L’exhumation du corps du leader palestinien s’est déroulé mardi 27 novembre à Ramallah, en Cisjordanie. Des experts internationaux ont effectué des prélèvements qui seront analysés pour rechercher des traces de Polonium 210. Mais n’est-ce pas trop tard ?
RADIOACTIVITE.
C’est un poison au moins 250.000 fois plus puissant que le cyanure qui aurait pu causer la mort de Yasser Arafat en novembre 2004. Le polonium 210, un émetteur de particules alpha à quasiment 100%, a une radioactivité jusqu’à 10.000 fois supérieure à celle d’autres éléments radioactifs. Quelques microgrammes suffisent à tuer un homme. Pourtant, même s’il s’avère que le leader palestinien a bien été empoisonné, trouver des traces du Polonium 210 après huit ans sera difficile.
Le Polonium attaque des organes tels le foie, la rate et l’estomac, mais aussi la moelle osseuse, qui produit les globules blancs, acteurs du système immunitaire. Or, depuis 2004, les organes auront disparu. Il ne restera du corps d’Arafat que les os et des résidus de moelle, ce qui va limiter les recherches.

Photo de Damien Hypolite pour Sciences et Avenir
Cependant, lorsqu’un corps est contaminé au polonium, la moitié de la radioactivité est concentrée sur le squelette. Autre paramètre, cette radioactivité baisse de 50% toutes les périodes de 138,4 jours. « Mais la vitesse d’élimination du polonium par l’organisme est beaucoup plus lente, et c’est pour cela que l’on peut en retrouver » note Jean-René Jourdain, radiobiologiste à la direction de la protection de l’homme de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN).
CALCUL.
Un lieu commun scientifique veut qu’après dix périodes de 138,4 jours, la dose de radioactivité est trop infime pour être mesurée. « Ce n’est pas tout à fait exact car cela dépend de la quantité de polonium qui aura été administrée à l’origine », estime Jean-René Jourdain.
Le radiobiologiste s’est d’ailleurs livré à un calcul théorique, à partir d’une dose (mortelle) de dix microgrammes. La radioactivité en serait de 1660 millions de becquerels.
« Après huit ans, il resterait 1660 becquerels dans le corps entier, mais comme il ne resterait que les os, en gros, on retrouverait 800 becquerels dans le squelette. »
Largement suffisant : la limite de détection est de 1 becquerel par kilogramme d’un corps sec, et 10 millibecquerels dans les liquides.

Photo de Damien Hypolite pour Sciences et Avenir
TABAC.
L’opération risque quand même de se heurter à d’autres problèmes. Peu de laboratoires sont capables de mener des recherches de bas niveau (l’IRSN, le Service de Protection Radiologique des Armées). Et elles prendront du temps. « Il faut extraire un échantillon, le concentrer, ce qui prend déjà plusieurs semaines, continue Jean-René Jourdain. Et comme le niveau de radioactivité sera faible, il faut encore plusieurs semaines pour la mesurer. Et enfin, être sûr que le polonium 210 que l’on aura retrouvé a bien été administré intentionnellement et n’était pas déjà présent, notamment à l’état naturel. »
Les fumeurs sont souvent contaminés au polonium 210, contenu dans les engrais qui servent à faire pousser le tabac…
Au final, si les enquêteurs trouvent bien du polonium dans le corps de Yasser Arafat, il ne faudra pas s’attendre à des résultats avant deux ou trois mois.
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