Sanctionner la Corée du Nord, toujours plus repliée sur elle-même, ne sert pas à grand chose, écrit un journaliste russe. Il faut intégrer la péninsule dans la communauté internationale par le biais de grands projets économiques.

"C’est juste un garçon." "Les garçons seront toujours des garçons, etc." Dessin de Danziger, Etats-Unis. "C’est juste un garçon." "Les garçons seront toujours des garçons, etc." Dessin de Danziger, Etats-Unis.
Voilà que résonnent de nouvelles déclarations belliqueuses en provenance de la péninsule coréenne. Certes, la rhétorique particulière de Pyongyang, qui menace régulièrement de transformer le territoire des "pantins" qui l’entourent en un "océan de feu", ne surprend plus grand monde.
Mais cette fois, les menaces adressées à Séoul se sont accompagnées de promesses de frappes sur des cibles américaines, ce qui a conféré à la "discussion" un degré de tension supérieur.
Toutefois, Washington se rend bien compte qu’avec ses déclarations, la Corée du Nord ne cherche pas tant à effrayer qu’à dissuader. Contrairement à l’Iran, qui affiche de grandes ambitions, la Corée du Nord est en permanence sur la défensive en usant d’agressivité.
Le juche [nom de l’idéologie nord-coréenne] a un seul objectif, véritablement vital, qui est de s’assurer que personne ne le touche. Alors que les interventions contre des "pays voyous" se multiplient, avoir une réputation de "fou furieux" confère des chances de survie. Et les dirigeants nord-coréens ne ménagent pas leurs efforts pour entretenir leur image de dangereux déséquilibrés, du style : "si vous approchez, je ne réponds plus de rien"...
Pyongyang exaspère même ses partenaires
On a vu avec Saddam Hussein que bluffer ne menait pas loin. La Corée du Nord s’est donc saignée aux quatre veines pour mettre en place un programme nucléaire et se doter de missiles, et elle a réussi.
L’existence d’un arsenal permettant des frappes nucléaires, aussi réduit et rudimentaire soit-il, rend le coût d’une intervention extérieure démesuré.
Pour autant, la situation reste susceptible d’échapper à tout contrôle. Quand on choisit comme tactique de dissuader ses voisins en mettant en avant son irrationalité, on se condamne à la surenchère perpétuelle, afin de rester crédible, de ne pas être traité comme un vulgaire affabulateur.
Ainsi, au bout du compte, on risque de se voir contraint de mettre ses menaces à exécution pour éviter de perdre la face et prouver qu’on ne faisait pas semblant.
Cette logique est assez pernicieuse, d’autant que la Corée du Nord exaspère maintenant tout le monde, y compris la Chine, son principal partenaire et bailleur de fonds.
Cette dernière ne cache plus son irritation face aux gesticulations de la dynastie des Kim qui fournissent aux Etats-Unis d’excellentes raisons d’intensifier leur présence militaire dans la région.
Comment influencer la Corée du Nord ?
Le problème, c’est que personne ne sait comment exercer une influence sur la Corée du Nord. Impossible de la soumettre à des sanctions, car celles-ci ne sauraient modifier la politique d’un pays qui s’inflige des sanctions de lui-même en cultivant son isolationnisme et son système autarcique.
Les exercices militaires de grande ampleur menés actuellement par les Etats-Unis et la Corée du Sud ont été le prétexte de la dernière escalade en date.
Pyongyang a menacé de fermer la zone industrielle spéciale de Kaesong [ce qu’il a effectivement fini par faire le 3 avril] où des travailleurs nord-coréens, sous la direction de spécialistes du Sud, fabriquent des produits destinés à l’exportation.
Pour la Corée du Nord, cela constitue une importante source de devises, et normalement, en cas de dissensions, c’est à la Corée du Sud qui serait censée menacer de cesser cette coopération.
Or, c’est le contraire qui s’est produit. Pyongyang montre par là qu’il est prêt à tous les sacrifices.
Bien sûr, si tout le monde s’entendait sur un boycott total de la Corée du Nord, une isolation complète avec la coupure de toutes les liaisons, opérations commerciales et aide humanitaire, cela pourrait avoir un impact. Mais cela est hautement improbable.
Tout d’abord, la Chine a beau être atterrée par les excès de sa voisine, elle préfère le statut quo actuel à n’importe quelle autre situation.
Ensuite, une catastrophe humanitaire qui dévasterait le pays si les aides étaient coupées obligerait de toute façon le monde civilisé à venir à la rescousse. Enfin, si Pyongyang se sentait acculé, cela pourrait le pousser à un geste désespéré.
Psychologie de la forteresse assiégée
La position russe sur la solution à apporter est la même depuis longtemps : rien ne sert de faire pression sur la Corée du Nord, la seule issue à cette impasse consiste à sociabiliser le pays, en l’attirant doucement vers une intégration à la communauté internationale.
Moscou comprend sans doute mieux que quiconque la lourdeur de la tâche - la psychologie du régime nord-coréen est celle de la forteresse assiégée, et les dirigeants ne font confiance à personne.
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