi qu’il en coûte au système démocratique lui-même.
Les politiques démissionnent en français, en anglais, en allemand ; mais pas en castillan, ni en catalan. Cela ne peut vraiment plus durer.
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